Cave des Coteaux de l’Angoumois

26 février 2014

Cela ne s’invente pas. A Hiersac, la cave des Coteaux de l’Angoumois « loge » au 7, rue des Résistants. Et quelque part, c’est bien de résistance dont il s’agit pour les adhérents de la cave. L’entreprise est saine mais petit à petit, elle perd de sa substance, demandant toujours plus à ceux qui restent. « Que les Vins de Pays Charentais retrouvent une dynamique grâce à une politique volontariste de plantation et des prix à la bouteille plus élevés » a plaidé le président du syndicat devant un public de convaincus.

 

 

Le grave accident de Jacques Mounier au cours des vendanges 2012 – chute d’une cuve – avait marqué la dernière assemblée générale des Coteaux de l’Angoumois. Fin 2013, rien de tel. Jacques Mounier va mieux, bien mieux. Comme à son habitude, le président de la coopérative a conduit son AG avec allant et conviction même si la période est tout sauf facile. La très petite récolte 2013 en IGP Charentais – moyenne de 35 hl vol./ha à la cave – va certainement tendre un peu plus l’équation. Sans parler du chiffre qui fait mal : l’évasion de 8 nouveaux ha. Sur la récolte 2012, la coopérative avait vinifié la production de 26 ha 60. En 2013, elle n’aura traité que 19 ha. Ce recul s’explique non par des démissions intempestives mais par des départs à la retraite, qui n’ont pas été remplacés. La production de Vins de Pays Charentais n’intéressait pas les jeunes repreneurs. Pour la cave, il s’agit d’une perte de substance, sévère. Si, pour l’instant, les finances sont saines, à terme se posera de façon inéluctable la question du seuil critique. « Comment faire tourner la machine ? »

De forts engagements personnels

La réponse actuelle consiste à limiter au maximum les dépenses. C’est assez simple dans le cas des Coteaux de l’Angoumois, connu pour le fort engagement personnel de ses
adhérents. A meilleure preuve, les retraités, au lieu de se retirer, demeurent au conseil d’administration et continuent de participer aux travaux. Jacques Mounier les en a vivement remerciés.

Cela dit, les effectifs de la cave s’érodent – ils ne sont plus qu’une douzaine de membres aujourd’hui, sans doute neuf demain – rendant la tâche plus ardue pour ceux qui restent. Ne serait-ce que pour tenir le magasin de vente, le tour de chacun revient plus vite.

Les administrateurs de la cave ne se leurrent pas sur les difficultés. « C’est bien connu ! Une entreprise qui n’investit pas recule. » « Le problème confie le président, c’est que l’on n’aperçoit pas vraiment le bout du tunnel. » De solution, ils n’en voient guère à leur niveau. « Même si nous le pouvions, ce serait difficile de demander à d’autres ce que nous nous imposons à nous-mêmes. Déjà que cela devient de plus en plus difficile pour nous. »

Une fois de plus, la réponse ne peut venir que du collectif. Ce fut le sens des propos de Jean-Louis Barraud, président du Syndicat des producteurs et de promotion des Vins de pays charentais (réunion avant l’élection du nouveau Bureau – NDLR).

« Le moment est venu de mobiliser les troupes. Si nous voulons que nos activités de diversification perdurent, il n’y a qu’une solution : recruter des ha. Le Pineau l’a fait, nous devons le faire. Le syndicat va demander à FranceAgriMer une enveloppe de 100 ha de droits nouveaux. Nous devons aussi gagner la bataille de la revalorisation du prix à la bouteille. Un prix moyen de 3 €-3,5 € au caveau, ce n’est pas suffisant. Il faut monter le prix au minimum à 7 €. La communication est là pour nous y aider. » Il a rappelé que, cette année, la CVO (Cotisation volontaire obligatoire) progressait de 2 %. « Consacrer 2,86 € de l’hl vol. à la promotion – 2 cents par bouteille – cela reste raisonnable. »

Aux Coteaux de l’Angoumois, la vente directe représente 15 % du chiffre d’affaires et sur ce volant, 60 % sont réalisés au magasin de ventes. Jacques Mounier a rappelé le pacte qui, il y a 15 ans, avait soudé les adhérents de la cave : produire des vins de qualité. « Cette ambition, nous n’y avons jamais dérogé. C’est loin d’être négligeable. »

Les chiffres
Lors de son AG du 19 décembre 2013, la cave des Coteaux de l’Angoumois a examiné les chiffres arrêtés au 30 juin 2013.
Sur la précédente campagne, la coopérative a produit, tous cépages confondus, 1 764 hl vol., pour un rendement moyen de 63,84 hl vol./ha. Chardonnay, Sauvignon, Merlot, Cabernet Franc, Cabernet Sauvignon sont les cinq cépages réceptionnés par la cave. En IGP Charentais (Vins de Pays), la structure a revendiqué sur la dernière campagne 965 hl vol. contre 779 hl vol. pour les autres débouchés. Au cours de l’exercice, la cave a remboursé le capital social des adhérents qui avaient cessé de travailler avec elle depuis un certain temps. Au niveau comptable, la structure a choisi de réaliser un tout petit bénéfice pour rémunérer davantage les apports des adhérents. « Le but d’une coopérative n’est pas d’engranger des bénéfices. Il vaut mieux que les sociétaires en profitent. » Les mandats de l’EARL Bergerons, de Jacques Mounier, d’Yves Magnan, de Serge Roy, de Stéphane Vergnaud arrivaient à expiration. Ils ont tous été réélus à l’unanimité « moins une voix ». La leur.

2013, une année difficile

Non seulement les volumes ne sont pas au rendez-vous mais la qualité n’est pas exceptionnelle non plus.

« Le pire, ce sont les Merlot ». Alors que la moyenne des rendements de la cave plafonnait à 35 hl vol., les Merlot sont descendus à 25 hl vol. Une déconvenue qui ne touche pas que le vignoble charentais. La Gironde voisine prend la même « claque ». Idem dans le Sud de la France où la collecte fut moitié moindre qu’à l’ordinaire. Cela ne console pas mais, quelque part, ça rassure. La qualité aurait pu compen-ser l’absence de volume. Même pas. « Nous savons tous depuis longtemps que des vendanges tardives ne sont pas synonymes de qualité exceptionnelle » remarque Jacques Mounier. Alors que les viticulteurs s’étaient habitués à une série de millésimes exceptionnels, celui de 2013 se situe un peu au-dessous des attentes, surtout sur les rouges. Sur les blancs aromatiques, c’est mieux. Les vignerons croisent les doigts : « Avec les volumes que nous avons, espérons que les prix se tiennent. »

 

 

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