Environnement/Développement durable

7 juillet 2009

Résolument engagé dans une démarche RSE – responsabilité sociale et environnementale – le groupe Rémy-Cointreau fait œuvre pédagogique auprès de ses partenaires. Courant avril, il a réuni plusieurs groupes de viticulteurs d’Alliance Fine Champagne – la coopérative associée de Rémy Martin – pour des demi-journées de sensibilisation à la viticulture raisonnée.

lafage.jpgC’est début 2007 que les Domaines Rémy Martin ont passé avec succès l’audit de certification « Agriculture raisonnée » de leurs cinq exploitations. Ils font ainsi partie des quatre entités viticoles certifiées « Agriculture raisonnée » dans la région délimitée Cognac, trois en Charente et une en Charente-Maritime. Denis Fougère, responsable des domaines Rémy Martin, loue cette « démarche de progrès » dans laquelle s’insèrent les entreprises volontaires. « Il faut s’approprier la méthode mais elle fait germer plein de choses, l’état d’esprit change. »

Après l’étape de la sécurité alimentaire, de l’hygiène et de la traçabilité, matérialisée par l’HACCP, l’étape de la « qualité environnementale » représente à l’évidence un enjeu. Consommateurs, réseau de distribution, « grands comptes » (compagnies aériennes, grandes chaînes d’hôtels…), actionnaires… le message du développement durable ne laisse aucun de ces acteurs indifférents, ne serait-ce que pour nourrir leurs propres discours. Christian Lafage, directeur « Développement durable » chez Rémy-Cointreau, a rappelé devant les viticulteurs que le groupe Rémy-Cointreau avait été l’une des premières entreprises françaises à adhérer, dès 2003, à la charte Global Compact. « A l’initiative de l’ONU, elle promeut des valeurs fondamentales dans les domaines des Droits de l’homme, des normes du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption. » A partir de 2008, le Grenelle de l’environnement est venu apporter un coup d’accélérateur, en posant quelques bornes du type : « d’ici 2012, 50 % des exploitations agricoles devront être certifiées ! » Dans le sillage du Grenelle, le concept d’agriculture « à Haute valeur environnementale » (HVE) a également fait son apparition. Sans ignorer que l’adhésion à ces démarches est et restera volontaire, Rémy Martin, dans ses opérations de sensibilisation, insiste sur le contexte ambiant. « 2012, c’est demain. On ne pourra pas rester sans bouger. »

Devant les viticulteurs réunis à Juillac-le-Coq, Denis Fougère a indiqué que le concept HVE (Haute valeur environnementale) défendu par le Grenelle de l’environnement allait sans doute se décliner entre trois ou quatre niveaux. Si le premier niveau a trait au simple respect de l’éco-conditionnalité, ouvrant accès aux aides PAC, le deuxième niveau pourrait correspondre à la certification « Agriculture raisonnée », même si, a-t-il dit, « le terme en tant que tel a de forte chance de disparaître dans les mois qui viennent ».

les « pré-requis » de la filière cognac

Baptiste Loiseau, ingénieur-conseil viticulture au service vieillissement de Rémy Martin (dirigé par Pierrette Trichet) est rentré dans le vif du sujet en mettant de la chair sur des notions parfois un peu théoriques. Avant d’aborder l’agriculture raisonnée proprement dite, il est revenu sur les « pré-requis », ces conditions de production qualifiées de « bonnes pratiques de la filière Cognac ». Il les a résumées en trois principaux points de vigilance : le Plan d’hygiène général, dûment complété et documenté, le respect des préconisations régionales vis-à-vis des produits phytosanitaires (la liste verte du BNIC rééditée chaque année la première semaine de mai ; la bonne dose à la bonne date), et enfin la compatibilité alimentaire des matériaux utilisés. En ce qui concerne l’agriculture raisonnée, il a rappelé qu’elle avait été définie au plan national en 2002. Son référentiel compte une centaine de points, dont environ la moitié de réglementaires. En 2003, est sorti le référentiel Viticulture raisonnée des Charentes. Ce premier document* reprend la cinquantaine de points applicables au vignoble de Cognac. Puis, deux ans plus tard, un second document fut édité : Le guide de la viticulture raisonnée* qui présente l’ensemble des conseils pratiques présidant à la mise en place de la viticulture raisonnée. Enfin, pour boucler la boucle, le document dit d’Auto-diagnostic* a vu le jour.

