Salon Vinitech – Sifel : L’union du vin et des pommes

26 novembre 2010

Le monde du raisin fraternise avec celui des fruits et légumes. Le Sifel, le Salon des fruits et légumes, ancré à Agen depuis 30 ans, rejoint Vinitech. C’est l’événement de l’édition 2010. Les deux salons regroupent leurs forces mais les filières conservent leurs identités. A Vinitech, les halls 1 et 3 seront consacrés au monde viticole, vinicole ainsi qu’au conditionnement et au pôle services. Au Sifel revient le hall 2. En tout, le salon rassemble plus de mille fournisseurs, constructeurs et fabricants, sur une surface totale de 85 000 m2 (60 000 m2 pour Vinitech et 12 000 m2 pour le Sifel). Le salon se tient à Bordeaux-Lac du 30 novembre au 2 décembre 2010. Sont attendus 50 000 visiteurs. En 2008, ils avaient été près de 40 000 à fouler ses travées, dont 15 % d’étrangers.

L’union du « vin et des pommes » risque-t-elle de ressembler au mariage « de la carpe et du lapin » ? A priori non. Les deux salons présentent une organisation cloisonnée, avec une partie commune bien identifiée (hall 1, travée 2) dédiée « à la synergie entre les deux filières ». Au crédit du rapprochement, on peut inscrire le grand retour des tractoristes et des fournisseurs de pulvé, attirés par l’important marché de l’arboriculture. Massez Ferguson, absent en 2008, sera présent. L’édition 2010 signe également le retour de tous les constructeurs de machine à vendanger – les Grégoire, New Holland, Pellenc, Alma – seuls ou sous couvert de leurs distributeurs régionaux. Ils avaient plus ou moins boycotté la manifestation en 2006 et 2008. Et un Vinitech sans ses machines à vendanger, c’est un peu comme un jour sans soleil, un magret sans son Bordeaux, un Cognac Summit sans sa fine pelure de concombre…

Trêve de plaisanterie. Les équipementiers de la viticulture (et de la filière fruits et légumes) ouvrent grand leurs porte-monnaie pour participer à un salon comme Vinitech. Non seulement le prix du stand est élevé mais s’y ajoutent tous les frais d’approche et d’installation du matériel. C’est un gros budget, de plusieurs milliers d’euros. Est-il payé de retour ? La plupart des exposants disent « ne pas se poser la question ». Pour eux, le salon est incontournable. « Y être ne rapporte pas forcément beaucoup mais ne pas y être, c’est louper quelque chose. »

En fait les entreprises ont le sentiment d’être « attendues », et par leurs clients et « au tournant ». « Ne pas y participer pourrait nous porter un certain préjudice commercial, en alimentant des inquiétudes. » D’autres se montrent beaucoup plus positifs. Tel ce constructeur « multi-vignobles », à la tête d’une grosse entreprise vinicole : « Ce salon est très important pour nous. C’est “le” salon viticole par excellence. Nous sommes au plus près de nos clients. Nous pouvons les voir dans un laps de temps très court et mettre en avant les innovations de la société. » Quant à ce spécialiste des produits alternatifs à la barrique, il identifie Vinitech et plus généralement Bordeaux comme « la plaque tournante pour faire le point des dernières technologies, des dernières tendances ». Ne compare-t-il pas le salon à un véritable « pèlerinage », lui qui fréquente d’autres salons d’œnologie un peu partout dans le monde, à Santiago (du Chili), Sacramento (Californie), Mendoza (Argentine).

Car, contrairement à ce que l’on pourrait croire vu du Sud-Ouest, Vinitech n’est pas seul dans sa catégorie. A l’indéboulonnable Sitevi de Montpellier s’ajoute le Sival d’Angers, le VIITeff d’Epernay, le Simei de Milan ou encore Intervitis, salon itinérant qui se « balade » entre Stuttgart en Allemagne, la Moldavie, la Russie. Reste que Vinitech exerce une sorte de leadership dans le périmètre viti-vinicole.

Mais il n’y a pas que le matériel à Vinitech. Le salon est aussi riche de conférences, colloques et autre « forum des idées ». A chaque édition, un public plus nombreux se déplace pour se frotter aux thématiques du moment. Cette année, les conférences porteront sur la réforme des AOC, la viticulture et le changement climatique, la transmission des exploitations, l’alternative au désherbage… Et comme l’on est jamais aussi bien servi que par soi-même, citons les deux conférences organisées par Le Paysan Vigneron, l’une technique et l’autre économique : la distillation d’un côté et la fiscalité de l’autre (voir page 17). Compte tenu de la qualité des intervenants (Station viticole du BNIC, fabricants d’alambic, maisons de négoce, cabinet d’expertise comptable PriceWaterhouseCoopers de Cognac), nous ne pouvons que vous encourager à venir nombreux. Par ailleurs, le journal a, comme toujours, un stand à Vinitech : stand 1403, hall 1, allée A. Nous vous y accueillerons avec plaisir. Vous pourrez également participer sur le stand à notre grand jeu-concours.

Le marché du Cognac se porte bien. En année mobile au 30 septembre, il vient de battre un record : celui du chiffre d’affaires dégagé par les ventes départ région. Sur les douze derniers mois, les expéditions de Cognac auront représenté, en valeur, 1,8 milliard d’€, un chiffre encore jamais atteint. C’est à mettre au crédit de la restauration progressive des volumes – + 17 % sur l’année mobile – mais aussi de la « premiumisation » des ventes. Les qualités vieilles progressent de 34 %, les VSOP de 25 % et les VS de 8 %. A noter que le marché asiatique – essentiellement la Chine – augmente deux fois plus vite que le marché global du Cognac. Même si les expéditions de Cognac n’ont pas rattrapé leur niveau d’avant la crise, elles s’en rapprochent à grands pas. Le printemps et l’été 2010 ont bruissé d’augmentation mensuelles spectaculaires : + 10, + 25 voire + 42 %. Les deux derniers mois de septembre et d’octobre renouent avec des progressions plus normales : + 2,5 %, + 5,7 %. Les opérateurs s’en réjouissent presque. « Au rythme des derniers mois, nous n’aurions pas pu tenir. » Leur analyse ! Après « le trou d’air terrible » d’il y a deux ans, marqué par un coup d’arrêt brutal de la consommation, les marchés ont déstocké. Puis, progressivement, les circuits de distribution se sont reconstruits au fil de la reprise. Les excellents chiffres constatés à la mi-2010 s’expliquent entre autres par ce contexte de restockage. Et maintenant ? « Je pense que la phase de restockage est terminée » diagnostique un négociant. « Nous allons connaître, dans les mois qui viennent, la vraie évolution du marché. » Le même précise que l’explication vaut surtout pour les Etats-Unis. Car en Asie, dit-il, « il n’y a quasiment pas eu de ralentissement des expéditions ». Là-bas fonctionne le cercle vertueux bien connu de tous les acteurs de marché : les marges dégagées et réinvesties alimentent le moteur de la croissance. « Travaillez sans relâche comme si vous ne deviez jamais atteindre le but » disait Confucius.

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