Pineau des Charentes : « AOC d’avenir, responsable, dynamique … »

4 juin 2013

Un programme d’attribution de droits nouveaux de 110 ha par an pendant quatre ans… C’est ce que la filière Pineau des Charentes vient d’obtenir, à l’issue d’une démarche éclair, volontariste et convaincue. Réactivité totale de la part des services de l’INAO, à l’échelon local comme national. Le « Plan de sauvegarde du potentiel de production de l’appellation » se met en place sans tarder. Pour les premières plantations en 2014, les dossiers de demande devront être déposés au plus tard le 30 juin prochain.

p9.jpgLa filière Pineau a commencé à l’envisager début 2013. Le 25 avril 2013, Jean-Marie Baillif en faisait l’annonce officielle devant les producteurs réunis en assemblée générale du syndicat. L’attribution, pour le Pineau, d’un contingent de 440 ha de droits nouveaux sur 4 ans fut une affaire rondement menée. Sans doute les protagonistes ont-ils su frapper aux bonnes portes ; sans doute se sont-ils montrés suffisamment pugnaces et convaincants. Mais, aussi, le dossier devait-il être suffisamment charpenté. Un dossier bancal ne serait pas passé, surtout dans des délais aussi courts.

Sa vitesse de croisière, le Pineau des Charentes la trouve autour d’une production de 110-120 000 hl vol. pour des sorties d’à peu près du même tonneau. C’est sur ce niveau de visibilité (au-dessus des 100 000 hl vol.) que s’accorde la filière. Or, aujourd’hui, la production est plus proche des 90 000 hl vol., pour des raisons diverses et variées (effet petite récolte, concurrence exacerbée du Cognac…). Et comme l’on ne peut vendre que ce que l’on a produit… Sans véritablement parler de « danger de mort », la filière se sentait déstabilisée. Elle se devait de réagir et vite encore, avant que de possibles autres initiatives viennent lui voler la priorité. Un nom s’est rapidement imposé : « Plan de sauvegarde du potentiel de production de l’appellation. » Un duo de choc s’est constitué, composé de Jean-Marie Baillif, président du Syndicat des producteurs et de Jean-Bernard de Larquier, vice-président mais surtout président du comité régional de l’INAO. Ce sera lui qui, en tant que représentant de la région délimitée au Comité national de l’INAO, ira discuter avec Paris et les autres régions viticoles. Tard dans la nuit du 18 avril, il mettait encore au point les dernières virgules d’un Plan présenté le 19 avril 2013 à la commission permanente du Comité national vins et eaux-de-vie de l’INAO et validé par elle à cette date. Il ne faudrait pas oublier non plus deux rouages essentiels, Patrick Raguenaud, président du Comité national du Pineau des Charentes (membre du négoce) et Sébastien Archambaud, directeur du Syndicat des producteurs. A eux quatre, ils seront un peu les cautions morales mais aussi les « inventeurs » du Plan, dans ce qu’il a de plus novateur. Pour Jean-Bernard de Larquier, « c’est la solidarité et l’unité régionale qui auront été les meilleurs atouts du Pineau ». Lui-même et Jean-Marie Baillif ont adressé leurs chaleureux remerciements aux services de l’INAO, régionaux comme nationaux, pour leur réactivité. Sans oublier Christian Paly, président du Comité vins et eaux-de-vie de l’INAO qui a défendu en personn e le dossier du Pineau. « Un grand merci à lui » a dit le président du Syndicat des producteurs.

Quand il a fallu concevoir le Plan, qu’est-ce qui a guidé la réflexion de la filière Pineau ? Jean-Marie Baillif a employé trois mots-clés : fidélité, engagement, dynamisme. A travers cette attribution de nouveaux droits, il s’agissait en effet de récompenser la fidélité d’opérateurs qui ont cru et continuent de croire au Pineau (et qui, à ce titre, demeurent les meilleurs garants de la pérennité de la filière) ; s’assurer de l’engagement des producteurs dans la filière ; et enfin ne pas attendre « les calendes grecques » – en l’occurrence 2017-2018 – pour voir les premiers effets du plan mais anticiper au contraire sa réalisation, dès 2014. En découlèrent des critères d’attribution – critères nationaux de recevabilité, critères régionaux de priorité – dont l’ensemble fut validé par l’INAO.

Devant une salle pleine, au premier étage de la Maison de la vigne et des saveurs d’Archiac, Sébastien Archambaud a décliné toute cette panoplie, certes un peu complexe mais conçue pour tendre vers des objectifs précis.

