Pineau / démarche collective AVP-COVITIS : Inauguration du nouveau site d’embouteillage

26 décembre 2014

Un bâtiment de 1 000 m2, un site d’embouteillage d’une capacité de 3,5 millions de cols… Le nouveau site de mise en bouteille d’AVP Covitis, fondée par quatre structures viticoles très impliquées par le Pineau, a été inauguré le 30 octobre dernier à Chevanceaux. Un investissement conséquent, qui facilitera les démarches de traçabilité et de sécurité alimentaire. Un gage de pérennité commerciale pour les opérateurs concernés et, quelque part, pour la filière Pineau.

p51.jpgEn bordure de la RN 10, à la sortie de Chevanceaux, sur le site du Feynard (sarl Bertrand), le bâtiment se distingue à peine. Il faut dire qu’il est légèrement encaissé, pour des raisons de prévention des risques (bac de rétention).

Ce jeudi 30 octobre, devant la façade blanche habillée de bois, les tables sont dressées, la sono en place. Dans quelques instants, l’inauguration officielle aura lieu. Pascal Guilloton, gérant d’AVP-Covitis en même temps que du Domaine de la Ville (famille Caillet), prend la parole. Il remercie d’abord les anciens, Michel Bertrand, Raymond Bossis, Jean Doussoux, Jacques Caillet pour avoir fondé les bases de ces entreprises investies dans le Cognac et surtout le Pineau des Charentes. Il raconte comment, en 2009, AVP (Alliance pour la Valorisation des Pineaux) est créée entre quatre structures viticoles : Domaine de la Ville à Saint-Thomas-de-Conac, Sarl Bertrand à Chevanceaux, Jean-Luc Bossis à Saint-Bonnet-sur-Gironde, Scea Doussoux-Baillif à Saint-Palais-de-Phiolin. A l’origine, il s’agit de sécuriser les volumes mis à disposition du négoce acheteur et, pour les viticulteurs, de stabiliser les variations de prix. A elles quatre, les structures élaborent 10 000 hl vol. de Pineau par an, soit 10 % de la production régionale. A cela, il faut ajouter 2 000 hl vol. de Pineau achetés sous contrats triennaux à des apporteurs et un stock permanent de 2 000 hl vol. A l’époque, lors de la création d’AVP-Covitis, il n’est pas question de mise en bouteille. A travers le projet initial, les quatre opérateurs Pineau cherchent davantage à structurer leurs relations. « Indépendants nous sommes mais avec la volonté de nous organiser collectivement. »

Sécuriser le conditionnement

En 2012 cependant, un nouvel élément va décider de l’inflexion de la structure. La Distillerie des Moisans, à Sireuil, avec qui travaille AVP-Covitis, décide de se retirer de la mise en bouteille du Pineau et, plus globalement, de l’approvisionnement de la centrale d’achat Carrefour en MDD (Marques de distributeurs). La transition se fait en bonne intelligence. Mais si AVP veut conserver son courant commercial, il va lui falloir solutionner le problème du conditionnement. Ce sera la genèse du nouveau site de mise en bouteille.

En 2013, décision est prise d’une augmentation de capital conséquente. La Sarl accueille un 5e actionnaire en la personne de Karim Tati, conseiller d’entreprise. Pour tous, le projet est clair : « pérenniser nos marques distributeurs, développer nos propres marques en France et à l’export, voire développer une force de vente commune. » La société a dans le viseur la norme de sécurité alimentaire IFS, qui fait référence dans le monde de la distribution alimentaire. Date pressentie : juin 2015. Cela s’accompagnera de tout un effort de traçabilité en amont, sur les propriétés.

En octobre 2013, est lancé le chantier du nouveau site d’embouteillage. Pour des raisons d’économie de coûts et de practicité, les partenaires choisissent de l’adosser aux installations déjà existantes de la Sarl Bertrand, à Chevanceaux. L’équipement sera livré clé en main en juillet 2014.

