Pascal Gonthier : « Au plaisir du vin »

27 août 2014

A quelques kilomètres d’Angoulême, c’est au cœur du ravissant village de Nigronde que Pascal Gonthier produit du vin… avec passion mais aussi avec la tranquille assurance que l’on peut faire du bon vin sur les terres du cognac et du pineau.

 

 

p17.jpg« J’ai planté mes premières vignes en 1994 et ma première vinification, c’était en 1996. » Un souvenir qui donne le sourire à Pascal Gonthier. Car c’est une véritable passion que ce viticulteur, issu d’une famille de producteurs de cognac et de pineau, entretient avec le vin. Une passion qui se traduit dès 1989 par la création, avec deux amis, d’un cercle de dégustation à Juillac, le cercle Alfred-de-Vigny qui est toujours en activité. « Mais malgré mes racines viticoles et mon BTS viticulture-œnologie, le vin je ne savais pas faire, j’étais complètement ignare. La formation c’est théorique, il manque la connaissance du terrain. Mais c’était un beau défi et je voulais le relever ! » Il s’appuie alors sur un réseau de collègues et de techniciens pour apprendre. A la différence de bien de ses confrères, dès ses premières productions il croit en son produit pour lequel il investit : de belles bouteilles, des capsules recherchées, une étiquette originale « … Je n’avais aucun complexe. J’ai pris mon vin au sérieux, et quand en 1998, le patron du Bistroc à Angoulême, un Bordelais qui plus est, est venu me voir pour me dire qu’il avait goûté mon vin et qu’il voulait en acheter pour son restaurant, ça m’a fait extrêmement plaisir et ça m’a conforté dans mes choix. » En 1998, il rencontre Hervé Romat, un œnologue qui comprend sa soif d’apprendre et qui partage sa philosophie du produit. « Avec lui j’ai commencé à savoir faire du vin. » Aujourd’hui, les deux hommes travaillent encore ensemble.

Relever des défis

Le travail de la vigne est toujours une aventure pour Pascal Gonthier : « Aucune année n’est semblable à l’autre, parfois on réussit, d’autres fois on se trompe, c’est comme ça qu’on apprend. Les producteurs de pineau et de cognac nous prennent pour des rigolos. Mais en réalité, moi qui travaille les trois produits, je suis bien placé pour savoir qu’il est bien plus difficile de faire du vin que de faire du pineau ou du cognac. Ce sont les raisins qui font le vin et faire du bon raisin c’est difficile, les mauvaises années vous l’apprennent. Il faut rester humble, ne pas crier victoire et accepter que malgré tout le travail fourni, les résultats ne soient pas toujours au rendez-vous. »

Aujourd’hui, Pascal Gonthier travaille 23 hectares de vignes, dont 6 hectares 30 en vins de pays charentais et produit de 30 à 35 000 bouteilles par an. Toujours à la recherche de défis à relever, son dernier pari est d’avoir renoncé aux herbicides et d’employer le moins de fongicides possible. « C’est une problématique que la profession ne prend pas assez au sérieux, pourtant nous sommes à la croisée des chemins sur ces sujets et les choses vont obligatoirement changer dans les années qui viennent… nous allons être obligés d’évoluer. » S’il travaille avec un agent commercial, Pascal Gonthier prend toujours autant de plaisir à la vente directe et fait même des animations en grandes surfaces : « On y fait des rencontres étonnantes et puis on peut entendre le retour de gens qui aime votre produit, c’est irremplaçable. »

Trouver l’étincelle

Toujours très attentif aux évolutions de la filière, cet éternel challenger envisage l’objectif du syndicat de décrocher une AOC comme un défi passionnant. « Les vins produits aujourd’hui sont encore très hétérogènes, mais les Charentes ont vraiment la capacité à faire du bon vin. La famille des viticulteurs doit se montrer solidaire et laisser tomber ses complexes pour aller à fond sur l’appellation d’origine contrôlée. Bien sûr, ça demandera à certains de se remettre en cause. ça permettra de faire le tri et ce sera une vraie récompense des efforts de ceux qui prennent le vin au sérieux. » Et à ceux qui lui conseillent parfois d’arracher pour revenir au cognac, qui rapporte plus, Pascal Gonthier répond que c’est impossible, « j’aime mes vignes, elles sont à maturité, je me suis tellement occupé d’elles… Bien sûr, j’ai besoin de marge pour vivre, mais c’est aussi par passion que je fais du vin. Je suis persuadé que le vin a de l’avenir dans le monde et dans les Charentes. Il nous faut juste trouver l’étincelle qui nous conduira à l’AOC. Avec tous les jeunes qui arrivent, nous sommes une filière pleine d’avenir. »

 

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