Maurice Pichonneau était un homme plein de bon sens qui a eu une idée de génie quand il s’est intéressé à un brevet de système de pompe qui, à la fin des années 50, n’intéressait personne. Il a acheté le brevet et créé à Cognac en 1960 une toute petite société spécialisée dans la fabrication des pompes Aspic. Le produit avait un caractère innovant qui a tout de suite plu et trouvé un débouché dans diverses régions viticoles françaises. 27 000 pompes Aspic ont été fabriquées dans les ateliers de Cognac au cours des quarante derrières années. La PME a connu de bonnes et de plus difficiles périodes du fait de la concurrence des pompes à rotors souples et à piston. L’entreprise a cru dans son produit et l’a fait évoluer, et ce n’est pas hasard si aujourd’hui Pichonneau est un acteur reconnu dans l’univers du pompage des vins, des eaux-de-vie et de toutes les boissons alimentaires. Stéphane Bisleau, le petit-fils du fondateur qui dirige aujourd’hui cette entreprise familiale de 9 salariés, n’est pas étranger à cette réussite. Pour faire face à la concurrence au début des années 2000, il a choisi d’investir dans le développement technologique des pompes Aspic. Un pari osé à l’époque pour cette PME qui traversait une période difficile, mais, au final, les progrès techniques se sont révélés payants.
Un principe de pompage respectueux des liquides et très polyvalent
La pompe Aspic possède un principe de pompage différent dont les œnologues et de nombreux acteurs des spiritueux reconnaissent l’intérêt et la fiabilité. Le corps de la pompe, de forme cylindrique, est constitué d’une chambre d’aspiration et d’une chambre de refoulement qui communiquent au niveau de la partie supérieure. A l’intérieur de ces deux de pompage, deux pistons en élastomère spécifique (montés en opposition sur un arbre excentrique) déplacent alternativement le même volume de liquide en créant le vide nécessaire à l’aspiration. Les deux mouvements simultanés des pistons créent une aspiration et un refoulement continu du liquide sans phénomènes de pulsions, de cavitation et sans effet de retours internes. La spécificité du principe de pompage explique le respect des liquides au cours de l’action de pompage, la souplesse d’utilisation et l’aptitude à permettre des tranferts sans perte de charge à des vitesses de rotations très lente. Un même modèle de pompe Aspic peut s’adapter à des variations de débits allant de 5 à 150, 200 ou 300, ce qui permet d’envisager leur utilisation pour des natures de transferts très différents. Elles sont aussi adaptées à des pompages de gros débits de moûts derrière un pressoir qu’à des utilisations plus techniques comme les filtrations, les mises en bouteilles ou le remplissage des barriques. Des liquides de toutes natures ; très visqueux, troubles ou très clairs comme de l’huile, des lies, des moûts très bourbeux, de la vendange égrappée, des vins bruts (chargés en CO2) et filtrés, des eaux-de-vie… peuvent être pompés sans aucune contrainte, sans émulsion et en assurant les transferts à l’abri de l’air.
De nouveaux corps de pompe et des équipements annexes fonctionnels
Stéphane Bisleau et Alain Goasguen ont fait beaucoup évoluer la conception des pompes depuis dix ans, même si l’apparence extérieure paraît identique. Les nouvelles attentes de la filière vinicole en matière d’hygiène, de souplesse de pompage, de respect des réglementations vis-à-vis des matériaux au contact et de fiabilité ont été prises en compte. La fabrication des corps de pompes a profondément évolué pour à la fois en optimiser la qualité du produit (intérieure et extérieure) et rendre le montage plus rationnel. Les corps de pompe en inox 316 L sont désormais fabriqués à partir de pièces de fonderies dont l’obtention a nécessité la conception de moules spécifiques à chaque modèle (très coûteux). Ces éléments sont ajustés et montés dans les ateliers de l’entreprise à Cognac.
Au niveau de l’hygiène, la présence d’un bouchon de vidange situé en dessous le corps de la pompe permet une vidange complète entre deux utilisations. Ensuite, un gros travail a été fait depuis 15 ans sur les élastomères des pistons. Des variateurs de vitesses mécaniques et électroniques sont montés (sur demande et en option) pour réguler les variations de débit. Les nouveaux variateurs électroniques permettent des montées et des descentes de régime progressives. D’autres accessoires comme des commandes à distances, des bi-pass, une sécurité de surpression, un système d’arrêt automatique par absence de liquide sont proposés en série ou en option.
Des pistons en élastomère dont l’alimentarité a été validée par le BNIC
Le constructeur a souhaité utiliser une nature de caoutchouc pour les pistons rotatifs qui présente toutes les garanties en matière d’alimentarité pour les jus de fruit, les huiles, les vins et les spiritueux, et qui soit également fiable dans le temps. Un partenariat a été engagé il y a plus de 5 ans avec un fournisseur pour tester différents élastomères. Ce travail a débouché sur le choix d’un matériau conciliant les aspects de fiabilité et les exigences d’alimentarité. S. Bisleau a souhaité faire valider le nouveau produit par des essais à la Station Viticole du BNIC qui ont été concluants. Les résultats ont révélé qu’après une immersion prolongée de l’élastomère des pistons dans des eaux-de-vie, aucun phénomène de migration de composés nuisibles à la qualité a été observé (pas de phtalates). D’autres études de migrations de composés dans l’alcool ont été menées fin 2012 auprès du laboratoire IANESCO. L’absence de transfert de composés indésirables a débouché sur l’obtention de la qualification Environnementale Matériaux au contact du règlement communautaire CE n° 1935/2004. Aujourd’hui, les pistons en élastomère de qualité alimentaire sont en train de devenir un équipement de série des pompes Aspic.