Un investissement conséquent

Entre le bâtiment, la nouvelle chaîne de mise en bouteille et la cuverie, l’investissement s’élève, hors fonds de roulement, à 1,5 million d’€ (870 000 € pour le bâtiment, 722 000 € pour la chaîne de conditionnement et la cuverie). Il va bénéficier d’aides de deux origines : aides du Conseil général 17 (200 000 €) pour le bâtiment via la Semdas, une société d’économie mixte filiale de la Caisse des dépôts ; subvention de FranceAgriMer (255 000 €) pour l’équipement lié aux vins et Pineaux. Pour financer le solde – un million d’€ – les actionnaires sollicitent un pool bancaire constitué du Crédit agricole, de la Banque populaire et du Crédit Mutuel Océan.

Présent le jour de l’inauguration, le sous-préfet de Jonzac a salué dans un discours enlevé et bref la « belle vitrine pour les produits de terroirs » et surtout « la capacité des viticulteurs à s’organiser ensemble ». « Se retrouver permet de faire de grandes choses. » Le maire de Chevanceaux s’est dit un maire heureux, lui qui connaît sur sa commune plusieurs projets structurants (Maison de santé…). Avec humour, il a salué l’architecte du bâtiment, Sophie Lavergne, une jeune femme qui avant de s’installer à Chevanceaux exerçait « dans une petite ville à 60 km d’ici, Bordeaux ». Ne jamais désespérer des territoires ruraux. Ils ont de la ressource et des arguments compétitifs.

Bio express

Agé de 44 ans, Karim Tati a une longue expérience professionnelle dans le domaine de la comptabilité et du conseil aux entreprises. Avant de s’installer en consulting et en conseils, il travailla en temps que comptable au CGCA, le Centre de gestion de la Chambre d’agriculture 17 puis au Centre de gestion Océan (CGO) avant de terminer comme conseiller d’entreprise au CER Poitou-Charentes. Après avoir suivi en comptabilité AVP-Covitis, il fut amené à réaliser une étude sur la faisabilité et la rentabilité de la structure. « Pour montrer que le projet était viable, j’ai pensé que le meilleur moyen était encore de m’engager à titre personnel, en apportant un peu de capital. » Par convention signée avec AVP-Covitis, sa société s’occupe du suivi financier et notamment des flux de trésorerie de la structure avec les banques et les fournisseurs.

Fils de Jean-François et de Brigitte Bertrand, Matthieu Bertrand est le responsable technique de l’embouteillage à AVP-Covitis. « La personne vers laquelle on se retourne quand ça va mal » dit-il en souriant. Avec Jean-Luc Bossis, il a joué le rôle de guide le jour de l’inauguration.

Quel âge a-t-il Matthieu Bertrand ? Guère plus de 25 ans sans doute. Mais quand il parle, ses explications tombent justes et claires. Une belle maîtrise de son sujet, une vraie maturité. Il a présenté la nouvelle chaîne de conditionnement, en place depuis juillet dernier. A pleine charge, ce type de machine peut embouteiller 3,5 millions de bouteilles l’an, 5 000 bouteilles/heure. Mais le poste étiquetage (dépose d’étiquettes) représente le facteur limitant. Ainsi, le rythme de croisière annuel est-il plus proche des 2,5 millions
de bouteilles. Si le système de tirage n’a rien de révolutionnaire, c’est plutôt en fin de chaîne que la nouvelle ligne montre ses capacités. Un robot met en carton et palettise. Une véritable avancée sur ce type d’équipement. A la clé, simplification des procédures, réduction de la pénibilité. La chaîne tourne en continu avec deux personnes dans son environnement immédiat et trois pour les opérations d’alimentation, surveillance, traçabilité. Le choix des partenaires s’est porté sur des équipements modulables, qui s’adaptent à de nombreuses formes de bouteilles, de bouchons (trois systèmes de bouchage), avec le moins de manipulations possible. Le rinçage des bouteilles s’effectue à l’eau ou à l’air, à la demande des associés ou des clients, car AVP-Covitis est aussi prestataire de services.

 

 

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