Comme déjà dit, le programme d’attribution des droits nouveaux – dans le cadre du système existant de la réserve nationale – court sur quatre ans, sur la base de 110 ha par an. La première campagne de plantations va démarrer en 2014. Conseil de
J.-M. Baillif aux producteurs : « Ne vous arrêtez pas à une seule année. Raisonnez votre projet global en fonction de vos marchés, de vos besoins. »

Dépôt des dossiers au 30 juin

Pour les plantations 2014, les dossiers de demande d’attribution de droits sont à déposer au centre INAO de Cognac avant le 30 juin. C’est dire que la réflexion doit s’engager rapidement. « N’hésitez pas à appeler Sébastien pour de plus amples explications » a engagé J.-M. Baillif. Précision importante : les dossiers de demande ne seront pas envoyés directement aux ressortissants. Il faudra les demander au service régional de l’INAO. Ils sont normalement disponibles à partir de la mi-mai. Coût du dossier : 170 €. De même, les transferts de droits se négocient sur la base de 1 000 € l’ha (droits gratuits pour les J.A.). Mais qu’est-ce que 1 000 € comparés à l’achat d’un ha de vigne. Reste le cœur du réacteur : les critères d’attribution. Sébastien Archambaud a consacré une bonne demi-heure à les passer en revue.

Première chose : la profession du Pineau a décidé d’adresser « un signal fort » aux J.A. (Jeunes Agriculteurs) engagés dans la filière Pineau, en leur accordant un substantiel « coup de pouce ». Sur l’enveloppe annuelle de 110 ha, un contingent de 10 ha leur est exclusivement réservé, sans que cela les empêche d’émarger au contingent de 100 ha de transferts ouverts à tous, pour lequel ils jouissent également d’un critère de priorité.

Deuxième chose : au nom de « l’engagement durable des producteurs dans la filière Pineau », il a été décidé de lier l’attribution des droits nouveaux à la superficie des moûts récoltés en 2012. Une règle de proportionnalité va s’appliquer, au taux de base de 15 %. Exemple d’un viticulteur ayant élaboré, en 2012, du Pineau sur 3 ha, dont 1,07 ha de moûts. L’attribution de base sera de 16 ares 05. Ce taux de 15 % est plafonné à 5 ha. A noter que rien n’empêche le producteur de Pineau de demander des droits pour plus de 15 % de sa superficie moûts Pineau (17, 18, ou 20 %…), au cas où l’enveloppe ne serait pas toute consommée et où il existerait du « rab ». Quant aux micro-affectations de surfaces – les surfaces moût Pineau inférieures à 10 ares – elles héritent d’un plancher d’attribution d’1,5 are.

Après avoir détaillé ces éléments, le directeur du Syndicat des producteurs s’est attaqué à un « gros morceau » : les critères de recevabilité et de priorité.

En ce qui concerne les critères de recevabilité, il en existe une dizaine mais trois principaux se détachent :

l On ne délivre pas de droits nouveaux à des producteurs qui possèdent des droits en portefeuille.

l On ne délivre pas non plus de droits nouveaux à des structures qui présentent des vignes en friches ou mal entretenues.

l Enfin, on ne délivre pas de droits nouveaux à des structures qui n’ont pas revendiqué 90 % des surfaces affectées au Pineau au cours des trois dernières années.

Sur la question de savoir qui sera prioritaire pour l’attribution de droits nouveaux, un premier critère va chapeauter tous les autres. Il touche à l’affectation parcellaire pour 2014. C’est tout le côté « dynamique » que la filière Pineau souhaite insuffler à son Plan.

Va être considéré comme « prioritaire parmi les prioritaires » celui qui va augmenter son affectation parcellaire « moûts Pineau » pour 2014 (déclaration d’affectation avant le 30 juin 2013). Cette augmentation des surfaces moûts Pineau devra représenter au moins 40 % des droits nouveaux qu’il va solliciter.

