Panneaux photovoltaïques : Quand le développement durable peut rapporter de l’argent

11 décembre 2009

Les panneaux solaires raccordés au réseau électrique « branchent » le monde agricole, à la tête d’un vaste patrimoine bâti. Des incitations financières existent, d’autant plus attractives que la fenêtre de tir n’est pas extensible à l’infini. Ceci dit, l’investissement mérite d’être raisonné, comme tout autre acte de gestion.

 

 

Les panneaux photovoltaïques ont vraiment émergé en 2006, au moment où la France a décidé de « mettre le paquet » sur le prix de rachat de l’électricité issue des énergies renouvelables, photovoltaïques mais aussi hydroélectricité et géothermie. La loi du 10 férvier 2000 avait déjà posé le principe de l’obligation de rachat par EDF à un prix conventionné. Mais, c’est l’arrêté tarifaire du 23 juillet 2006 qui est venu planter le décor. Que dit-il ? D’abord que les niveaux de tarifs actuels seront maintenus jusqu’en 2012 inclus, ce qui, en passant, livre une première indication sur la temporalité de la mesure. Un point d’interrogation existe à partir de 2012 ou plus exactement, on peut d’ores et déjà se dire que les contrats signés au-delà le seront sur une base dégressive. Ensuite, il est précisé que le contrat d’achat conclu à un tarif donné porte sur une durée de 20 ans. Enfin, le tarif est revalorisé chaque année en fonction d’indices INSEE. Pour les installations « intégrées au bâtiment » – les installations intégrées aux toitures – le tarif de rachat s’élève en 2009 à 60 c€/kWh (60,176 c€ exactement). Quand on sait que le prix de consommation facturé par EDF est habituellement de 12-13 c€/kWh, on mesure le signal pris et l’effort national consenti. Cet effort, c’est d’ailleurs chaque citoyen qui le supporte. Lors du paiement de sa note d’électricité, le client alimente un fonds de péréquation, le CSPE ou Contribution du service public de l’électricité. C’est ce fonds qui couvre le bonus octroyé à l’électricité issue des énergies renouvelables. En plus de l’avantage direct lié au prix de rachat de l’électricité, des aides régionales jouent en complément. C’est en tout cas ce qui se passe en Poitou-Charentes. En mai 2008, le Conseil régional a adopté un Plan régional photovoltaïque très volontariste. Dans un communiqué de presse diffusé à l’époque, la Région affichait ses ambitions : « A l’horizon 2012, se doter d’un parc de 600 000 m2 de panneaux solaires, avec une production qui atteindrait 73 millions de kWh. » Pour ce faire, les élus avaient lancé dès 2006 un vigoureux programme de soutien à l’investissement, financé par le Fonds régional d’excellence environnemental (FREE). Sur la période 2007-2013, le budget du FREE s’élève à 122 millions d’€. Il bénéficie d’un financement tripartite : Etat via l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour 31 M€, Union européenne (fonds FEDER) pour 54 M€ et Région Poitou-Charentes pour 37 M€. En 2009, l’enveloppe du FREE consacrée au photovoltaïque s’est élevée à 10 millions d’euros. Au départ, il était prévu que l’aide régionale au photovoltaïque soit comprise entre 1 et 2 € du Wc*. En fait, en 2009 cette aide n’a jamais été distribuée à ce niveau, ou alors uniquement à quelques collectivités locales. Compte tenu de l’avalanche de dossiers, elle fut plus proche des 0,4-0,6 € du Wc, soit 52 à 78 € du m2. Cette révision à la baisse des subventions, les porteurs de projets la comprennent assez bien : « Quand, en 2006, le coût de l’installation revenait à 7,5 € du Wc, il était normal que les aides atteignent 3,8 € du Wc. Aujourd’hui, où le prix de revient est descendu à 4,5 € du Wc (environ 600 € du m2), grâce à un prix de panneaux plus compétitif, il ne paraît pas illogique de voir s’aligner les aides. » La question du jour est de savoir comment va évoluer l’aide régionale en 2010 ? A Poitiers, personne dans les services de la Région prend le risque de se prononcer. Il paraît hautement probable que le solaire reste subventionné. Mais à quel niveau ? Par ailleurs, il semblerait que les critères d’attribution changent quelque peu. Au départ, pour l’octroi des 1 ou 2 € du Wc (voire moins), étaient retenus des critères techniques comme l’orientation du toit, son l’inclinaison. Aujourd’hui, pour percevoir les 40 ou 60 c€ du Wc, serait davantage pris en compte le temps de retour sur investissement. Plus le retour sur investissement serait court moins l’aide serait importante.

