En Aquitaine, environ 70 parcelles font partie de ce réseau, pour les cépages Merlot, Cabernet Sauvignon et Sauvignon. Sur chaque parcelle, 300 ceps répartis sur des placettes bien délimitées sont suivis. Nous réalisons deux comptages précis par parcelle, l’un concernant l’eutypiose au printemps, et l’autre concernant l’esca et le BDA à la fin de l’été. Les symptômes d’esca et de BDA ne sont pas différenciés lors de ce comptage, ces deux maladies ayant des symptômes relativement proches et difficilement distinguables dans de nombreux cas.
BILAN DE L’ OBSERVATOIRE DE 2003 À 2006
Les résultats suivants montrent l’évolution des maladies, en fonction des cépages et des millésimes.
Ils nous donnent des tendances générales mais doivent être nuancés. En effet, plusieurs facteurs entrent en jeu dans l’expression des différentes maladies, notamment des facteurs environnementaux liés au climat ou au système de conduite de chaque parcelle. De ce fait, il peut y avoir des variations dans les proportions d’extériorisation des symptômes. Il faut donc analyser les variations sur le long terme et extraire les tendances d’évolution.
Les deux premiers graphiques montrent les fréquences des parcelles sur lesquelles il y a au moins un cep présentant des symptômes des différentes maladies.
La sensibilité du Sauvignon aux maladies du bois se vérifie, suivi de près par le Cabernet Sauvignon. Quant au Merlot, il est nettement moins sensible aussi bien à l’eutypiose qu’à l’esca-BDA.
Sur les quatre années d’observation, une moyenne de 90 % des parcelles de Sauvignon présente des symptômes d’esca-BDA et 84 % présentent des symptômes d’eutypiose. Pour le Merlot, les pourcentages de parcelles touchées sont beaucoup plus faibles avec 55 % présentant des symptômes d’esca-BDA et 44 % présentant des symptômes d’eutypiose.
Il y a des variations inter-annuelles parfois importantes dans la fréquence d’apparition des symptômes, ce qui confirme l’influence du climat sur l’expression des maladies.
Il n’y a visiblement pas d’augmentation exponentielle des symptômes de maladies du bois, comme on aurait pu le craindre après l’interdiction de l’arsénite de soude. Le Merlot montre même une baisse constante de la fréquence des parcelles présentant des symptômes d’esca-BDA.
Si l’on se réfère uniquement aux parcelles présentant des symptômes, les taux d’attaques restent relativement faibles, à l’exception, peut-être, de l’esca-BDA sur le Sauvignon.
Le Sauvignon est le cépage le plus concerné par la fréquence des maladies dans les parcelles même si l’eutypiose semble en régression depuis 2004. Pour ce cépage, les fréquences d’apparition des symptômes d’esca-BDA oscillent entre 5 et 8 % et semblent progresser, alors qu’elles semblent diminuer pour l’eutypiose.
Sur Merlot ainsi que sur Cabernet Sauvignon, l’eutypiose semble légèrement progresser ; quant à l’esca-BDA, il enregistre des variations inter annuelles mais ne semble pas progresser.
Le cépage est un facteur prépondérant dans la fréquence d’expression de la maladie, et le suivi effectué nous confirme la grande sensibilité du Sauvignon aux maladies du bois et dans une moindre mesure celle du Cabernet Sauvignon.
Le climat joue également un rôle important dans l’expression de la maladie et notamment dans la mortalité des ceps. En effet, les observations semblent montrer que la proportion de mort rapide (apoplexie) des ceps malades augmente. Cependant, la proportion des ceps sains par parcelle, quel que soit le cépage observé, ne semble pas être perturbée. Les périodes de fortes températures observées ces dernières années semblent donc jouer un rôle important dans la précocité de la mort des ceps malades, qui seraient tout de même condamnés à plus ou moins long terme.
Visiblement, il n’y a donc pas d’intensification de la mortalité des ceps depuis l’arrêt des traitements hivernaux (en se référant aux notations effectuées de 2003 à 2006). Selon les cépages, les maladies évoluent différemment. Mais globalement, le potentiel de production ne semble pas plus affecté qu’il ne l’était avant l’arrêt de l’utilisation de l’arsénite.
CONCLUSION
Les maladies du bois restent une préoccupation majeure dans notre vignoble, et une des principales causes de mortalité des souches. L’interdiction de l’arsénite de soude n’a pas eu, pour l’instant l’impact néfaste redouté. Il reste néanmoins indispensable de mettre en œuvre toutes les mesures dont nous disposons encore pour diminuer la présence de ces maladies dans nos parcelles. La recherche sur les maladies du bois progresse et leur meilleure connaissance devrait permettre d’envisager une lutte efficace.
Mots clés : protection du vignoble, maladie du bois, Observatoire national, lutte contre les maladies du bois.
Le réseau national des maladies du bois, initié par Viniflhor, est reconduit pour une période de 3 ans (2007-2009). Cette période va permettre une meilleure évaluation de l’état du vignoble vis-à-vis des maladies du bois à plus long terme.
Résumé
Les maladies du bois, eutypiose et Esca-BDA sont responsables d’une grande partie de la mortalité des souches dans notre vignoble. Suite à l’interdiction d’utiliser l’arsénite de soude en traitement hivernal contre ces maladies depuis 2001, nous nous retrouvons dans une impasse technique pour lutter contre ce fléau. Afin d’évaluer la situation parasitaire du vignoble et son évolution éventuelle, Viniflhor a initié un réseau national des maladies du bois coordonné par le service de la Protection des Végétaux. Ce document synthétise les observations réalisées par la Chambre d’Agriculture de la Gironde et les ADAR de 2003 à 2006 en Aquitaine.
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