Faut-il avoir peur de la certification « viticulture raisonnée » ? Denis Fougère a tenté de démystifier la question : « L’agriculture raisonnée s’intéresse à la globalité de l’exploitation, à son environnement comme à sa viabilité économique. Chaque facteur de production est pris en compte dans ses approches techniques, économiques, et environnementales. L’agriculture raisonnée ne signifie pas de ne pas traiter. Pour la viabilité de mon exploitation, j’ai besoin de traiter. Par contre, à chaque fois que je traite, je justifie mon acte. Pourquoi ai-je déclenché le facteur traitement ? » « D’ailleurs, précise le responsable des domaines Rémy Martin, la plupart du temps, les auto-diagnostics révèlent que les viticulteurs sont dans les clous sur 90 % des points du référentiel. Reste une marge de progrès que l’on aura quelques mois, voire quelques années à réaliser. L’important est d’identifier les axes de progrès et s’adapter au fil de l’eau. Dans une démarche de certification, l’entreprise se forme et s’informe en permanence. »

fougre_denis.jpgC’est tout l’objet de l’auto-diagnostic « de se poser les bonnes questions pour voir quels sont les points à travailler. Par exemple est-ce que je dispose d’un appareil permettant d’éviter le retour de bouillie dans le circuit d’eau ? Oui/non. Chapitre par chapitre, j’évalue mon exploitation. » Concrètement, D. Fougère conseille de pratiquer cet exercice en groupe ou ne serait-ce qu’avec son voisin. « On a toujours tendance à être trop gentil avec soi-même. Il est bon d’intégrer un regard extérieur. » Quant au « super regard extérieur », c’est l’audit de certification qui le portera.

« Combien coûte un audit de certification à l’agriculture raisonnée ? » ont demandé de manière récurrente les viticulteurs. A titre d’exemple, Denis Fougère a indiqué que pour les cinq exploitations du domaine, l’audit de certification était revenu à un peu plus de 2 000 €. « Mais il a duré deux jours et demi ! » Tous les cinq ans, l’audit de certification est à refaire. Par ailleurs, au cours de la vie de l’audit, des contrôles inopinés peuvent jouer le rôle de klaxon, en vérifiant que les engagements sont bien respectés. Les domaines Rémy Martin se sont par exemple engagés à acheter des pulvérisateurs traitant face par face à chaque renouvellement de matériel. Si la préparation du premier audit représente toujours un gros travail de mise à niveau – élimination des « monstres » sur les sites d’exploitation, appropriation de la logique – le second audit est généralement beaucoup plus facile. Question d’état d’esprit. Ceci dit, D. Fougère témoigne du stress inhérent à tout audit : « On a beau être prêt et essayer de faire très attention, il y a toujours quelque chose qui cloche. »

Le staff « développement durable » de Rémy Martin, Christian Lafage en tête, est tenté de voir dans le mécanisme de certification Agriculture raisonnée la « preuve par neuf » que le monde agricole n’a rien à se reprocher. « Depuis un certain nombre d’années, l’agriculture a beaucoup évolué. Mais elle n’a jamais su le dire ni le montrer. Du coup, elle subit une pression sociétale parfois excessive. L’agriculture raisonnée est le moyen d’affirmer sa responsabilité socio-environnementale tout en assurant la production de l’exploitation et donc sa viabilité économique. »

Le référentiel « Viticulture raisonnée des Charentes » : disponible sur le site internet du BNIC – Dans les Chambres d’agriculture.
Le guide « Viticulture raisonnée des Charentes » : disponible auprès des Chambres d’agriculture et de la Station viticole du BNIC au prix de 20 €.
l « L’auto-diagnostic » : disponible sous format papier ou sur le portail internet
www.viti-charentes.fr

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