« Construire Un Encadrement Durable »

8 mars 2009

Fréquentation plus qu’honorable mais salle un peu atone lors de la sixième réunion des vendanges du SGV Cognac. La viticulture charentaise retient-elle son souffle avant le grand changement ou ses affaires l’occupent-elle au point de perdre de vue le collectif au bénéfice de l’individuel ? Le président du SGV maintien le cap dans sa volonté de « construire un encadrement durable ».
svg_cognac.jpg« Les viticulteurs sont satisfaits d’une QNV contenue à 8,35 et nous avons la chance que le Cognac se porte mieux. » C’est à partir de cette plate-forme minimaliste qu’un viticulteur, pourtant engagé syndicalement, résumait l’ambiance du jour au sortir de la réunion des vendanges. Un autre se montrait plus précis, et plus critique aussi. « Ce que je pense de l’atmosphère générale ? Elle est assez plate, comme si nous n’avions plus grand-chose à demander. En fait, je crois que l’on ne sait pas exactement où l’on va. Le Cognac marche bien, en tout cas les volumes sont au rendez-vous, les prix restent en retard et les verra-t-on un jour remonter ? J’ai l’impression que notre région, comme beaucoup d’autres régions viticoles peut-être, devient de plus en plus productrice de matière première. Qu’on le veuille ou non, on joue dans la même cour que les Whiskies, dont le prix de revient de la matière première est de 10 à 20 fois inférieur au nôtre. Le seul problème, c’est que, nous, nous avons des charges de main-d’œuvre incompressibles. La mécanisation a une fin et côté travail, le viticulteur fait déjà suffisamment d’heures pour ne pas pouvoir compresser davantage ses prix. Les choses se mettront en ordre par force. Les normes environnementales et autres contraintes vont se charger d’éclaircir les rangs. Au niveau syndical, je ne sais pas s’il existe d’autre stratégie que celle de l’affectation. Une page se tourne sans que je sois vraiment sûr que l’on est maîtrisé tous les tenants et les aboutissants de la réforme. Nous sommes plus en position de subir que de proposer. Le Plan Zonta a le mérite d’exister. Il ne me semble pas contraire au sens de l’histoire. Par contre la viticulture charentaise ne gagnera pas mieux sa vie. Pour moi c’est fini, le rêve se circonscrit. Il faut essayer de tirer au mieux son épingle du jeu. C’est un peu comme avec la réforme de la PAC de 1992. Je crois encore à mon métier mais il va changer. Il y aura ceux qui exploreront les petits créneaux et les autres qui deviendront de plus en plus des producteurs de matière première, en bossant dur dans les deux cas. Je le vois comme ça. »

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« Action prix : pas négative, seulement insuffisante ».

Après l’intervention des ingénieurs de la Station viticole du BNIC pour la délivrance des derniers conseils de pré-vendanges, le président du SGV Cognac, J.-B. de Larquier, est revenu sur ce qui constitue, à ses yeux, les fondamentaux du syndicat. « Nous devons construire, a-t-il dit, un encadrement durable qui permette d’assurer les meilleurs équilibres possibles, en vue de l’évolution positive de l’ensemble de la filière Cognac, tant en volume qu’en valeur. L’objectif poursuivi consiste notamment à faire évoluer le revenu de la viticulture, élément indispensable à une construction pérenne. » L’an passé à même époque, le SGV faisait de l’action prix le thème central de la mobilisation syndicale. Qu’en est-il douze mois après ? J.-B. de Larquier n’a pas annoncé de victoires spectaculaires mais une démarche en profondeur. « Nous avons rencontré les plus gros opérateurs car il est évident que ce sont eux qui donnent le ton, même pour les achats des plus petits. Cette initiative nous a permis d’obtenir des évolutions positives, tant en terme de clarté des relations que d’aménagements techniques (enlèvements, financement). Cette action n’a donc pas été négative mais seulement insuffisante. » A cet égard, J.-B. de Larquier n’a pas manqué de lancer un appel à l’engagement syndical : « Nous avons besoin de votre soutien. Mais j’ai confiance. L’édifice grandit. » Il a confirmé l’attitude constructive du syndicat face au négoce. « Nous avons démontré notre ferme volonté d’alimenter le marché et nous avons de bonnes raisons de croire en la responsabilité de nos partenaires. Nous refusons d’envisager leur volonté de casser un processus d’évolution durable, qui nous contraindrait à revoir nos positions. »

l’urgence de l’affectation

En ce qui concerne les chantiers en cours, le président du SGV Cognac a redit le soutien du syndicat au projet d’affectation. « Vous savez que dans un souci de construction durable, votre syndicat dit depuis longtemps qu’il y a urgence à y entrer. Plus nous traînerons, plus nous risquerons de perdre des marchés qui nous sont propres. » J.-B. de Larquier a exprimé ses convictions, sans ménagement. « L’évolution des besoins du Cognac amène aujourd’hui un certain nombre de personnes avides de gains immédiats à militer contre l’affectation, à prétendre qu’elle est inutile. Je tiens à leur dire qu’ils sont irresponsables, car c’est le seul système qui permette aujourd’hui de pallier la disparition de l’article 28 qui encadrait la QNV Cognac et les excédents qui en découlaient. Si, par malheur, ces personnes arrivaient à leur fin, je ne me priverais pas de leur rappeler en temps utile leurs responsabilités. Peu de viticulteurs souhaitent revivre l’épisode des années 89 et 90. »

Après avoir évoqué le dossier de l’ODG (Organisme de défense et de gestion), le président du syndicat a chaleureusement remercié Benoît Stenne au nom de tous les viticulteurs présents. « Benoît nous quitte pour rejoindre l’équipe du SGV Champagne afin de continuer sa carrière. Remercions-le pour sa très forte implication, son dévouement. Il va laisser un vide car il était d’un contact tellement facile. Personne n’hésitait à l’appeler. Il incarnait une image forte du syndicat. Merci encore Benoît et bonne route en attendant de te retrouver ailleurs. Le syndicat continue bien sûr son chemin. Benoît aura un successeur dans les mois à venir. L’équipe administrative va s’étoffer d’un nouveau juriste en charge de l’animation syndicale et de la résolution des problématiques des adhérents. Il aura notamment pour mission d’apporter plus de services aux adhérents. » En encourageant les viticulteurs à adhérer au syndicat, il leur a souhaité « bienvenue dans la famille de l’avenir ».

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