Renouvellement Du BNIC : c’Est Fait !

18 mars 2009

Et même bien fait puisque la sérénité était de mise ce vendredi 25 juillet au BNIC, jour du renouvellement de l’assemblée plénière, juste avant que le Tour de France n’avalât Cognac à 50 km/h. En début de matinée, on était encore pourtant proche du psychodrame dans certains lieux. La veille et les jours précédents, viticulture et négoce n’avaient eu de cesse de se réunir pour négocier dur à l‘intérieur de leur famille respective. Tractations dans les grandes largeurs. A cette occasion, les « âmes humaines » se révélaient, avec leurs cortèges de petites bassesses et de lourds ego. Au final, c’est le statu quo qui a prévalu au sein du négoce, qui a choisi de reconduire les postes à l’identique, tant au niveau de l’assemblée plénière qu’au niveau du comité permanent. Parmi les sept négociants composant le comité permanent du BNIC, le syndicat Progrès et Tradition compte toujours un représentant, Jean-Pierre Lacarrière, le Syndicat des exportateurs trois avec Lionel Breton, Yann Fillioux et Jean-Marc Olivier, l’Union syndicale deux (Philippe Coste et Antoine Cuzange), James Bannier représentant les bouilleurs de profession. Côté viticulture, les sept viticulteurs siégeant au comité permanent sont les suivants : Philippe Boujut, Yves Dubiny, Roger Girard, Bernard Guionnet, François Méry, Jean-Marie Moreau, Jean-Bernard de Larquier. Et le président du BNIC dans tout cela ? Eh bien c’est Jean-Pierre Lacarrière, pressenti depuis longtemps et élu à l’unanimité moins une voix. Au nom de l’alternance, ce sera donc le premier président négociant – il représente la maison Rémy Martin – comme avant lui, Bernard Guionnet avait été le premier président viticulteur. Le poste de chef de famille de la viticulture représentait un enjeu stratégique. Alors que, jusqu’au dernier moment, les jeux n’étaient pas faits, c’est en définitive Bernard Guionnet qui sera chef de famille de la viticulture alors que Philippe Boujut devient vice-président du BNIC et que Yann Fillioux est chef de famille du négoce. L’énoncé rapide de ces bribes d’informations recueillies au vol renseigne peu et mal du fonctionnement futur de l’interprofession. Où résideront les postes clés, quelles seront les positions dominantes, les vrais décideurs ? Une écoute attentive de la vie interprofessionnelle pourra peut-être offrir l’opportunité de quelques décodages, en sachant que tout interfère sur tout et que le « tourbillon » interprofessionnel ne s’arrête jamais. Bien malin celui qui peut le suivre sans s’y perdre.

Depuis que la QNV est QNV, il est d’usage que des représentants de l’interprofession cognaçaise (président, vice-président, chefs de familles…) « montent » à Paris présenter la requête de la région concernant le niveau de QNV Cognac. Cette réunion des professionnels charentais avec la DPEI (Direction des politiques économiques et internationales) au ministère de l’Agriculture était programmée le 29 juillet dernier. A l’heure où s’imprimaient ces lignes, nous n’en avions pas le retour. En certaines occasions, il est arrivé que la région n’arrive pas à se mettre d’accord sur un chiffre. Cette année, face à une demande unanime du négoce d’une QNV de 7 hl AP/ha et plus, la viticulture s’est positionnée à une courte majorité (60/40 %) sur le chiffre de 7 hl AP/ha. Sans enthousiasme excessif, certains responsables viticoles parlent de pragmatisme et de stratégie bien comprise. « Il vaut mieux donner ce que l’on ne peut empêcher de prendre. L’an dernier, on avait réussi à “enlever le morceau” ; cette année, on ne l’aurait pas emporté, la pression était trop forte. » Et puis des arguments ont plaidé pour un « déverrouillage » de la QNV (bloquée à 6 de pur depuis 1998), comme le fait de « désamorcer une envolée artificielle des prix ». « On ne gagne pas à un bras de fer avec le négoce. » Parfois qualifiés « d’archaïques », les viticulteurs seraient-ils en passe de tomber dans le chaudron du libéralisme ? Non mais ils ont fait leurs comptes. « En serrant les boulons, on pensait favoriser un accès plus égalitaire au marché du Cognac. Mais, au vu des statistiques, les tranches de ventes des ressortissants, à une décimale près, n’ont pas varié depuis quatre ans. Le négoce achète là où il veut. Il faut reconnaître que le système ne marche pas. A ce niveau-là, nous sommes passés complètement à côté de notre objectif. Dans ces conditions, pourquoi persister ? En augmentant la QNV, les viticulteurs ayant un petit accès au Cognac pourront engager moins d’ha au Cognac. Par ailleurs des prix trop élevés risqueraient de détourner les opérateurs utilisant du Cognac pour les mutations. Or nous n’avons pas les moyens de nous priver de ce marché, ou bien c’est accepter un vignoble réduit à 50 000 ha. » Et de poursuivre : « Pour notre part, le chiffre de 7 de pur ne résulte pas d’un suivisme mais d’une analyse. D’ailleurs, en fonction de l’évolution des expéditions, des achats et des cours, nous nous réservons la possibilité de réviser ce rendement annuel, comme dans les autres régions. Parmi le négoce, certains voulaient nous faire nous engager sur la durée, ce que nous avons refusé. C’est clair, le quota de production n’est pas automatiquement programmé à la hausse. La marche arrière, ça existe ! »

