Une présentation politique

26 décembre 2008

contrat_tat_rgion__2_opt.jpgNe s’attardant pas sur les modalités de mise en œuvre, les cosignataires du Programme d’Adaptation de la Viticulture charentaise, issu du contrat de Plan Etat-Région, ont privilégié une présentation « politique » des mesures, quitte à semer le doute dans les esprits. Mais il faut dire à leur décharge que n’est pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre…

Henri de Richemont, vice-président du Conseil régional Poitou-Charentes, représentant Jean-Pierre Raffarin, Jean-Pierre Richer, préfet de région, Jacques Gérault, préfet de la Charente, Jean-Luc Dairien, directeur de l’ONIVINS… Ils ont tous fait le déplacement de Cognac en ce beau jour du 17 janvier 2001 pour donner du lustre et un peu d’aura médiatique à quelque chose qui a été difficile à négocier mais qui se précise enfin : l’avenant « Cognac » au Contrat de Plan Etat-Région. « Sur la table », la Région met 90 millions de francs et l’Etat 50 sur une durée de six ans, 2001-2006. Pour la première fois de son histoire, Cognac n’est plus ignoré du Contrat de Plan Etat-Région, comme le rappelle à juste titre Bernard Guionnet, président de l’Interprofession. Victoire du réalisme économique mais également victoire à la Phyrus marquant, quelque part, le déclin d’une région qui a besoin de faire appel aux subsides extérieurs. Mais c’est pour la bonne cause : l’argent ainsi octroyé va aider à rebondir vers un avenir que l’on souhaite meilleur. Tout un aréopage de gens, censés représenter « les forces vives de la région », des représentants professionnels à la « société civile » en passant par les « élus du peuple », député, conseillers généraux, se presse au BNIC, comme à la belle époque, celle d’avant la crise. Le seul hic de la journée, c’est que la présentation du Programme d’Adaptation, assez largement tourné vers le volet arrachage, obère tout ou presque des modalités de mise en œuvre. Alors que l’octroi de la fameuse prime « psychologique » à 100 000 F ha est clairement rattaché au CTE, il ne sera pas fait mention du CTE ou alors par ellipse, périphrase ou litote. Faut-il y voir un strict jeu politicien ou une vision plus politique des choses, au sens de l’art de gouverner ? En clair, en cette journée du 17 janvier, le terme CTE est-il banni pour son rattachement à une loi d’orientation connotée politiquement ou parce que l’arrachage, quelle que soit la région, draine des enjeux tellement lourds que les mots font peur ? Les employer de manière intelligible, ce serait déjà répondre à des questions que l’on répugne à trop formaliser. Parmi les décideurs, qui veut l’arrachage et quel arrachage souhaite-t-on ? Un arrachage « qui maintienne la pérennité des exploitations » ou un arrachage qui contribue au départ définitif de l’agriculture. Dans le premier cas, le couple arrachage/CTE est sans doute un outil recevable, dans le second, il n’est pas le mieux adapté et passe largement à côté de sa cible, les agriculteurs au bord de la retraite. On pourrait aussi se demander utilement de quel arrachage les viticulteurs ont envie, s’ils en ont envie. De la somme des questions non posées à la somme des non dits, par définition non exprimés, on comprendra qu’il en ressorte une communication brouillée. Quid de l’utilité de communiquer dans ces conditions ? Résultat : le vendredi 19 janvier, la prime à 100 000 F « pour tout le monde » était sur toutes les lèvres, avec la part de malice qu’il ne faut pas sous-estimer chez les bénéficiaires potentiels, les viticulteurs. « Il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre »… ou qui feint d’entendre que ce qui lui convient. Standards pris d’assaut à l’ONIVINS, au BNIC, aux DDA… Depuis, la fièvre de la prime à 100 000 F « pour tous » est retombée, inconséquence sans lendemain d’un « beau jour » de janvier.

Extraits des interventions de Bernard Guionnet, Jean-Luc Dairien, Henri de Richemont

B. Guionnet, président de l’interprofession – Pour la première fois, le contrat de plan Etat-Région n’ignore plus le Cognac. Pour nous, il s’agit d’une reconnaissance du travail accompli depuis des années, ici, à ce bureau, en faveur de la diversification, notamment vers des vins de cépage de qualité. Mon seul regret : que le premier plan de restructuration n’ai pas connu de traductions plus conséquentes au bout des trois ans. Mais peut-être la signature du Programme d’adaptation provoquera-t-elle un électrochoc des consciences auprès des viticulteurs ? C’est bien d’être monoculteur mais c’est peut-être mieux de l’être avec plusieurs sorties… J’ai toute confiance dans les vignerons charentais pour élaborer des produits de qualité.

J.-L. Dairien, directeur de l’ONIVINS – Ce texte est le fruit d’un long temps de préparation, l’aboutissement d’un travail de réflexion en profondeur des collectivités locales et de l’Etat sur l’évolution du vignoble charentais à l’horizon 2006. Avec des objectifs peut-être trop modestes ou trop ambitieux, c’est l’expression de ce qui est possible de faire. Les modalités d’accompagnement du Plan d’adaptation doivent permettre d’affecter une vigne à une production, comme ce qui se pratique dans tous les vignobles du monde. Les Charentes, premier ou deuxième vignoble français, ont forcément l’obligation d’insérer leur programme d’adaptation dans l’OCM viti-vinicole. Les modalités d’instruction sont le fruit d’un consensus entre l’Union européenne, l’Etat et la Région. Dans la filière viticole, c’est peut-être le seul exemple d’une telle recherche de synergie.

H. de Richemont, vice-président du Conseil régional, chargé de l’Agriculture – Il s’agit d’un grand jour pour nous, que l’on attendait depuis longtemps, un peu comme l’Arlésienne. L’aide à la reconversion, par l’Etat membre et/ou les collectivités territoriales, étant considérée comme totalement illégale, il fallait trouver autre chose. Ce fut l’arrachage, un mot dur à accepter pour les élus que nous sommes mais qui peut répondre à un besoin viticole, pour assainir le vignoble et faire en sorte que les viticulteurs qui n’ont pas accès au Cognac aujourd’hui puissent y accéder demain. Sur les 90 millions de francs apportés par la Région, la moitié doit aller à l’arrachage ou ce que je préfère appeler « l’ajustement de marché ». C’est de l’effort de tous, avec l’appui de la Région, de l’Etat, de l’Union européenne, que dépendra la diminution sur 6 ans de 15 % de la surface du vignoble. J’espère que ce plan qui nous coûte très cher est un bon plan et que tout l’argent budgété sera dépensé. Je remercie tout particulièrement M. Zonta, qui nous quitte aujourd’hui, pour la collaboration exemplaire qui s’est instaurée entre nous, à l’occasion de grandes crises comme la crise viticole, la tempête de décembre 1999, la crise bovine. Je salue en lui un haut serviteur de l’Etat, avec un grand sens de l’intérêt général.

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