Paysan Nouvelle formule

27 septembre 2011

Le Paysan Vigneron change de présentation. Sa forme bouge. Voilà bien dix ans que le journal n’avait pas fait évoluer son identité visuelle. Et, c’est bien connu, qui n’avance pas recul… Il fallait gagner en « contemporanéité », adopter une image, un rythme plus conformes aux codes actuels. La revue a franchi le pas sans hésitation, dans la liesse, l’allégresse, l’urgence et les affres des projets mobilisateurs. Notre souhait ! Que cette nouvelle formule enclenche un plaisir décuplé de lecture. Journal miroir de son territoire, Le Paysan Vigneron a envie de refléter son époque, une époque plus affûtée, plus scandée, plus rapide. Il a demandé à l’agence de création angoumoisine V.O. (Version Originale) de l’accompagner dans cette entreprise. Elle l’a fait avec élan et expertise. Grand merci à l’équipe de V.O., Muriel, Christophe, Marielle, Christelle… Laetitia Adol, la directrice du journal, s’est beaucoup investie dans ce « challenge ». Elle fut l’un des moteurs du projet. Il y a deux ans, elle avait fortement contribué à la naissance du site internet www.lepaysanvigneron.fr

Sur le terrain de la rigueur de l’information, Le Paysan Vigneron n’a jamais rien cédé. Et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va commencer. Les articles seront toujours aussi denses… et longs. Mais mieux découpés, plus illustrés, gageons qu’à la recherche du sens, il soient plus pertinents.

Cette nouvelle formule, le journal la dédie à ses lecteurs fidèles, ceux qui – Mme ou M. – depuis 20 ou 30 ans, plus parfois, acquittent régulièrement leur chèque de réabonnement à la revue. C’est le socle, l’assise du journal, sa fierté aussi d’entretenir un dialogue étroit et fécond, depuis si longtemps, avec la viticulture des deux Charentes et d’une frange du Bordelais. C’est de capitalisation, de thésaurisation dont il s’agit. Un enrichissement croisé qui se joue au quotidien.

Cette nouvelle formule s’adresse aussi aux jeunes viticulteurs. Si la femme est l’avenir de l’homme, les jeunes sont l’avenir de la profession. Un temps, au creux des années 90-2000, on a pu croire le moteur du renouvellement des générations grippé en Charentes. Et puis il a retrouvé du mordant. Grande nouvelle ! Les jeunes reviennent. Oh, ce n’est pas un raz-de-marée. Mais des fils – et des filles – s’installent à nouveau et les parents goûtent en silence le bonheur intime de la reprise. La génération des 25-35 ans fait son retour.

Ces jeunes, qui sont-ils ? D’abord ce sont des enfants de… On ne s’installe pas (plus) sans être fils ou filles de viticulteurs. Trop cher, trop risqué. Ensuite… ensuite, c’est un peu « à vote bon cœur M’sieur Dame ». Il y a ceux qui s’installent jeunes, après un BTS viti-œno et ceux qui ont « baroudé » une dizaine d’années, connu des expériences et des emplois hors viticulture. Les difficultés, le stress, le « burn out », l’envie « de préserver le patrimoine », l’intérêt – tout de même – du métier, la démangeaison de se tester comme chef d’entreprise viticole ou tout simplement le compte d’exploitation de papa qui a retrouvé des couleurs les ramènent sur l’exploitation. Aujourd’hui, l’âge de l’installation est à géométrie variable. Il court de 20 ans à 30 ans et au-delà. Bien plus qu’une tranche d’âge, le dénominateur commun des installations, en 2011, c’est l’agrandissement. Certes, des installations sans agrandissement existent encore mais représentent la portion congrue. Le binôme installation/agrandissement semble une norme coulée dans le bronze (ce qui signifie aussi que la disparition des exploitations n’a pas dit son dernier mot dans la région délimitée Cognac). De cette réalité, un courtier en vins et eaux-de-vie en tire une conséquence directe sur le stock régional. « Les jeunes qui s’installent et s’agrandissent souhaitent retrouver leur investissement au plus vite. Ils privilégient donc la vente d’eaux-de-vie court terme, du compte 0 au compte 2, en négligeant un peu le vieillissement, à partir du compte 3. »

Les jeunes viticulteurs sont-ils plus ou moins techniques que leurs parents ? Les avis sont partagés. De manière surprenante, la question paraît plus « clivante » qu’il n’y paraît à première vue. Les ingénieurs et techniciens des maisons de négoce de Cognac, chargés d’animer les services « qualité », relèvent une appétence des jeunes vignerons pour la vinification, en plus de la viticulture. « Ils ont une double casquette. Ils font bouger les lignes ». Ils notent aussi leur intérêt pour la distillation. « Dès qu’ils le peuvent, ils ont envie de monter une chaudière. » Les jeunes sont aussi crédités d’une meilleure écoute en matière d’environnement. Pourtant, un technicien viticole de terrain porte un regard différent. « Evidemment, toute la palette des comportements existe. Mais on trouve des jeunes qui, au bout de deux-trois ans, sont très impactés par le comportement de leurs parents. Ce sont des jeunes « qui vieillissent très vite ». L’environnement ne les passionne pas tant que ça. Ils se demandent comment faire plus à l’ha mais pas en revenu net, en produit brut. » Et de décrire « des boutiques qui marchent plutôt bien, conduites à l’identique des parents : « Je suis bon car je travaille 15 heures par jour ! » Autre témoignage, autre vision : « Les jeunes sont passionnés mais ne veulent pas sacrifier leur vie personnelle à leur travail. Le métier est dur. Avec l’agrandissement des exploitations, les périodes de distillation s’allongent. Les parents sont souvent sollicités pour charger la chaudière le lundi matin ou vider le dernier pulvé à 17 heures le vendredi soir. Ils rouspètent puis, après mûre réflexion, acceptent, en admettant même qu’ils auraient tort de ne pas en profiter. »

De façon unanime cette fois, chacun s’entend à décrire une génération plus individualiste, phénomène de société oblige – « on aura plus de mal à monter des Cuma » – mais aussi plus entreprenariale, davantage concernée par l’organisation du travail et le marché. « Tout n’est pas si rose non plus pour eux, note un observateur. Ils ne sont pas soumis, mais ils ne perdent pas non plus de temps en protestations vaines. Ils avancent, en véritables entrepreneurs, certes de façon plus individualistes que leurs parents mais en prenant également en compte une attente collective. » Cette démarche, elle se rencontre surtout chez les 30-40 ans. Car, en ces années de « cocooning », la maturité vient aussi plus tard en viticulture. Quant à l’information, elle court aussi vite qu’ailleurs. «Le bonheur est dans le pré, cours y vite, cours y vite » disait le poète Paul Fort.

 

 

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