l’intégration au bâti

Début septembre, un vent d’inquiétude souffla du ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer. Le 9 septembre 2009, Jean-Louis Borloo a présenté un projet d’arrêté en date du même jour prévoyant la création d’un tarif intermédiaire de rachat de l’électricité à 45 c€/kWh. Cible visé : les bâtiments professionnels, bâtiments agricoles, industriels, commerciaux… Le tarif de 60 c€/kWh allait-il être remis en cause pour les hangars et autres toitures XXL ? Emoi chez les installateurs et les propriétaires de bâti agricole et industriel. Après examen attentif du texte, le danger semble contenu. En fait, le tarif de 45 c€ vise les installations avec « intégration simplifiée au bâti ». Décryptage fait, il s’agit des installations où les panneaux photovoltaïques sont posés sur des bacs alu ou bacs acier. En clair, c’est la situation où les panneaux n’assurent pas l’étanchéité du toit. Lorsque les panneaux solaires jouent le rôle d’étanchéité – en clair, si on enlève les panneaux, il n’y a plus de toiture – le tarif de 60,2 c€/kWh semble toujours d’actualité pour les bâtiments professionnels. Un bon connaisseur de la réglementation note toutefois la persistance d’une incertitude. Que recouvre la notion de « clos et couvert » citée dans le projet de texte (1). Le bâtiment doit-il être clos sur toutes ses faces pour continuer à bénéficier du tarif de 60 c€/kWh ? A noter que le même spécialiste de la réglementation n’a pas une lecture franchement négative du projet de texte du ministère de l’Ecologie. « Jusqu’à présent, le fait de superposer des panneaux solaires à une toiture existante valait d’êre ramené au tarif de rachat plancher, de 32 c€/kWh. Avec ces nouvelles dispositions d’intégration simplifiées au bâti, le tarif passe à 45 c€. En cela, on ne peut pas vraiment parler de recul. »

soleil électrique

Produire de l’électricité à partir de rien ! Imaginer que la terre regorge d’énergie, à ne savoir qu’en faire ! Ces idées passionnent le jeune électricien-chauffagiste de Châteauneuf, Eric Nebout. Certes il est sensible à la préservation de la planète mais ce qui « l’électrise » vraiment, c’est l’aspect technique, la magie de cette mutation du soleil en fée électricité. Il part en Suisse se former au photovoltaïque. Il reviendra en France en 2006, au moment où le photovoltaïque démarre vraiment dans l’Hexagone. Pour lui, l’année 2007 sera l’année du lancement. « Rien n’était facile, tout se mettait en place » témoigne-t-il. En Jean-Claude Masson, lui et quelques autres trouvent leur « mentor » dans le photovoltaïque, une sorte de figure tutélaire sur laquelle s’appuyer (voir interview pages 57-58). Son premier chantier (220 m2 couverts), il le réalise avec J.-C. Masson chez un passionné du photovoltaïque, Antoine Allard à Vars. Grâce aux contacts noués avec la Chambre d’agriculture de la Charente, E. Nebout enchaîne très vite sur plusieurs gros chantiers, 800 m2 chez Pierre-Vincent Nivet (S.C. du Domaine de Boixe à Aussac-Vadulle), Thierry de Braquillanges (Centre équestre des Eaux Claires)… Les banques, tout particulièrement le Crédit Agricole, suivent les clients et l’électricien trouve également un partenaire financier pour appuyer sa propre activité. Depuis les chantiers se succèdent à la vitesse de la lumière. Dans ces conditions, il n’est pas abusif de dire que Biomotik, la société d’E. Nebout, est en train de vivre une sucess story. En janvier 2008 elle comptait deux salariés. En fin d’année, ils seront 12 ou 14 collaborateurs. « Nous sommes en restructuration permanente » constate l’installateur qui ne s’en réjouit pas forcément. La tournure des événements l’effraierait presque. « Pour moi les aides sont quasiment trop favorables. Il n’est pas normal qu’une activité connaisse des taux de progression de 500 % l’an, comme ce qui s’est passé en France entre juin 2008 et juin 2009. Quelque part il y a un problème. »

