Le lendemain de la réunion de l’UGVC, un bon observateur de la sociologie viticole livrait son diagnostic : « Un tiers de viticulteurs favorable, un tiers défavorable, un tiers de « oui mais avec des garanties ». Et d’affiner tout aussitôt son appréciation : « 15 à 20 % de gens sont très favorables aux plantations, 15 % complètement opposés et 50 % veulent des garanties. » « C’est compliquer de dire non » admet un autre. « Quand le négoce nous dit qu’il n’investirait pas autant sur le Cognac s’il n’y croyait pas, on a du mal à ne pas l’entendre. Par ailleurs, si une opportunité
existe de vendre plus, doit-on vraiment s’en priver ? Après tout, les ventes attirent les ventes. » Mais d’ajouter dans la foulée : « Il ne faut pas se leurrer non plus. En cas de retournement de conjoncture, la viticulture sera la première variable d’ajustement. » Un autre renchérit : « Personne n’est dupe : le négoce souhaite entretenir une certaine surproduction au vignoble. »
« Vite, trop vite »
Ce sur quoi les avis convergent, c’est sur l’impression « que tout va vite, trop vite. » Commentaire d’un professionnel : « Il faut se battre pour un “oui mais”, en freinant très fort des quatre fers. » Même sentiment de la part d’un collègue : « Je ne suis pas foncièrement contre l’extension mais à condition d’y aller pas à pas, avec une éva-luation à chaque pas. » C’est tout l’argumentaire relatif aux « indicateurs de pilotage ».
En cas de nouvelles plantations, des
doutes s’expriment sur la capacité de la viticulture à faire respecter ces fameux éléments statistiques. Un adhérent du syndicat livre son opinion : « J’étais relativement confiant avec l’ancien conseil d’administration de l’UGVC. En son sein, certaines personnalités me rassuraient. Qu’en sera-t-il demain ? Assistera-t-on à un changement de ligne directrice ? » Un vigneron donne son avis sur le sujet : « Les nouveaux entrants au conseil d’administration ne sont pas venus faire de la figuration. Ils sauront se faire entendre. »
Ce qui dérange de nombreux viticulteurs, c’est le manque de débat, y compris lors de la réunion du 27 mai. « Ce n’était pas une réunion syndicale, c’était une réunion de négociants. Nous avons assisté à trois heures de satisfecit commercial. A la fin, la salle était tellement assommée qu’elle en était devenue amorphe. »
« Il fallait d’abord débattre entre nous
et ensuite, discuter avec le négoce »
considère un autre. « Si la même réunion s’était tenue l’an dernier, l’atmosphère aurait été beaucoup plus explosive. Mais le temps a fait son œuvre. Le travail de conviction du négoce aussi. »
L’idée d’un référendum ou du moins « d’une vraie discussion avec l’ensemble des adhé-
rents du syndicat » persiste dans les
esprits. « Sur un tel sujet, donner la parole aux adhérents paraît incontournable. »