Comme on s’y attendait, la proposition de rendement Cognac à 9 hl AP/ha pour la prochaine récolte n’a souffert aucune espèce de contestation. L’assemblée plénière du BNIC, réunie le 20 mai dernier, l’a voté « comme un seul homme ». Une décision prise à l’unanimité des 35 membres. Bien sûr, au stade actuel, il ne s’agit que d’une proposition qui, pour s’appliquer, devra encore recevoir l’aval de l’ADG Cognac, puis, en dernier ressort, celui de l’INAO dont la réponse, comme chaque année, est attendue début septembre, lors du Comité national de rentrée. Cependant, on imagine mal que cette proposition soit battue en brèche, compte tenu de l’accord unanime de la profession. Comme l’a exprimé Bernard Guionnet, président du BNIC, il y a une certaine logique à connaître le rendement dès aujourd’hui. Car, au 1er juillet, la région des Charentes va expérimenter l’affectation préalable des surfaces. Une première ! A ce rendement de 9 hl AP/ha, une probabilité existe de voir s’ajouter 0,5 hl AP supplémentaire, lié au mécanisme de réserve de gestion. In fine, le potentiel de production 2010 pourrrait donc s’élever à 9,50 hl AP, dont 9 hl AP/ha libres immédiatement et 0,5 hl AP libérable à terme. Souvenez-vous ! En fin d’année 2009, un syndicat, le SVBC Cognac, avait mené une vigoureuse campagne de lobbying pour décrocher cette réserve de gestion. Sa demande fut entendue. Au printemps dernier, le principe en a été acté et la dernière assemblée plénière vient d’en fixer le volume. Reste à savoir si la réserve de gestion pourra vraiment s’appliquer cette année ? Si tel n’était pas le cas, la faute ne serait pas imputable au BNIC. L’interprofession met tout en œuvre pour tenir la « feuille de route », comme l’a encore confirmé récemment Catherine Le Page, directeur du BNIC. Mais l’inscription d’une réserve de gestion dans le cahier des charges Cognac suppose – rien moins – que de modifier le Code rural. On comprendra que la démarche n’aille pas de soi. Il avait été dit que la réserve de gestion pourrait jouer dans une fourchette de 0,5 à 1,5 hl AP/ha. En définitive, la profession s’est prononcée pour le montant plancher : 0,5 hl AP/ha. B. Guionnet rappelle les chiffres en présence. « Nos besoins en Cognac « libres » sont de l’ordre de 635 000 hl AP. Si l’on estime que de la réserve de gestion peut être souscrite sur la moitié des ha Cognac, pour la moitié ou les deux tiers du volume autorisé, on obtient un petit 25 000 hl AP. Comparé aux 640 000 hl AP, ce volume ne représente pas un gros risque. » Alors qu’il avait été évoqué un déblocage de la réserve de gestion en compte 4 et compte 6, l’interprofession a finalement opté pour un déblocage en compte 4. Raison invoquée : la faible quantité, qui ne justifie pas un déblocage en deux temps. Un déblocage par anticipation – en compte 3 ou en compte 2 – pourrait intervenir sur décision interprofessionnelle, si besoin s’en faisait sentir. Précisions-le : la réserve de gestion vieillit sous bois, contrairement à la réserve climatique qui, elle, est stockée sous matériau inerte. La possibilité de constituer de la réserve climatique individuelle existe toujours, à concurrence des 5 hl AP/ha. La réserve climatique peut être prélevée au-dessus du rendement Cognac, éventuellement additionné de la réserve de gestion, soit au-dessus des 9,5 hl AP/ha. L’an dernier, il s’est distillé environ 100 000 hl AP de réserve climatique. Faut-il le rappeler ! L’unique vocation de la réserve climatique consiste à pallier des déficits de production, de quelque nature qu’ils soient. Cette campagne, elle pourrait être mobilisée dès lors que le viticulteur ne produirait pas ses 9 hl AP/ha.