Par exemple, si le viticulteur souhaite planter 1 ha de droits nouveaux en 2014, il devra augmenter de 40 ares sa superficie affectée aux moûts Pineau pour la même année 2014, s’il veut être considéré comme prioritaire. (1)

Cette stratégie a pour effet d’enclencher immédiatement l’effet du Plan, sans attendre l’arrivée en production des premières plantations (2017 et même 2018 avec l’affectation l’année N + 1). Naturellement, qui dit moûts Pineau dit son corollaire Cognac (équilibre 40 %/60 %). Dès la récolte 2013, il va donc falloir provisionner le Cognac supplémentaire nécessaire au mutage (en l’occurrence 60 ares en plus pour 1 ha de droits nouveaux). « Pour certains, cela peut être un facteur limitant » reconnaît le président du Syndicat des producteurs de Pineau. Il faut bien voir aussi que cette affectation supplémentaire s’effectue pour une surface prévisionnelle. Si cette surface n’est pas attribuée (ou pas dans sa totalité), l’affectation demeurera. En sens inverse, si le viticulteur obtient plus que sa demande initiale, il n’aura pas à réajuster son affectation. Il sera « gagnant ».

En marge de la priorité liée à l’augmentation de l’affectation, trois autres priorités vont jouer :

– Priorité aux Jeunes Agriculteurs : comme déjà dit, les J.A. disposent non seulement d’un contingent spécial de 10 ha mais jouissent d’un accès privilégié à l’enveloppe globale. Autrement dit, les J.A. vont pouvoir « manger aux deux râteliers » : sur les 10 ha qui leur sont réservés mais aussi sur les 100 ha de transferts. Le cumul est possible. Dans le cadre du Plan Pineau, est reconnu comme J.A. celui qui bénéficie d’une DJA et/ou a souscrit un prêt J.A. mais aussi a inscrit le Pineau dans son PDE (Plan de développement de l’exploitation) avant le 31 juillet 2012. La possibilité d’un avenant simplifié pour intégrer le Pineau au PDE existe cependant. Il faut juste veiller aux questions de délais.

– Priorité aux producteurs qui ont réalisé 100 % de leur affectation sur la récolte 2012.

– Priorité aux producteurs qui planteront à plus de 3 500 pieds/ha.

Remis avant le 30 juin prochain, les dossiers vont être étudiés par les agents INAO du centre de Cognac, durant les mois de juillet et d’août. Seront éliminés d’emblée tous les dossiers ne répondant pas aux critères d’éligibilité. Ensuite, les agents passeront au crible les différentes situations pour établir les propositions d’attribution. En novembre 2013, le CRINAO soumettra cette liste à l’échelon national de l’INAO, pour un retour attendu début d’année 2014. Pourra alors s’ouvrir la première des quatre campagnes de plantation.

Un producteur s’est demandé si tous les cépages étaient éligibles aux droits nouveaux ou seulement les cépages autres que Vin Blanc Cognac ? Réponse de Jean-Marie Baillif : « tous les cépages bien sûr. » Pour justifier cette position, l’un des argumentaires forts du syndicat est de dire que les cépages rouges participent déjà pour un certain pourcentage à l’élaboration de Pineau blanc. Afin de conserver la typicité de l’appellation, il n’est pas souhaitable de voir s’accentuer cette tendance.

Une autre question se pose, relative aux nouveaux producteurs. Sont-ils les bienvenus dans l’appellation ? Pourront-ils profiter de l’ouverture des plantations ? « Tout à fait, s’est exclamé J.-M. Baillif. Simplement, en 2013, ils ne disposent pas de références. Pour 2014, ils ne pourront donc postuler qu’à hauteur de 1,5 are, comme n’importe quel petit producteur. Mais rien ne les empêche d’affecter des surfaces pour 2014 et, dès 2015, obtenir davantage de droits nouveaux. »

En point d’orgue, le président du Syndicat des producteurs est revenu sur l’esprit qui anime le Plan de sauvegarde du potentiel de production : « Avec ce programme pluriannuel, nous avons choisi de privilégier la durée et la modération. Une nouvelle page se tourne pour l’appellation, que je souhaite plus belle, plus dynamique, plus valorisante aussi. Il appartient maintenant à chacun d’entre vous, là où vous vous trouvez, sur les marchés qui sont les vôtres, de mesurer les opportunités que vous offre le Plan. »

(1) Un conseil concernant le critère de 40 % : ne pas arrondir en dessous du chiffre mais plutôt au-dessus au risque, sinon, de voir sa demande considérée comme non prioritaire.