La montée en charge des dossiers du photovoltaïque n’a pas échappé aux établissements bancaires. Michel Trichet, responsable du marché de l’agriculture à la Caisse régionale de Crédit Agricole Charente-Périgord, livre quelques chiffres. « Depuis le début de l’année (interview réalisée début septembre), nous en sommes à une cinquantaine d’opérations, pour une trentaine de millions d’euros. Par rapport à l’an dernier, ce chiffre a augmenté de près de moitié. Chaque semaine nos équipes reçoivent une quinzaine de dossiers. Si le montant moyen par dossier s’élève à environ 300 000 €, ce montant a tendance à progresser. » En 2008, les trois caisses régionales de Crédit Agricole Charente-Périgord, Charente-Maritime-Deux-Sèvres et Touraine-Poitou ont soumissionné à l’appel d’offre lancé par la Région Poitou-Charentes. Elles ont été retenues. Objectif des élus régionaux : faciliter le financement des dossiers photovoltaïques. En partenariat avec la Banque européenne d’investissement et la Région Poitou-Charentes, la banque verte met à disposition du solaire une ligne de crédit de 400 millions d’€, doté de barème spécifique et d’un certain nombre d’avantages (voir l’approche photovoltaïque du Crédit Agricole). Mais le photovoltaïque intéresse aussi les autres banques. Société Générale et Banque Populaire s’avèrent tout particulièrement proactives sur le dossier. Responsable du marché de l’agriculture à la Banque Populaire Centre Atlantique, Michèle Caillaud parle d’un créneau incontournable. « Ce sont nos clients agriculteurs qui, les premiers, nous ont fait prendre conscience de ce nouveau venu dans le paysage financier. Pour nous, banques, il s’agit d’une vraie opportunité de faire du crédit, sachant que nous ne demandons que cela, consentir des crédits. Les agriculteurs, dit-elle, ont un temps d’avance sur le photovoltaïque, assez logiquement d’ailleurs, car ils détiennent terres et bâtiments. » La responsable des prêts agrcioles évoque, de la part de la Banque Populaire, « une offre commerciale tout à fait adaptée, avec des propositions de garanties spécifiques qui dispensent notamment d’hypothéquer le bâtiment. » « Sinon, dit-elle, notre approche clientèle reste très classique. Nous accompagnons nos clients dans leurs projets photovoltaïques, comme nous le faisons pour leurs autres projets. » Si les dossiers les plus courants se situent entre 200 et 500 000 €, M. Caillaud note de très grosses opérations à caractère patrimonial. La dernière, réalisée par la banque populaire chez un agriculteur de Charente-Maritime, porte sur 2,3 millions d’€. « Dans le cas présent, le client investit dans le photovoltaïque comme il investirait dans un appartement. La démarche est similaire. »

