Pérenniser la vitrine

27 juin 2009

Dans le périmètre de Saint-Sornin, il y a le vignoble des origines, celui implanté sur trois ou quatre communes du Montbronnais. Pour pallier les difficultés du moment, il a déjà profité d’un paiement différencié, accepté par la collégialité des adhérents. Un plan formalise cet engagement solidaire, en prévoyant des obligations pour les producteurs concernés.

 

L’idée est partie d’un constat simple. Si rien n’était fait, le vignoble des origines, celui qui justifie le nom et le particularisme de la coopérative, risquait de partir à vau-l’eau, faute de moyen de l’entretenir et de le renouveler. Les adhérents « Cognac » siégeant au conseil d’administration de Saint-Sornin l’ont bien compris. Depuis deux exercices, ils ont donné leur aval et, mieux, ont proposé un paiement différencié en faveur des vignerons de la zone, afin que ceux-ci « puissent vivre normalement de leur travail ». Ainsi, les producteurs de Saint-Sornin ont touché un prix moyen de 53 € le °hl, supérieur à celui des adhérents de la région délimitée. Avec retenue mais conviction, H. Jammet a salué la solidarité manifestée par ses collègues. « Vous en avez fait les frais, messieurs de la région de Cognac. Soyez-en remerciés. C’était une mesure importante pour continuer d’avancer et sans doute nécessaire. » Le paiement différencié avait été consenti sans contrepartie. C’est l’objet du plan de remise en état du Vignoble de Saint-Sornin que de mettre des obligations en face de la bonification de paiement. A noter que sur les 60 ha de vignes présents sur Saint-Sornin et les trois communes environnantes, le plan ne concerne que 30 ha. En fait, il s’agit du vignoble « vitrine », celui que l’on peut voir de la route et possédant les meilleures terres à vigne. A titre d’information, les 60 ha sont mis en valeur par trois exploitants vivant exclusivement des vins de pays charentais. Dans le projet de texte validé le 10 mars 2009, il est prévu que les viticulteurs du Montbronnais s’engagent à accorder un soin particulier à leurs vignes. Au-delà du parcours cultural normal, ils devront s’attacher à « faire beau » (davantage de faucillage, davantage de contrôle de l’enherbement, entretien des haies et des talus, fleurs au bout des allées…). Les vignerons de Saint-Sornin effectueront chaque année, gratuitement, quinze jours de travail pour le compte de la cave. Par ailleurs ils s’engageront à concéder chacun 1,5 ha à des investisseurs extérieurs, pour entretenir le côté « carte de visite », ambassadeurs du vignoble. Cet engagement portera sur cinq ans, renouvelable, sous peine de pénalité en cas de non-respect du contrat. A ce compte-là, la rémunération de 53 € le °hl sur une période de 5 ans leur ait acquise et si, par chance, ce tarif trouvait à s’appliquer à l’ensemble des apporteurs, les vignerons de Saint-Sornin seraient payés 20 % plus cher. Henri Jammet a réclamé de ses collègues du Montbronnais motivation et esprit d’entreprise. « On ne peut pas se battre pour un vignoble sans que ses producteurs soient partie prenante. » Dans le droit fil de cette dynamique de production, est projetée une gamme de vin issue exclusivement des coteaux de Saint-Sornin, destinée aux seuls particuliers et restaurateurs. « Il ne s’agit pas non plus de piquer dans la poche des autres. La démarche réclame de la cohérence. » En guise de ballon d’essai, a été élaborée une cuve de rosé des coteaux de Saint-Sornin. Au Concours général agricole, le vin a obtenu une médaille d’argent. Un bon début pour un vignoble décrit par H. Jammet comme la « clé de voûte de la cave mais qui avait besoin d’un sérieux lifting ».

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