Brèves Pineau
La production des coopératives en baisse – L’appellation Pineau compte 555 producteurs. Les six dernières années ont vu le nombre des producteurs-coopérateurs décroître de – 22 %, alors que chez les producteurs à titre individuel, l’érosion était plus contenue (- 7 %). Aujourd’hui, la coopération représente 26 % de la production Pineau, avec des volumes en recul de – 18,8 % sur la dernière récolte. Proportionnellement, la part des caves particulières a progressé. Elle atteint aujourd’hui 74 % de l’approvisionnement. Cette modification des équilibres n’est pas sans interpeller la filière.
Etude « Usages et attitudes » – L’étude de consommateurs réalisée par l’agence Quai des Orfèvres, dévoilée à l’AG des producteurs, montre un Pineau bien adapté à l’apéritif, un point fort quand on sait que l’apéritif a tendance à vampiriser les autres moments de consommation. Par contre, le Pineau apparaît comme un produit un peu trop « segmentant » – son côté sucré – alors que les consommateurs recherchent des produits rafraîchissants, désaltérants (voir le succès du « Rosé pamplemousse »). Les recommandations : travailler l’innovation, faciliter la reconnaissance du Pineau en linéaire, créer le réflexe mnémotechnique du Pineau à apéritif…
Une chute des surfaces – C’est pour enrayer la chute des surfaces Pineau que le Plan de sauvegarde du potentiel de production a été enclenché. En 10 ans, la surface totale (moûts Pineau et Cognac) est passée de 5 000 ha à 2 400 ha. Ce n’est qu’au prix d’une augmentation des rendements (des surfaces moût Pineau mais aussi des surfaces Cognac) que la production a pu être préservée. Cependant, sur son stock, l’appellation a perdu un peu plus de 90 000 hl vol. en dix ans, l’équivalent d’une récolte. « Il est impératif de reconstituer notre stock » soutiennent les producteurs.
Le Pineau gagne de l’argent – En 2003, le chiffre d’affaires moyen d’un ha Pineau ne dépassait pas 3 920 €. Aujourd’hui, il s’élève à 12 360 € par ha. « Quand on cite ces chiffres, ils surprennent toujours » reconnaît
J.-M. Baillif, pas mécontent de prendre à revers l’idée commune. « Notre économie est viable, assure-t-il. C’est ce que nous avons dit au ministère pour défendre notre dossier. » Le prix du Pineau vrac s’établit actuellement à 280 €/hl vol. « Compte tenu de l’augmentation des charges, cette progression des cours doit se poursuivre mais de façon mesurée et sage » ponctue le président du syndicat.
Patrick Raguenaud, président du Comité interprofessionnel du Pineau des Charentes – Pour Patrick Raguenaud, les atouts du Pineau sont nombreux. « Son terroir, son histoire, son savoir-faire, dit-il, sont des valeurs que le consommateur apprécie. Des opérateurs valorisent bien voire très bien le Pineau. Les associations qui se mettent en place entre producteurs et négociants sont gage de pérennité et de solidité pour la filière. »

« Une demande légitime » : interview de Christian Paly

En tant que président du Comité vins et eaux-de-vie de l’INAO, Christian Paly a porté la demande de plantations nouvelles du Pineau des Charentes devant ses pairs de la commission permanente de l’INAO.
Vous avez été sollicité par l’appellation Pineau des Charentes.
L’ODG « Pineau des Charentes » a en effet pris contact avec l’INAO. Dans le cadre des appellations, c’est l’INAO qui gère pour le ministère de l’Agriculture les demandes de contingents de plantations nouvelles. Nous sommes intervenus très en amont. Le Pineau des Charentes était confronté à une vraie difficulté liée à la superposition de zones entre le Cognac et sa propre appellation, dans un contexte où le Cognac exerce une très forte attractivité économique. In fine, les surfaces Pineau se trouvaient en position de repli, alors que la demande est assez soutenue.
Quelle fut votre contribution ?
Nous avons réfléchi ensemble aux critères de recevabilité, ainsi qu’aux critères de priorité. L’idée dominante a consisté à ce que les critères retenus ne présentent pas de caractère discriminatoire. Sur les deux dernières années, le Conseil d’Etat a cassé plusieurs dossiers sur cette base. Pouvoirs publics comme INAO se montrent très vigilants à cet égard.
Votre décision s’est appuyée sur quoi ?
Nous avons souhaité avoir une vision la plus exacte possible du devenir économique de la zone délimitée. C’est pourquoi nous avons demandé des éléments chiffrés à l’interprofession du Pineau mais aussi à l’interprofession du Cognac. Nous avons beaucoup échangé avec ces deux entités. La commission permanente de l’INAO a pris sa décision en fonction de ces éléments.
Dans quel état d’esprit les « gens du Pineau » se sont-ils présentés à vous ?
Ils ont manifesté beaucoup de conviction sur ce dossier mais la conviction ne fait pas tout. C’est leur capacité à apporter un éclairage économique qui fut déterminante.
Ce dossier présentait-il une spécificité ?
Pas vraiment sinon la présence, sur une même zone, de deux appellations à la fois très différentes mais aussi très interdépendantes. Il fallait retenir des critères spécifiques au Pineau, qui créent une sorte « d’étanchéité » entre les deux appellations. Ce fut, d’une certaine façon, du « cousu main ».
Vous avez vous-même présenté le dossier devant la commission permanente de l’INAO.
J’ai l’habitude de ne pas faire les choses à moitié. Quand je préside une structure, je m’engage et je porte jusqu’au bout les dossiers dont j’ai la responsabilité.
La réactivité de l’INAO a été soulignée.
Une fois la demande reconnue comme légitime, il paraissait assez normal d’aller vite. On ne plante pas une vigne en été ou en automne. Cette volonté d’accélérer le cours des choses, je me l’applique à moi-même et j’entends que l’INAO se montre aussi réactif.