l’agriculture en tête

Au plan statistique, en 2008, 80 % des chantiers photovoltaïques furent portés par l’agriculture, 15 % par l’industrie et 5 % par les particuliers. En agriculture, le « ticket d’entrée » des installations ne descend guère au-dessous des 100-150 m2 et peut aller jusqu’à 2 000 m2 voire au-delà. Ne voit-on pas émerger des chantiers de 8 000 m2 représentant 1 mégawatt. Gigantesque ! Toutefois les techniciens relèvent deux tailles moyennes. « Soit, disent-ils, nous réalisons du 300 m2, ce qui correspond à une tranche inférieure à 36 kW Ampère**, soit nous passons à un seuil de 800-1 000 m2, ce qui n’est pas mal non plus. » Et de préciser : « La tranche des 36 kW Ampère est très intéressante. Les banques suivent facilement. Tout le monde sait faire. Le projet est accessible à tout un chacun et permet de dormir tranquille. » Ce présent engouement pour le solaire, Michel Trichet, du Crédit Agricole, l’explique assez facilement. « Les années 2009-2010 représentent une sorte de fenêtre de tir. Les tarifs EDF n’ont jamais été aussi attractifs alors que le coût des panneaux photovoltaïques a beaucoup baissé. Nous assistons à un effet ciseau favorable aux investissements dans le solaire. »

Evoquer l’installation de panneaux photovoltaïques amène inévitablement à se poser toute une série de questions : quelle exposition, quelle pente, quel type de toiture, bâtiment neuf ou bâtiment ancien, est-ce possible sur les chais de vinification, les chais de Cognac, les distilleries, quelle durée de vie pour les panneaux ? (voir questions/réponses en encadré). Juste après l’aspect technique, arrive très vite la problématique du retour sur investissement. Au CER France Poitou-Charentes, Jean-Luc Couturier, conseiller sur Angoulême, Jarnac, Barbezieux, a été mandaté pour s’occuper des dossiers photovoltaïques sur la zone viticole. « Le modèle économique, dit-il, est très variable. Il va dépendre d’un tas de paramètres techniques et économiques : le bâtiment existe-t-il, faut-il déposer l’ancienne toiture, modifier les pentes ? L’orientation est-elle ou non optimale ? Faudra-t-il créer une société ? A combien s’élèvera le montant total de l’investissement, pour quelle durée de financement optera-t-on ? Une durée courte ou une durée plus longue ? Quel volume de subventions vais-je pouvoir obtenir ? »

Dans ce champ d’options largement ouvert surnagent cependant quelques points de repères. Globalement, plus on raccourcit le prêt, moins on gagne d’argent au départ mais plus on a des chances d’en gagner pas la suite. A coup sûr, un prêt sur 5 ans dégagera plus de marge qu’un prêt sur 15 ans et à fortiori sur 20 ans. Mais, revers de la médaille, la dette à rembourser sera beaucoup plus lourde. Tout va dépendre des facultés contributives de l’emprunteur. Cependant, sur maints dossiers, les établissements financiers ont tendance à préconiser une durée médiane de quinze ans. Une manière de « couper la poire en deux ». « Aujourd’hui témoigne un banquier, le retour sur investissement démarre souvent au terme de 12-13 ans. En choisissant 15 ans, on se laisse de la marge. De plus c’est cohérent par rapport au contrat EDF de 20 ans et à la durée de vie du matériel. »

Le conseiller CER Jean-Luc Couturier attire l’attention sur l’environnement juridique qui entoure la pose de panneaux solaires. Pour lui la sécurisation des aspects juridiques n’est pas loin de représenter un préalable à la démarche, avant même d’aborder le mode opératoire du financement. « Quand on débourse 200-300 ou 400 000 €, il vaut mieux connaître sa situation patrimoniale à la sortie. » Les questions à se poser sont de plusieurs ordres : à qui appartient le bâtiment, le sol voire même les abords du bâtiment ? Y a-t-il des baux ? Si oui, sur quelle durée et sur quelles parties portent-ils ? Faut-il revoir ces baux ? Les apports financiers seront-ils d’origine personnelle ou professionnelle ? Sous quel régime fiscal seront imposées les rentrées d’argent tirées du photovoltaïque ? Va-t-il falloir créer une société ?

