« L’hermione », paré à virer

13 mai 2015

Samedi 18 avril, l’Hermione a pris la mer pour accomplir sa traversée initiatique, celle de l’Atlantique. Elle ralliera les côtes américaines début juin, après un petit mois (27 jours) de navigation entrecoupée d’une escale aux Canaries, pour renouveler l’équipage et faire le plein de provisions. Aux Etats-Unis, elle sera d’abord attendue à Yorktown, dans l’Etat de Virginie, une étape emblématique car haut lieu de l’indépendance américaine. Sur ces terres, s’est jouée la victoire décisive des « insurgents ». Mais le rendez-vous phare, celui vers lequel tous les regards convergent, c’est New York, le 4 juillet, date de « The Independence Day ». De grandes festivités sont prévues à cette occasion. Suivra un cabotage de plusieurs semaines entre les villes de Baltimore, Philadelphie, Boston avant de remettre le cap sur la France, d’abord à Brest, du 10 au 17 août puis à Rochefort, le 29 août. Ils sont 80 membres d’équipage à accomplir ce voyage inaugural, un tiers de marins professionnels, deux tiers de volontaires ; deux tiers d’hommes, un tiers de femmes. Les matelots du Belem (le navire-école) ont
assuré la formation et Dieu sait s’il en faut pour une frégate qui avance au vent, grâce à ses 1 500 m2 de voilure et ses
20 km de cordage.

Le 10 mars 1780, le jeune marquis de La Fayette, alors âgé de 23 ans, quitte La Rochelle pour son second voyage en Amérique. Son premier périple l’avait déjà amené à combattre pendant plus d’un an aux côtés du général George Washington. Mais, à la demande de celui-ci, il rentre en France chargé d’un message : demander à Louis XVI d’envoyer un corps expéditionnaire en Amérique. Le roi y consent. Une escadre de sept vaisseaux, lestée de 7 000 hommes, poudre, canons et mitraille, embarquera de l’arsenal de Brest en mai 1781. Placé sous les ordres du comte de Rochambeau, le corps expéditionnaire français jouera un rôle décisif dans la bataille de Yorktown, épaulé par les volontaires de La Fayette, à la tête d’une division légère de cavalerie.

Le chantier de la réplique de l’Hermione est lancé en 1997, dans les radoubs de Rochefort. L’idée en revient principalement à Jean-Louis Frot, maire de la ville jusqu’en 2001. L’élu a envie « d’incarner » l’histoire de sa Corderie royale fraîchement restaurée, lui accorder un supplément de vie. Pour trouver les fonds, le mécénat privé est sollicité et c’est ainsi qu’en 2007, sous l’ère Christophe Navarre, Moët-Hennessy vient soutenir le projet. A l’époque, l’achèvement du bateau est donné pour 2011. Finalement, quatre ans de plus seront nécessaires. Une très belle fenêtre de tir pour Hennessy, qui fête ses 250 ans cette année. Le 13 mars dernier, l’embarquement de deux fûts de Cognac de 250 litres de la coupe anniversaire s’est fait avec toute la méticulosité et le faste nécessaires à pareille opération (présence de Ségolène Royal et de l’ambassadrice des Etats-Unis en France, recons-titution en costumes, fûts sur une charrette tirée par deux chevaux…). « Ce seront les deux seules barriques à arriver aux Etats-Unis par la voie maritime » a souligné un Bernard Peillon visiblement ravi. Le P-DG de la marque a rappelé que sa maison était présente aux Etats-Unis depuis 1794.

A faste, faste et demi. Martell, « la plus vieille des maisons de Cognac », s’apprête à célébrer ses 300 ans. Où ? Partout dans le monde mais notamment à Versailles. C’est ce qu’a révélé Philippe Guettat, chef de la maison, lors d’une conférence de presse qu’il a donnée à Paris le 15 avril dernier. Il était accompagné de l’actrice et mannequin allemande
Diane Krueger, recrutée comme ambassadrice internationale de la marque. Le temps fort des festivités aura lieu les 20 et 21 mai, au château de Versailles, « berceau de l’art de vivre à la française ». Deux banquets d’environ 600 couverts chacun seront servis aux invités, journalistes et grands clients internationaux de la marque.

Pour épuiser le sujet – très temporairement – on vient d’apprendre que la « Part des Anges », le rendez-vous interprofessionnel destiné à promouvoir les Cognacs et les savoir-faire associés, « passe son tour » en 2015. La prochaine édition aura donc lieu en 2016. Pour aborder le dixième anniversaire, la team « Part des Anges » a préféré s’accorder une plage supplémentaire pour concocter un événement « topisime ». Même ressenti des maisons de négoce, qui souhaitent un peu plus de temps pour préparer des lots « extraordinaires ».

Sans transition, « revenons à nos moutons » ou plutôt à des préoccupations plus prosaïques, qui concernent le quotidien régional. Les discussions sur le rendement Cognac sont ouvertes. Un premier groupe de travail a commencé à s’y pen-cher cette semaine. C’est l’assemblée plénière de fin mai qui tranchera et livrera la proposition finale. Tout laisse entendre que le rendement sera inférieur à ceux de l’an dernier et d’il y a deux ans. Les chiffres d’expéditions au 31 mars, qui servent à alimenter l’outil de calcul interprofessionnel, partent de plus bas, en sachant qu’eux-mêmes faisaient déjà suite à une baisse. Par ailleurs, pas de déficit de récolte à signaler depuis deux campagnes, alors que ce critère joue comme un gros
générateur de hausse. Ainsi, même si les prévisions du négoce « sont ce qu’elles sont mais malgré tout assez optimistes », il y a de fortes probabilités que le rendement Cognac 2015-2016 soit revenu à la baisse. Serait-ce révélateur d’un bruit de fond de crise, même larvée ? Réponse d’un acteur interprofessionnel : « Je ne le pense pas. Il est clair que le marché libre de place est atone. Aujourd’hui il n’y a plus d’achats. Mais vu les tran-sactions passées… Pour le reste, on a pu constater ces der-
niers mois une reprise forte du marché américain et, plus récemment, un redémarrage qui pointe sur la Chine, certes circonscrit à certains opérateurs. Malgré tout, on peut imaginer que la situation se stabilise et reparte. Avec tous les risques d’erreurs que ce genre de prévisions induit. »

Dans la perspective du nouveau régime d’autorisations de plantation 2016 et de son corollaire 2015 (le régime transitoire Vins sans IG), un sujet est appelé à connaître une vraie actua-lité dans les mois qui viennent : celui du régime juridique du vignoble Cognac. D’emblée, on nous annonce que « négoce et viticulture ne partagent pas tout à fait la même vision. ». Rien de très étonnant.

 

 

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