SGV : Le syndicat conforté par La bonne participation des viticulteurs

11 février 2009

Environ 650 viticulteurs ont assisté aux sept réunions de terrain organisées par le Syndicat général des vignerons du 28 février au
10 mars. Le crédit du syndicat en sort renforcé alors que, parallèlement, un audit, réalisé à l’initiative de la Commission européenne, recommande la fin de l’article 28 servant de base juridique au système actuel. Autant de « signaux » favorables au projet d’affectation défendu par le SGV.

 

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A l’issue des réunions du SGV, une voix autorisée émettait le constat suivant : « M. Boujut doit se sentir plus à l’aise ces jours-ci qu’il y a un mois. La représentativité de son syndicat a été confirmée. » Une autre constatait qu’avec 650 personnes ayant assisté aux réunions, c’étaient « 25 % des viticulteurs exploitants plus de 10 ha qui s’étaient déplacés ». A Segonzac, qui ouvrait le ban, 150 auditeurs, 40 à 50 en Borderies, une centaine à Archiac, 40 à Blanzac, 100 à Montlieu, 120 à Saintes… Sans être la foule, à chaque fois un honorable taux de participation et une salle active, qui pose des questions. Face à ses collègues viticulteurs, Philippe Boujut s’est révélé un bon débatteur, convaincant et pugnace, répondant aux questions et n’hésitant pas à s’engager dans des explications. Est-ce sa décision de quitter la présidence du SGV qui l’on conduit à sortir d’une certaine forme de réserve ? Sont-ce les attaques du SVBC qui l’ont piqué au vif et poussé dans ses retranchements ? En tout cas l’homme s’avère coriace, ce que d’aucuns, semble-t-il, avaient déjà subodoré depuis plusieurs mois. A Segonzac par exemple, en présence du président du SVBC, c’est sur le mode personnel qu’il s’est adressé à « Jean-Louis », lui décochant des flèches plongées dans le curare. Cela sentait la revanche et la mise en coupe réglée, Ph. Boujut avouant sans mal avoir été « un peu énervé » « par une campagne de désinformation particulièrement virulente, des effets d’annonce dans les journaux, des contre-vérités, des tableaux soi-disant économiques, avec une volonté d’embrouiller plutôt que d’expliquer… ». Et de poursuivre dans cette veine : « Excuse-moi, Jean-Louis, tu es l’homme mystère, champion dans l’art de dire tout et son contraire dans un même discours. » Au terme d’une attaque il faut dire assez fielleuse, Philippe Boujut s’en est d’abord pris à l’intitulé même du syndicat présidé par J.-L. Brillet, le Syndicat des viticulteurs bouilleurs de cru pour la défense de l’AOC Cognac. « Quand on entend ce titre, on pense tout de suite aux bouilleurs de cru à domicile qui défendent leurs propres alambics, leur savoir-faire… Et que constate-t-on ? C’est que les personnes qui appellent à adhérer à ce “syndicat” le plus ouvertement, et parfois avec insistance, sont des bouilleurs de profession ! » Ensuite, le président du SGV s’est fait les griffes sur l’épisode de la fixation de la QNV, laissant entendre que le SVBC était sinon opportuniste du moins girouette. Puis il est passé avec gourmandise au « gros morceau » de l’arrachage et de la CVO « à 1 000 € ». « Jean-Louis, comment peux-tu affirmer vouloir défendre les marchés des vins de table et des jus de raisin et demander en même temps l’arrachage de 7 à 10 000 ha qui correspondent à ces marchés ? Tu prétends sauver les petites et moyennes entreprises mais, là encore, tout le monde sait bien qu’en cas d’arrachage semi-obligatoire, ce serait ces exploitations qui auraient du mal à amortir des charges fixes qui varient peu suivant la taille de l’exploitation. »

Irréconciliables sur l’économie

Revenant sur les tableaux distribués par le SVBC – que manifestement il a du mal à digérer – Ph. Boujut s’est essayé à mettre en pièces les conclusions. « C’est vrai que si l’on se contente de lire le bas de la feuille, on serait tenté de dire : eh bien, le système double fin actuel est plus avantageux que la future affectation préalable de débouchés. Je pourrai te répondre que, de toute façon, le débat n’existe plus. Il ne se situe pas dans le choix entre l’ancien système et le nouveau puisque l’ancien est condamné. Mais que dit ce papier ? Uniquement qu’avec un même rendement au Cognac, à prix égal, le revenu d’un ha avec jus de raisin est supérieur à celui d’un ha sans jus de raisin. La belle affaire ! Prends-tu les viticulteurs pour des imbéciles et avec eux les membres du BNIC, les responsables de chambres, les responsables politiques et administratifs des ministères… Tous ils n’auraient rien compris et auraient pris sciemment le projet le plus risqué ! » Ce ton mordant, ces accents combatifs, Philippe Boujut les a maintenus tout au long de son intervention pour conclure en exprimant sa foi dans les vertus de l’AOC. « Oui je fais partie de ceux qui sont fiers que notre Cognac soit une AOC. Je pense que c’est une chance pour le négoce afin de mieux protéger ses produits mais surtout pour les producteurs que nous sommes. Nous devons mieux saisir la chance d’être en AOC pour asseoir notre métier et donner envie à nos enfants de s’installer sur nos exploitations. »

Quelques jours plus tard, à froid, Philippe Boujut revenait sur la tenue de ces réunions. Il y détectait « pas tant un esprit de polémique qu’un gros déficit d’informations de la part de certains adhérents du SVBC ». « C’est normal, poursuivait-il, qu’un changement de système engendre des craintes. Chacun a de bonnes raisons d’avoir peur : le négoce de manquer de marchandises, la viticulture de surproduire. Il faut dépasser cette phase et faire en sorte que tout le monde s’y retrouve. Je fais le pari que le fait de travailler les marchés par filières nous apportera un plus. Nous alimenterons les besoins du négoce, comme nous l’avons toujours fait et nous installerons durablement les filières vin de table et jus de raisin. » Pour lui, c’est certain, à la jonction de ces années 2004 et 2005, une page s’est définitivement tournée. « En quatre ans, nous avons eu le temps de débattre, tous les chantiers ont été ouverts, nous n’avons plus de démonstrations à faire. Maintenant, il va falloir travailler d’arrache- pied pour installer le nouveau système. »

Durant le printemps, le SGV va conduire ses secondes élections, les premières ayant eu lieu en 2002. Elus pour trois ans, les délégués sont renouvelables au complet, soit plus de 250 personnes, réparties dans 26 circonscriptions. En bonne logique syndicale, ne pourront voter que les seuls adhérents du SGV (cotisation d’adhésion de 18 € forfaitaire + 3 € l’ha). La liste électorale des votants sera close le 31 mars, ainsi que celle des candidats. Courant avril, sera organisé le vote par correspondance. Après dépouillement, une assemblée générale réunira les délégués élus ou réélus, afin de voter pour le tiers sortant des administrateurs. Le conseil d’administration ainsi constitué désignera ensuite le président et les vice-présidents, un par appellation. Philippe Boujut ayant annoncé son intention de ne pas se représenter au poste de président du syndicat, plusieurs noms circulent mais le pronostic est à haut risque. Une chose est sûre : la succession ne sera pas aisée.

 

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