Une fois le terrain juridique bien déblayé, souvent avec l’aide du cabinet comptable qui établit aussi le prévisionnel d’exploitation, viendra le temps des devis et celui de la rencontre avec son banquier. Michel Trichet explique l’approche bancaire du Crédit Agricole vis-à-vis du « risque » photovoltaïque. « Nous considérons que le financement d’un projet photovoltaïque ne doit pas nous bloquer dans l’accompagnement normal de notre client : financement de sa trésorerie, de son parc matériels… Ainsi, de tels dossiers s’adressent à des structures solides, déjà bien établies dans leur domaine d’activité. » Si les banques peuvent financer 100 % du projet, HT + TVA, elles peuvent aussi demander un apport personnel, à hauteur par exemple de15 %. « A la limite, cela nous permet de filtrer les dossiers. » Si tous les cas sont des cas particuliers, une « norme » se dégage tout de même en matière de rentabilité du photovoltaïque. Une fois l’investissement payé, on estime que le TRI (Taux de rendement interne) est de l’ordre de 8 %. Commentaire d’un banquier : « Il s’agit d’un projet long, avec un retour sur investissement long. Ce n’est pas à 65 ans qu’on s’y lance ou alors pas à titre personnel mais avec la perspective d’intégrer ses enfants. » Ceci dit, beaucoup d’agriculteurs voient dans le photovoltaïque un complément de retraite et ils n’ont pas tort, à condition de bien caler le compte à rebours. Dans tous les dossiers photovoltaïques, la motivation financière n’est jamais loin. Et, souvent, il faut faire preuve de détermination pour le mener à bien. Entre le lancement du projet et le début de réalisation, une durée de six mois paraît un minimum. C’est pourquoi beaucoup décrivent le projet photovoltaïque comme une « course de fond ».

(1) Parmi les règles d’éligibilité à la prime d’intégration au bâti, figure l’alinéa suivant : « Le système photovoltaïque est installé sur la toiture d’un bâtiment qui assure le clos et couvert, et suit le plan de ladite toiture. »

Photovoltaïque et développement durable
En matière énergétique, l’Europe s’est fixée deux objectifs : à l’horizon 2020, diminuer de 20 % les gaz à effet de serre et utiliser 20 % d’énergie renouvelable. A charge pour les Etats membres de décliner ces objectifs. En France, le Grenelle de l’environnement a non seulement cautionné ce plan de marche mais s’est encore montré plus ambitieux, en retenant non pas 20 mais 23 % d’énergie renouvelable au terme des dix prochaines années. C’est dans un tel contexte de reconquête que s’insère le photovoltaïque. Au niveau de l’Etat, le rôle de chef d’orchestre revient à l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Etablissement public à caractère industriel et commercial, intervenant sous tutelle du ministère de l’Ecologie, l’agence agit dans tout ce qui relève des énergies renouvelables, des économies d’énergie, de la gestion des déchets… Ses missions : communiquer, conseiller, développer. Organisée en délégations régionales, elle travaille essentiellement aux côtés des collectivités territoriales, des entreprises. En Poitou-Charentes, le FREE (Fonds régional d’excellence environnementale) est un peu le fonds commun de l’Ademe et du Conseil régional, complété par l’enveloppe européenne du Feader. En attribuant des aides, ce pot commun est là pour orienter les porteurs de projets dans le sens d’une diminution de la consommation d’énergie, une baisse de l’émission des gaz à effet de serre et, plus globalement, d’une économie des énergies fossiles. L’Ademe fait partie de la commission régionale qui instruit les dossiers de demande d’aide sur le photovoltaïque. A l’Ademe Poitou-Charentes, c’est Thaer Alsafar qui est le chargé de mission pour le solaire thermique et photovoltaïque.