Il y a 99 % de chances sur 100 pour que l’organisation de campagne 2003-2004 soit la reproduction à l’identique de celle de 2002-2003. Seule la QNV Cognac changerait mais le rendement agronomique serait le même (120 hl/ha) ainsi que le reste de la réglementation. Pourquoi alors laisser planer un soupçon d’incertitude ? Parce que, pour s’appliquer, la réglementation actuelle a besoin du feu vert du comité de gestion vin de l’Union européenne, qui doit accepter de reconduire sa dérogation à la QNV historique (toujours cette vieille histoire !). Lors du comité de gestion du 8 juillet, la Commission a elle-même présenté un texte prorogeant cette dérogation pour deux ans. Un signe très favorable. Ne restait plus au comité de gestion suivant (convoqué le 23 juillet) à voter le texte. L’a-t-il fait ? On peut le penser mais on n’a pas encore la confirmation.

Il s’appelle Adrianno Tombacco, il est italien et il préside San Gabriele, un des trois principaux opérateurs européens de jus de raisin, derrière Foulon-Sopagly, filiale de Pernod-Ricard mais devant un autre opérateur italien plus petit. On décrit l’homme comme impulsif et expansionniste dans les affaires. On dit aussi de lui qu’en bon marchand vénitien « un sou est un sou » et qu’il n’a pas l’habitude de surpayer la marchandise. On le connaît bien ici puisqu’il achète depuis longtemps déjà des jus de raisin charentais. Comme ses confrères, il a dans la région ses habitudes d’approvisionnement. Mais la donne risque de changer avec son projet d’implantation dans la zone d’activité de Mérignac, village du ressort de la communauté de communes de Jarnac, limitrophe de la RN 141. De quoi s’agit-il ? San Gabriele envisagerait la construction d’une unité de stockage de jus de raisin et d’un site de concentration des moûts (M.C.). Les premières réactions sont plutôt positives. « Cela démontre encore une fois l’intérêt suscité par le vignoble charentais sur le créneau des jus de raisin. » Les responsables viticoles y voient une retombée immédiate – certains disent prématurée – d’une séparation des vignobles, assortie d’une création d’un vignoble dit « industriel ». D’autres pourtant ne manquent pas de s’interroger sur la valorisation à attendre. « Est-ce que cela représentera un “plus” en terme de prix payé à la viticulture ? Je n’y crois pas vraiment. Dans un premier temps, il va peut-être verser 30 ou 40 centimes supplémentaires mais ensuite, il risque de garder pour lui les marges libérées par les économies de transport et le fait de traiter la marchandise en directe, sans passer par le négoce stockeur local. » Mieux, certains n’hésitent pas à dire qu’ils ne croiront à la réalité de l’opération qu’une fois les installations sorties de terre. « Ce n’est pas encore fait, rien n’est signé. L’homme est un peu “zigzag”. Au vu des conséquences possibles sur son approvisionnement en jus de raisin et le coût de l’implantation, il n’est pas exclu qu’il change son fusil d’épaule au dernier moment. » Et, pour faire bonne mesure, on évoque les problèmes d’environnement. « Un évaporateur n’est pas vierge de toute pollution. Il rejette des effluents. Des installations performantes existent en Charentes pour la concentration de jus de raisin. San Gabriele aurait sans doute meilleur profit à les utiliser. » L’Italien est annoncé ces jours-ci en Charentes. Dans un camp comme dans un autre, on aura certainement des choses à lui dire, des messages à lui faire passer.

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