Pour fonder le chiffre des 9 hl AP/ha, l’assemblée interprofessionnelle s’est appuyée sur l’outil de calcul du BNIC. Cet outil est notamment alimenté par les prévisions de sorties des négociants qui, cette année, se déclinent de la manière suivante : + 5 % sur la période du 1er avril 2010 au 31 mars 2011, puis + 4 %, + 3 %, + 2 %, + 2 % les campagnes suivantes. Naturellement, ces chiffres sont révisables chaque année, pour coller à la réalité. Au mois d’avril/mai, quand il s’est agi de faire « tourner le moteur de calcul », un problème de méthode s’est posé. Quel chiffre d’affectation des ha Cognac – ou, inversement, des ha « autres débouchés » – allait-on retenir ? Logiquement, c’est le dépouillement des déclarations d’affectation qui aurait dû le dire. Les négociants ne l’ont pas souhaité ainsi. Soucieux de pouvoir indiquer à leurs livreurs, avant le 1er juillet, un niveau de rendement définitif, ils ont demandé que soit retenu le chiffre d’affectation de l’an dernier : 3 700 ha. Un chiffre qui correspond d’ailleurs aux demandes du CIMVC, l’interprofession des vins et autres débouchés. La viticulture a accepté. C’est ainsi que le rendement Cognac de 9 de pur ne sera pas amené à bouger, quel que soit le résultat de l’affectation. On peut imaginer que l’affectation 2010 serve de base au calcul du rendement 2011.
Les aides aux investissements font reparler d’elles. Plutôt dans le bon sens. Tout le monde a encore en mémoire le coup d’arrêt brutal imprimé à ces aides, débordées par leur succès : enveloppe consommée en moins de deux ans et services de FranceAgriMer asphyxiés par le nombre de dossiers. Il fallait marquer une pause, de toute urgence. Ce qui fut fait, à partir du 1er avril 2010. Le dernier conseil spécialisé « Filière viticole » de FranceAgriMer du 26 mai a pris une série de décisions concernant ces aides aux investissements. Il s’est d’abord prononcé contre tout mécanisme de proratisation arbitraire, du style « le dernier arrivé, le dernier servi ». La seule proratisation possible pourrait bénéficier aux J.A. et encore, ce n’est pas acquis. Par contre, il fallait bien trouver un système « d’écrémage », compte tenu du dépassement d’enveloppe.L’idée retenue serait la suivante : pour que les dossiers puissent être examinés avant le 31 juillet, ils devront être complets et surtout signifier l’engagement économique fort des viticulteurs qui sollicitent les aides. Lorsque le viticulteur ayant déposé un dossier avant le 31 mars 2010 ne pourra pas présenter 60 % des factures réalisées, il devra solliciter de sa banque une caution bancaire à hauteur de 60 % des investissements demandés. Dans la plupart des cas, la banque examinera en même temps la viabilité économique du projet, ce qui est l’un des buts recherchés. Dans le cas contraire – le viticulteur pouvant présenter 60 % des factures – sera dispensé de caution bancaire. Faute de communiqué officiel, ces informations sont à prendre au conditionnel. Dans les prochains jours, FranceAgriMer informera par courrier les personnes cncernées.
A noter que les dossiers de plantations anticipées sont disponibles dans les lieux habituels – FAM, SGV Cognac, Chambres d’agriculture, BNIC… – et sont à retourner avant le 16 juillet (contre le 30 juin, date initialement prévue). Par ailleurs, les premières plantations anticipées étant arrivées au terme des trois ans, il convient de bien penser à envoyer un courrier simple à FranceAgriMer pour lui demander de lever la caution bancaire, en joignant au courrier la DAT (déclaration d’achèvement de travaux) d’arrachage. En la matière, FAM ne pratique pas de relance. L’initiative revient donc au viticulteur.
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