Décidément, le Pineau a l’été actif. Non content de tenir la distance avec ses Portes Ouvertes, 7e du nom, il se lance dans une nouvelle opération : « l’Apéro Gourmand des Iles ». Vous aurez remarqué que le « gourmand » rattrape ce qu’aurait de popu. « l’apéro ». On n’est pas mistelle pour rien ; dans un même tonneau, chaleur de l’acool et suavité du moût. L’été promet d’être Pineau.
Ré, Oléron, La Rochelle, Royan… Tout le secteur côtier a été inondé de ces sets de table (300 000), aux couleurs des trois associés du jour, Pineau, moules de Charron, huîtres de Marennes-Oléron. Le propos ? Suggérer une dégustation croisée, ensemble ou séparément mais que l’un renvoie à l’autre, qu’en buvant l’un l’on pense à l’autre, qu’en gobant l’autre, on rêve à l’un. Enfin, vous saisissez l’idée ! Tous les trois sont de cette terre et de cet océan, véritable fond de sauce régionale. Rendons à la mer ce qui revient à la mer. C’est le secteur conchylicole qui a eu l’initiative de cette opération et c’est encore lui qui s’est chargé du lancement, avec la distribution des sets de table dans tous les restaurants et autres lieux de petites faims et de grandes soifs. Le Pineau allait-il en rester là ? Non, sa « bouteille à la mer », il la renvoie sous la forme d’une collerette qui explique comment ouvrir l’huître. Car la petite bataille intime et toujours incertaine entre la pointe du couteau et l’écaille du mollusque, paraît-il, le principal handicap à la consommation d’huîtres. On le croit sur parole.
Portes ouvertes et « after »
Pas d’huîtres au menu des « escapades gourmandes » mais des moules de Charron, du chèvre frais et même des sakousis truffés (?) et néanmoins champêtres… Ce sont les « after » proposés par quelques vignerons à l’occasion des Portes Ouvertes. La tradition en a été prise assez vite. Pour ceux qui s’en ressentent, accompagner les animations par quelque chose de plus roboratif, un petit en-cas souvent accompagné de musique. C’est vrai à Moulidars, Segonzac, Celles, Jarnac, Guizengeard et dans quelques autres lieux. En tout, une petite quinzaine d’adresses sur les 134 producteurs à ouvrir leurs portes cette année. Le chiffre est à la hausse car la moyenne se situe plus près des 120. Quel temps fera-t-il les 10 et 11 août prochain ? On annonce un ciel couvert, avec menace de pluie mais menace seulement, pour ne pas détremper la fête. Un beau temps sur la côte est un sale temps pour les producteurs et inversement. L’an dernier, le nombre de visiteurs, à la louche, atteignait les 22-25 000, dont environ 20 % d’étrangers (de pays étrangers) et 40 % de la région Poitou-Charentes. Deuxième département touristique après le Var, la Charente côtière dispose d’un vrai vivier et les 1 500 panneaux estivaux sont là pour rappeler au touriste de se souvenir du Pineau. Apparemment, il s’en souvient de mieux en mieux puisqu’il pense même à en consommer chez lui, une fois rentré de vacances. C’est la grande satisfaction du Comité que de constater une hausse de ses ventes dans le Nord ou l’Est de la France. « Il y a quelques années, le touriste passait, découvrait le Pineau, en consommait sur place puis, ensuite, n’y revenait que l’année suivante. Aujourd’hui, la consommation de Pineau se délocalise et s’extrait du créneau estival » note Bernard Lacroux, président du Comité national interprofessionnel du Pineau. De mai 2001 à mai 2002, les ventes de Pineau des Charentes ont progressé de plus de 10 % pour atteindre 114 169 hl vol. Les ventes en France représentent 86 646 hl vol. contre 27 523 hl à l’export. Pour les responsables du Pineau, ces bons scores sont à mettre au crédit du dynamisme des opérateurs mais aussi des campagnes publicitaires conduites avec constante et souvent bonheur par le Pineau. Ces actions de communications pourraient-elles être remises en cause par une panne budgétaire ? Ce serait effectivement le cas en l’absence de rajustement des droits au niveau des VDN ou de déblocage de nouvelles aides. Dans sa publicité, le Pineau annonce « un caractère bien trempé ». Un caractère qui pourrait se vérifier à la rentrée.