« Non aux 7 de pur »

18 mars 2009

photo_15.jpgLe Syndicat des viticulteurs charentais, présidé par Didier Braud, manifeste son désaccord à une QNV de 7 hl AP/ha. Ce chiffre résulte pourtant d’un vote majoritaire de la famille de la viticulture, dans le cadre de la commission production du BNIC qui s’est tenue le 27 juin dernier. Le SVC se déclare favorable à une QNV de 6,5 mais encore assortie du « verrou » des 80/20. Une demande sur laquelle le syndicat de Charente-Maritime ne désarme pas.

Mardi 1er juillet, le Syndicat des viticulteurs charentais a tenu une conférence de presse à Saintes. Objectif : faire part de sa vive opposition à la décision prise le vendredi précédent par la famille de la viticulture. Cette dernière, réunie juste avant la commission production du BNIC, a voté à 11 voix contre 6 le passage de la QNV à 7 hl AP/ha (contre 6 hl AP l’an dernier). La commission production, qui compte à égalité 15 viticulteurs et 15 négociants, a entériné ce chiffre. Sauf surprise de dernière minute – peu probable – c’est celui qui sera porté fin juillet-début août devant le ministère de l’Agriculture, chargé de décider en dernier ressort du niveau de la QNV, puisque c’est le ministre de l’Agriculture qui signe l’arrêté de campagne, avec l’autre ministère de tutelle, les Finances.

Participaient à la conférence de presse Didier Braud, président du SVC, viticulteur à Archiac, Jean-Claude Fercheaud, secrétaire général du syndicat, viticulteur à Corme-l’Ecluse, Jean-Marie Arrivé, secrétaire général adjoint, représentant la Chambre d’agriculture, viticulteur à Tanzac, Christophe Forget, viticulteur à Allas-Champagne, l’autre secrétaire général adjoint, Véronique Laprée, trésorière du SVC, viticultrice à Meursac et Jean-François Berthelot, membre du bureau, viticulteur à Saint-Martial- sur-le-Né.

« Les représentants du SVC, représentés au BNIC par le biais de la FVC et quelques autres viticulteurs, n’ont pas voté ce chiffre de 7 » a précisé d’emblée Didier Braud. Pourquoi ? « Tout simplement, a-t-il répondu, parce que nous avons mis dix ans à résorber la surproduction suscitée par l’embellie des prix du début des années 90. Depuis 6 ans, le maintien de la QNV à 6 hl AP a demandé énormément d’efforts aux viticulteurs, se traduisant par des trésoreries de plus en plus exsangues. Un tiers des exploitations serait en difficulté, un tiers produirait à perte. Ce n’est tout de même pas anodin. Une augmentation à 7 de pur ne va pas aider ces exploitations-là, bien au contraire. Pour nous, le chiffre de 7 hl AP n’est pas en cohérence avec les ventes, bien qu’elles aient évolué (augmentation de 5 % sur la dernière année). Il a fallu dix ans d’efforts pour effacer deux ans de bêtise. Avec cette brusque hausse, on brise tous les espoirs mis dans un retour vers l’équilibre. Le taux de rotation actuel du stock, autour de 6,5 années, apparaît éminemment fragile. Qui plus est, les ventes ont tendance à fléchir ces derniers mois et il faut distinguer entre les expéditions, les envois de précaution et le chiffre de consommation, que l’on ne connaît jamais. Si une petite remontée de la QNV aurait pu se justifier, une grosse remontée est une véritable catastrophe, d’autant qu’elle ne s’accompagne d’aucun verrou structurel. »

Un verrou structurel

Pour le président du SVC, ce verrou structurel passe par le 80/20 (affectation Cognac limitée à 80 % des surfaces). « Quelque part, dit-il, la montée de la QNV à 7 va accentuer la disparité entre viticulteurs et accélérer l’arrachage dans les crus périphériques. Et derrière l’arrachage, il y a le désert. Nous nous battons au niveau du Syndicat viticole et de la FDSEA 17 pour un maintien du tissu rural, dans le droit fil du dernier congrès de la FNSEA à Rodez. Les viticulteurs qui recommençaient à avoir accès au marché du Cognac via le second marché vont voir ce débouché se tarir, créant un peu plus de désespoir. » Revenant sur les 80/20, le syndicat rappelle que lorsqu’il a élaboré le Schéma global viticole, il s’est rapproché de l’ensemble des décideurs régionaux. « Tout le monde a amendé et voté ce projet pour qu’il devienne ce qu’il est. Il faisait partie des bagages de M. Zonta. » Aujourd’hui, le SVC ressent comme une « trahison à leur signature » le fait qu’une majorité de représentants viticoles se soient prononcés pour le 7 de pur sans verrouillage. Face à cela, il demande aux pouvoirs publics « de réagir très très vite » pour mettre en place une politique structurelle qui passe par ce qu’il est convenu d’appeler le « 80/20 ». « Actuellement, précise Didier Braud, le SVC serait favorable à une ouverture à 6,5 hl AP/ha maximum mais à condition que ce plan soit acté. »

