Petite Histoire De La Verrerie Cognaçaise

29 mars 2009

Comme nombre d’industries, la verrerie cognaçaise est née d’un besoin, celui des négociants de Cognac. Alors que le Cognac circulait traditionnellement en fûts, vers la fin du XVIIIe siècle certains négociants commencent à expédier quelques bouteilles à des clients. C’est le cas d’Augier ou de Martell. A cette époque, des verreries auraient fonctionné dans la région, à La Tremblade en Charente-Maritime ou encore à Rochefort. En 1826 c’est une verrerie de Bordeaux qui procure les bouteilles à la société Martell. La pratique de la mise en bouteille commence à se répandre. Plusieurs maisons de négoce de Cognac l’adoptent, telle la maison Mounié, fondée en 1838 ou encore la maison Renault créée en 1835. Chez Martell, la première étiquette est collée sur une bouteille en 1848.

1030_16.jpegSi un premier projet de création de verrerie est envisagé en 1853 à Cognac, c’est en 1859 qu’une verrerie ouvre ses portes à Cognac. La verrerie de Séchebec (quartier de Cagouillet) est créée par Oscar Planat, fils d’Abel Planat, maire de la ville de 1839 à 1848 et négociant en Cognac. Un nouveau commerce se crée au niveau local, celui des bouteilles en verre et quelques boutiques s’installent. En 1863 et 1864, cinq commerçants sont répertoriés dans l’annuaire local comme marchands de bouteille à Cognac : Durand, Coates, Gelle, Matignon et Sebillaud. En 1864, un certain Léon Vaysette est autorisé à établir une nouvelle usine à fabriquer des bouteilles à Saint-Martin-Châteaubernard (à l’époque Saint-Martin n’est pas encore un quartier de Cognac). Très vite, il devient propriétaire des deux verreries, celles de Séchebec et de Saint-Martin, et utilise des courriers à en-tête « Verreries de Cognac ».

Claude boucher, maître verrier

Claude Boucher, inventeur de la machine à fabriquer les bouteilles du même nom, naît en Saône-et-Loire en 1842. On le retrouve travaillant à la verrerie à bouteilles de La Tremblade en 1865. En 1878, il rachète la verrerie de Saint-Martin à Cognac et de là, va commencer ses recherches sur la mécanisation du travail du verre creux, qui l’amèneront à déposer de nom-breux brevets. Boucher n’est pas le seul à s’intéresser à la mécanisation de la production de verre creux. Au même moment des initiatives foisonnantes se manifestent en Angleterre, aux Etats-Unis, en France. A travers toutes ces inventions – moules fermés, rotation des moules, soufflage à l’air comprimé… – la révolution du verre est en marche. Pourtant c’est Claude Boucher qui, le premier, parviendra à faire réellement fonctionner une machine à fabriquer des bouteilles. Plusieurs brevets sont déposés et finalement se sont ceux de 1898 qui donnent naissance à la première machine semi-automatique pour la fabrication mécanique des bouteilles (semi-automatique car l’intervention de l’homme est encore nécessaire. Un « cueilleur » apporte toujours le verre dans un premier moule). Grâce à l’utilisation de la nouvelle machine, la production de bouteilles explose littéralement chez Boucher. Il ferme l’usine de Saint- Martin, trop petite et ouvre une nouvelle verrerie, celle du faubourg Saint-Jacques. Ces premières années de fonctionnement de l’usine de Saint-Jacques constitue véritablement une période de gloire pour Boucher, mais ce dernier meurt en 1913 et le groupe Sain-Gobain prend une participation majoritaire dans l’entreprise familiale en 1919.

Saint-gobain et l’automatisation totale des fabrications

En cette première moitié de XXe siècle, Saint-Gobain, l’entreprise créée en 1665 par Colbert (il s’agissait alors de la manufacture royale des glaces) se lance dans une politique de diversification qui va l’emmener jusqu’au verre à bouteilles, d’abord en Espagne, à Jerez de la Frontera puis en France. En France, à cette époque, la fabrication du verre à bouteilles est généralement entre les mains de petites entreprises familiales, telles que celle de Claude Boucher. Ces verreries traditionnelles avaient vu perdurer les pratiques ancestrales de soufflage à la bouche jusqu’à l’apparition des premiers procédés semi-automatique de fabrication des bouteilles. Dans le monde de la verrerie, les années vingt sont marquées par de vastes mouvements de regroupement. Des options stratégiques sont à prendre. Saint-Gobain affiche clairement son ambition : représenter la moitié de la production française de verre creux. En 1919, un voyage de Saint-Gobain aux Etats-Unis décide d’un transfert de technologie déterminant. Saint-Gobain importe une machine totalement automatique, la machine Lynch. Dès 1926, ces machines font leur apparition à Cognac, sonnant en quelque sorte le glas de la machine Boucher. Bien adaptée aux besoins du marché français de la bouteille lors de son invention – nécessité de produire des bouteilles aux formes diverses, souvent en petites séries – trente ans plus tard elle ne correspond plus aux normes de rentabilité. Elle se maintiendra néanmoins dans les verreries modernes jusque dans les années soixante pour des productions jugées difficiles, magnums de Champagne et autres bonbonnes de 20 à 30 litres. Les établissements Claude Boucher disparaissent en 1954 sous le coup d’une fusion opérée entre trois verreries ; la verrerie de Saint-Jacques à Cognac (les anciens Ets Cl. Boucher), celle d’Arlac-Mérignac en Gironde et celle du Bousquet-d’Orb dans l’Hérault. Mais le plan de modernisation ne s’arrête pas là. En 1960, le conseil d’administration de la Cie de Saint- Gobain décide de regrouper les verreries d’Angers, d’Arlac en Gironde et de Cognac en une même usine. Le site de Châteaubernard est choisi car Cognac se trouve au centre d’un marché qui regroupe la Touraine, l’Anjou, le Cognaçais et le Bordelais. Cognac représente à lui seul 10 % du marché de la compagnie. Les premières bouteilles sont produites le 11 novembre 1963 et la nouvelle usine est inaugurée le 24 avril 1964. L’usine Saint-Gobain de Cognac a fêté son 40e anniversaire le 21 janvier dernier.

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