Vins de base mousseux – Recherche variétale

22 décembre 2016

La Rédaction

A la demande du CIMVC *, Jean-Michel Boursiquot, professeur en ampélographie à Montpellier SupAgro, s’est lancé sur la piste de variétés de vignes pouvant convenir à la production de Vin de base mousseux. Originaire de Saint Porchaire, près de Saintes, l’enseignant-chercheur connaît bien le terroir charentais et son contexte spécifique.

Pouvez-vous nous préciser la commande du CIMVC ?

 

Il s’agit de trouver des variétés qui ne soient pas déjà utilisées pour la production de vins destinés au Cognac, au Pineau voire à l’IGP Charentais. Autrement dit et de manière un peu simpliste, trouver la même chose que l’Ugni blanc sans que ça soit de l’Ugni blanc. D’un point de vue technique et économique, l’objectif recherché consiste à obtenir une variété blanche assez facilement mécanisable, d’un rendement élevé et présentant, si possible, une moindre sensibilité aux maladies.  Recouper ces différentes contraintes, c’est un peu partir à la recherche du mouton à cinq pattes. C’est bien pour cela que je ne prétends pas sortir « la » variété miracle. Je pense plutôt proposer aux professionnels un panels de variétés. Après, il leur appartiendra de s’approprier le matériel végétal et d’exercer leur choix.

 

Sur quoi s’appuyer pour conduire une telle recherche ?

 

Un faisceau de pistes existe : variétés anciennes déjà cultivées dans la région, variétés inscrites et classées en France, en Europe, dans les pays tiers ou, carrément, programme de création variétale. Bien sûr, chaque alternative possède son propre pas de temps. Par exemple, les variétés inscrites et classées en France  sont d’emblée disponibles sur le marché. Les tests les concernant peuvent démarrer de suite. Pour les variétés européennes, il faut demander un classement temporaire, afin de mener l’expérimentation à une échelle convenable. Quant à la création variétale, elle s’envisage sur 15 / 20 ans.

 

Privilégiez-vous une piste plutôt qu’une autre ?

 

Pas vraiment. Si les professionnels en sont d’accord, l’idée serait plutôt de mener de concert les trois approches – France, extérieur, création variétale, l’une n’excluant pas l’autre.

 

Quel délai envisagez-vous ?

 

Tout dépend de quoi l’on parle. Si c’est pour présenter au CIMC une réflexion assez aboutie sur la sélection de variétés potentiellement compatibles avec ses attentes, je pense que cette étape pourra avoir intervenir fin 2017 ou,  plus sûrement, en 2018. Si c’est pour déboucher sur une vraie mise en production, le délai me semble plus proche des cinq / six ans. Et je ne parle pas de la création variétale pure, qui répond à un autre calendrier.

 

Pourquoi ce laps de temps minimum de cinq / six ans ?

 

Entre autres parce que la phase d’appropriation par les vignerons me paraît indispensable. C’est la même raison qui pousse à proposer plusieurs cépages. Les opérateurs doivent se forger leur propre opinion.

 

Cette phase d’expérimentation, comment la voyez-vous ?

 

Elle pourrait être prise en charge par les vignerons eux-mêmes, à condition d’être suivie par des organismes compétents.

 

Qui seraient  ?

 

Il existe en Charentes plusieurs relais techniques. Je pense bien sûr à la Station viticole du BNIC mais est-ce le « bon guichet » pour les vins de base mousseux ? Sa mission prioritaire consiste quand même à s’occuper des vins de distillation. Il y a aussi le Conservatoire du vignoble charentais, dirigé par Sébastien Julliard. Et les Chambres d’agriculture.

 

Quel regard portez-vous sur les variétés résistantes – ou tolérantes – aux maladies ?

 

Sans parler de création variétale pure et dure, des variétés hybrides peuvent nous apporter une sérieux aide. Le problème, c’est que le rendement, souvent, n’est pas assez élevé. Mais ce qui est « perdu » en rendement peut être compensé par un moindre recours aux traitements.

 

Et la ferti-irrigation, qu’en pensez-vous ?

 

Certes il arrive parfois que, sous l’influence de l’irrigation, des cépages s’avèrent sensibles à l’éclatement des baies. Mais, en règle générale, la plupart des cépages réagissent bien à l’apport d’eau. L’irrigation fonctionne comme une optimisation des moyens de culture.

 

Vous avez déjà répondu en partie à la question. Mais est-ce facile de trouver l’équivalent de l’Ugni blanc pour produire des Vins de base mousseux dans la région des Charentes ?

 

Je confirme que l’Ugni blanc est une variété assez extraordinaire. En blanc, peu de variétés sont capables de rivaliser sur autant de critères de performance. Mais on peut compter sur le terroir charentais et le savoir-faire des vignerons pour tirer le maximum des variétés. Après, joue le contexte socio-économique. Quelque part, pour se développer, les vins « autres » devront pouvoir rivaliser avec les autres productions régionales.

 

 

 

 Bio express

Ingénieur agronome et œnologue diplômé en 1987, Jean-Michel Boursiquot est professeur en ampélographie à Montpellier Sup Agro. Il occupe ce poste depuis 2014, suite au départ à la retraite du professeur Alain Carbonneau. Spécialiste international des ressources génétiques de la vigne, J-M Boursiquot travaille au sein de l’unité mixte Montpellier Sup Agro / Inra de Montpellier. Originaire de Saint Porchaire – son père était coopérateur – l’enseignant chercheur connaît bien le milieu charentais. Il fait partie du CST (Comité scientifique et technique) du BNIC.

 

 

 

 

 

 

                          

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