Témoignages :

EARL Vignobles Péronneau – Pouillac (canton de Montlieu-la-Garde)

Yannick et son père produisent annuellement environ 400 hl vol. de Pineau. L’exploitation consacre aux moûts Pineau 4 ha 30. Pour l’EARL, le programme de plantations nouvelles « tombe à pic ». « Nous avions le projet de nous agrandir pour produire davantage de Pineau. Cela se fera un peu plus vite que prévu. » Installé comme J.A. il y a deux ans, Yannick a l’intention de demander un ha par an pendant les 4 ans du Plan. « A priori, sur la base des 15 %, nous aurions droit à 70 ares par an mais nous allons en demander un peu plus, au cas où tout le monde ne serait pas intéressé et qu’il y aurait du reliquat. » L’exploitation vend une partie de sa production Pineau en bouteilles et l’autre partie en gros à un négociant, avec lequel la lie un accord verbal, depuis des décennies. « Nous avons toujours travaillé ensemble. Il nous avait demandé de produire un peu plus de Pineau blanc. C’est l’occasion. » Ainsi, l’augmentation d’affectation (équivalente à 40 % des droits nouveaux demandés) ne gêne pas les producteurs. « De toute façon, c’était prévu. » La seule crainte de l’EARL ! Que Yannick ne puisse pas modifier son PDE « en temps et en heure » afin d’introduire un avenant Pineau. Il paraît que les délais sont plus longs en Charente-Maritime qu’en Charente.

Vignobles Boule & Fils – Boisredon (canton de Mirambeau)

Le GAEC compte trois associés, Vincent, son père et son oncle. L’une des particularités du Vignoble est d’écouler la quasi-totalité de sa production en bouteilles et la propriété compte tout de même 40 ha de vignes. Il faut dire qu’une partie de l’exploitation se situe en Blayais. Mais l’exploitation vend aussi du Vin de pays charentais et du Pineau (5 ha de moûts Pineau). Seul le Cognac part en vrac (à l’exception de quelques caisses vendues sur le marché français). Toutefois le Cognac est marginal sur l’exploitation. « Nous pouvons passer plusieurs années sans en vendre. »

En terme de plus-value/ha, le vin arrive en tête suivi du Pineau. « Il nous assure une marge confortable, surtout depuis l’augmentation des rendements. » « Et puis, rajoute V. Boule, c’est un produit qui me plaît. J’aime voir les clients contents. »

La vente directe existe sur l’exploitation depuis les années 75. C’est le grand-père de Vincent Boule qui l’a lancée, suite à la crise du Cognac. Installé depuis 2003, Vincent Boule a 32 ans. Il ne s’attendait pas à ce que le syndicat du Pineau prenne l’initiative d’un programme de plantations nouvelles. « Cela m’a surpris. Spontanément, je me disais que l’appellation allait courir à sa perte mais j’ai compris que nous avions besoin de volumes, pour nous développer et faire connaître le produit. » « Le truc bien, dit-il, c’est que les producteurs fidèles sont récompensés. Les droits sont pour eux, pas pour ceux qui font le yo-yo entre le Pineau et le Cognac. Je trouve la démarche cohérente. »

L’exploitation va demander un ha sur l’ensemble du Plan, ce qui correspond à ses besoins. Récemment, le Vignoble avait reçu une demande à l’export. Mais avait décliné la proposition. « Nous n’avions pas le volume nécessaire ». Il va pouvoir réviser sa réponse.

 

 

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