Plus incisif, Jean-Claude Ferchaud s’en est pris « à ces représentants qui ne travaillent que pour leurs boutiques personnelles et non pour la région ». « On ne va tout de même pas nous refaire le coup de 1990. Il faut arrêter, il faut être sérieux, c’est bien trop grave. Quand on tient un discours à Paris, on tient le même en région et surtout on écoute la base ou alors on reste chez soi. Mais on n’est pas à la botte du négoce. Stop ! ça suffit. »

Le syndicat est revenu sur l’épisode de la scission du SVBC l’an dernier, qu’il relie directement au maintien des 6 de pur à l’issue d’un vote du SGV, réuni en assemblée générale (60 % pour le maintien, 40 % pour la hausse). « Ce résultat a mécontenté certaines personnes qui ont démissionné. » Et de s’étonner « que les thèses de ceux qui ont créé le SVBC soient aujourd’hui très largement soutenues ». « En ce qui nous concerne, a souligné D. Braud, nous avons décidé d’exclure de nos rangs tous les membres connus du SVBC. Et que constate-t-on aujourd’hui ? Que le SGV s’est très fortement rapproché de ces personnes démissionnaires. Nous avons toujours travaillé en partenariat avec le SGV. Aujourd’hui, nous nous sentons frustrés et écartés de certaines décisions. A voir ce rapprochement s’opérer avec les dissidents, nous ne comprenons plus très bien. » Didier Braud a indiqué qu’avant la commission production du 27 juin, le conseil d’administration du SGV s’était prononcé majoritairement pour les 7 de pur, sachant, a-t-il précisé « que beaucoup de nos membres ne pouvaient assister à ce conseil d’administration ».

« la valeur ajoutée, il faut aller la chercher »

Le lien entre volume et prix – une augmentation de la QNV se négociant par une augmentation des prix de 4 à 5 % – laisse les représentants du SVC plus que sceptiques. Pour Jean-Marie Arrivé, « la valeur ajoutée, il faut aller la chercher et une augmentation du volume associé à une hausse des prix est contraire à toutes les lois économiques ». « Je ne rêve plus, il faut descendre de son nuage de temps en temps » affirme pour sa part Didier Braud. Jean-Claude Fercheaud cite un courrier d’un jeune viticulteur, Xavier Léglise, producteur de Pineau, qui s’interroge sur les répercussions d’une poussée de la QNV sur la production de Pineau. « Une augmentation de la QNV gonflerait les possibilités de fabriquer du Pineau alors que les ventes sont en légère régression. »

Manifestement, pour le SVC, l’aboutissement de son projet de 80/20 l’emporte sur tout le reste. Loin d’y renoncer, il en fait une actualité syndicale forte. « C’est possible à condition d’être soutenu par une volonté politique. Il suffit d’un décret ministériel pour en fixer le principe, un principe qui peut se décliner de façon différente selon les régions. » A l’appui de cette vision volontariste, Didier Braud cite le ministre de l’Agriculture à Rodez. « J’en ai assez que l’on me dise que ce n’est pas possible parce que ce n’est pas prévu ! » Et Jean-Marie Arrivé de s’interroger : « si l’on parle encore des 80/20, c’est peut-être parce que l’idée a fait son chemin. »

Pour revenir à la QNV, le SVC a signifié qu’il allait faire remonter sa désapprobation au plus haut. « Nous allons éclairer les décideurs. Après, cela ne dépendra que de leur responsabilité. Nous aurons fait notre travail. Ils assumeront. » « S’ils assument mal, c’est nous qui trinqueront » glisse pourtant un participant.

Les critiques non dissimulées à l’égard du SGV laissaient une question pendante : le SVC a-t-il l’intention de se retirer du Syndicat général des vignerons ? La réponse de Didier Braud n’a pas laissé place à l’ambiguïté. C’est non. « Nous ne remettons pas en cause notre appartenance au SGV même si nous sommes assez gênés par sa position vis-à-vis des démissionnaires. Le SGV doit se positionner plus clairement. Mais il serait désolant que la Charente-Maritime se retire du Syndicat général car elle représente tout de même le gros des troupes. » Véronique Laprée, discrète jusqu’alors, a exprimé un regret. « Depuis le début, l’idée d’unité a fédéré tout le monde au sein du SGV. Aujourd’hui, on ne comprend plus très bien, on se sent délaissé. Pourquoi y a-t-il rapprochement d’idées avec des gens qui ne participent plus au SGV et qui n’ont pas accepté le résultat d’un vote démocratique ? Parlant consultation, on nous a fait voter trois fois l’an dernier et cette année rien, on ne demande pas aux adhérents de s’exprimer au sujet de la QNV. »

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