Le Comité réfléchit à un contrat cadre interprofessionnel

15 mars 2009

Non seulement se parler mais essayer de construire ensemble… viticulture et négoce s’y emploient, sur fond de hausse des prix du Pineau vrac. Mais la confiance a encore besoin d’être restaurée.

 

 

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Jean-Marie Baillif.

Jean-Marie Baillif, président du Syndicat des producteurs, en est persuadé. « Nous devons nous organiser entre professionnels. Car en face de nous, nos clients se comportent en professionnels. » Francis Barat, président du Comité national du Pineau, ne dit pas autre chose : « Nous devons essayer de mettre en place un dispositif qui évitera les erreurs du passé : fluctuations des cours, contexte où ni la viticulture ni le négoce ne gagnaient leur vie… » Après une période de glaciation de sept ou huit ans où tout se passait comme si une chape de plomb pesait sur la filière – situation peut-être due à des cours très bas, qui favorisait l’autisme de certains – depuis un an, les discussions ont repris entre viticulture et négoce. Est-ce à mettre au crédit du raffermissement des cours ? En tout cas, c’est un fait : les deux familles se parlent à nouveau. Et les choses bougent : évolution du rendement du Pineau, mise en place d’une réserve qualitative qui vaudra pour le futur si elle ne vaut pas pour le présent. Afin de fluidifier les échanges commerciaux, l’accord interprofessionnel du 17 décembre 2007 a entériné l’avancement de la date d’agrément du Pineau blanc de la récolte 2006. Au lieu d’être fixée au 1er avril 2008, cette date d’agrément est ramenée au 1er janvier 2008. Tout se passerait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes Pineau ? Oui et non. La hausse des cours du Pineau vrac – de 40 à 50 % en moins d’un an – est en train de faire souffler un vent de malaise chez les négociants. Leur crainte ? Etre pris au piège de la surenchère des prix. « Nous voulons bien payer le Pineau vrac à un prix raisonnable mais le produit doit rester vendable ! » Et d’évoquer des risques de baisse des ventes voire, carrément, de déréférencement du produit auprès d’enseignes de la grande distribution. « Le jour où il ne se vendra plus de bouteilles, la filière ne s’en portera pas mieux. Le Pineau n’est tout de même pas un produit stratégique. Et, qu’on le veuille ou non, il a des concurrents, qu’ils s’appellent Martini ou autres. » Premier stigmate de cette fébrilité de l’aval : en assemblée interprofessionnelle, le négoce a refusé de renouveler en l’état la CVO* communication. Après que le doute ait même plané sur son éventuel boycott, la CVO communication a bien été votée mais 30 % au-dessous du niveau de l’an dernier. Justification du négoce pour ce mouvement de mauvaise humeur : « ce n’est pas la peine d’aller payer de la communication sur un produit que l’on ne trouve plus sur le marché ». Pas de longs commentaires des producteurs sur cet épisode, que tout le monde, manifestement, souhaite oublier au plus vite. Demain est un autre jour et l’interprofession se reverra l’an prochain sur le sujet, puisque le vote des CVO est annuel. Juste Christian fait-il remarquer que cette amputation de 30 % fait perdre un quart des subventions « que l’Etat est disposé à nous accorder » (montant d’aide à dû concurrence de la contribution des professionnels).

meilleure visibilité sur les prix

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Francis Barat.

Mais la véritable négociation du moment est ailleurs. Elle porte sur le projet de contrat cadre interprofessionnel, comme il en existe ailleurs et de fameux (voir l’exemple de la Champagne de Reims). Il s’agit d’un contrat de droit privé mais dont les termes sont négociés collectivement. Comme son nom l’indique, il a vocation à servir de cadre, ou de modèle, aux contrats que signent les acheteurs avec leurs fournisseurs. Objectivement, dans une période comme celle traversée par la région délimitée en ce moment, les négociants Pineau verraient d’un très bon œil un contrat cadre qui leur garantirait une visibilité de prix. Un producteur le dit plus crûment : « Les négociants sont en train de re-signer des contrats pour les six prochains mois et ils ne savent pas trop à quels prix les signer. Ou plutôt, ils sont en train d’acheter de la marchandise plus cher qu’ils ont vendu les bouteilles. Dans ces conditions, ils voudraient bien avoir la garantie d’un prix fixe. » A priori, la famille viticole n’est pas contre, elle qui a toujours défendu le principe de la contractualisation viticulture/négoce. « Arrêtons de fonctionner sur le court terme. Privilégions le moyen terme » soutient le président du syndicat Jean-Marie Baillif à chaque fois qu’il le peut. Seul petit hiatus. La confiance doit être restaurée. La viticulture ne semble pas tout à fait prête à signer un chèque en blanc au négoce. Même le « consensuel » J.-M. Baillif le reconnaît, qui parle « d’une confiance à retisser sur le moyen terme, en reconstruisant la filière ». Christian Baudry, lui, n’y va pas quatre chemins : « Quand ça vaut rien, le négoce en profite. C’est la loi du marché ! Quand la tendance s’inverse, la loi du marché n’a plus cours. Il faut signer d’urgence un accord sur le prix ! Si le négoce accepte que le balancier aille trop loin dans un sens (comprendre la chute des cours), il doit admettre qu’il aille trop loin dans l’autre sens avant de se stabiliser au point d’équilibre. »

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Christian Baudry.

Après avoir mis « les points sur les i » et revendiquer la nature de ses propos, l’ancien président du Comité national du Pineau se montre plus constructif. « A travers un contrat cadre, nous comprenons bien l’objectif du négoce de lisser les prix à la hausse. Nous pourrions même souscrire à son intention si nous n’avions pas la crainte que les engagements individuels des négociants soient dénoncés à la première baisse des cours. » Pour l’ancien président du Comité du Pineau, il n’y a qu’un contrat qui vaille, le contrat à long terme sur trois ans. D’un véritable partenaire, il aimerait entendre le langage suivant : « Face à l’inévitable augmentation du prix du Pineau, interrogeons-nous sur la stratégie à mettre en place pour que le consommateur accepte cette augmentation. » Les conjectures sur la probable baisse des ventes en cas de hausse des prix lui semblent du « bla-bla ». « Personne n’est en mesure de le savoir. » Quant à la crainte de perdre des marchés « bas de gamme », il propose de ne pas s’en émouvoir outre mesure. « Ces volumes représentent peut-être 10 % du marché. S’ils disparaissent – ce qui n’est pas prouvé – resteront les débouchés plus rentables qui, eux, monteront. » On imagine quelle odeur de soufre dégage ce genre d’assertions auprès des négociants qui subissent la pression de leurs clients. Vaille que vaille cependant, les négociations continuent entre une famille viticole du Pineau composite, où plusieurs sensibilités cohabitent et une famille du négoce sans doute plus homogène mais également pétrie de nuances. Dans ce contexte, l’idée d’un contrat cadre interprofessionnel fait son chemin… avec de bonnes chances de succès.

 

Des réunions de secteurs

Comme tous les ans, le Syndicat des producteurs de Pineau
convie ses adhérents à des réunions de secteurs, en préparation de son assemblée générale, prévue le 24 avril à Saintes.

Les dates :
– Jeudi 21 février à Matha (9 h 30)
– Mardi 26 février à Barbezieux (14 heures)
– Jeudi 28 février à Gémozac (14 heures)

 

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