 Photovoltaique : mode d’emploi
– Durée de vie de l’installation photovoltaïque ?
Il convient de distinguer entre les panneaux photovoltaïques proprement dits et les onduleurs Les panneaux photovoltaïques – les plaques que l’on voit sur le toit – convertissent l’énergie lumineuse en énergie électrique grâce à des matériaux dits « semi-conducteurs », à base de silicium. Quant aux onduleurs, ce sont les pièces mécaniques qui arrivent en sortie d’installation. Ils transforment le courant continu (comme le courant d’une pile) en courant alternatif, pour l’injecter sur le réseau EDF. En présence d’une fabrication européenne de panneaux (et pas chinoise), la durée de vie moyenne d’un panneau est estimée à trente ans. Quand il y a garantie de puissance de la part des constructeurs, cette garantie équivaut généralement à 90 % au bout de 10 ans et 80 % au bout de 25 ans voire plus pour certains fabricants. Dans un panneau photovoltaïque, qu’est-ce qui vieillit ? Ce n’est pas le silicium. Peut interférer la qualité du verre ainsi que la qualité de la colle et des soudures qui servent à assembler les cellules entre elles.
Les onduleurs sont autrement plus fragiles et soumis à effort. En général, concernant les onduleurs, les garanties sont de 5 ans, avec possible extension sur 10 ans. Par expérience, les premières pannes d’onduleurs se manifestent vers 8 ans. « On aura usé trois onduleurs pour un panneau » résume un installateur. Normalement l’étude économique intègre l’ensemble de ces données techniques. Dans le coût d’une installation photovoltaïque, le prix de l’onduleur pèse pour environ 8 %, 85 % pour les panneaux et 7 % pour la main-d’œuvre.
− Quelle est la meilleure exposition ?
Surtout sous nos latitudes, l’orientation plein sud n’est pas obligatoire, contrairement au nord de la Loire où le critère semble beaucoup plus déterminant. De très bons résultats se constatent sur des orientations allant du sud-est au sud-ouest, voire trois quarts est ou trois quarts ouest. Seul cas vraiment rédhibitoire : la présence d’un mur devant une charpente. On estime que des pentes trop faibles (inférieures à 10 %) font perdre environ 15 % de production énergétique, une donnée à prévoir dans l’appréciation de la durée de l’emprunt. « Au lieu d’emprunter sur 10 ans, on empruntera sur 12 » note un utilisateur.
− Bâtiment neuf ou bâtiment ancien ?
Statistiquement, les panneaux photovoltaïques s’installent à 50 % sur des bâtiments neufs et à 50 % sur des bâtiments anciens. A l’évidence, un bâtiment neuf posera moins de soucis qu’un bâtiment ancien et une charpente métallique moins de problèmes qu’une charpente bois. Mais personne ne refusera un chantier sous prétexte qu’il s’agit d’équiper une charpente bois. Dans tous les cas de figure, l’installateur veillera tout particulièrement au poids que la charpente peut supporter. Sur un bâtiment ancien, il préconisera souvent une étude de charge, tout particulièrement sur les vieilles charpentes métalliques, encore plus que sur les charpentes bois. Les panneaux solaires pèsent entre 19-20 kg/m2 alors que la résistance d’une vieille charpente métallique ne dépasse pas souvent 7 kg. Sur une charpente bois, la pose de panneaux photovoltaïques qui assure l’étanchéité de la toiture s’avère très technique, réclame beaucoup de précision. La pose de panneaux photovoltaïques réclame l’intervention de plusieurs corps de métiers : électricien, maçon, charpentier-zingueur, une spécialité pas toujours simple à trouver. Comme tout autre artisan du bâtiment, l’installateur engage sa garantie décennale.
– Des panneaux photovoltaïques peuvent-ils équiper un chai d’eau-de-vie, une distillerie ou un chai de vinification ?
Sollicité sur la question, Bernard Lizot, inspecteur des installations classées, chargé du dossier Cognac à la DRIRE Poitou-Charentes, apporte la réponse suivante : « Sur les chais d’eaux-de-vie et les ateliers de distillation nous sommes pour l’instant dirons-nous « réservés », dans la mesure où le matériel électrique des chais de stockage et distilleries doit répondre à des normes, quelle que soit la dimension des installations classées. A la demande du MEEDDAT (ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire), une étude est en cours pour savoir si des panneaux photovoltaïques peuvent équiper des installations classées. A la vérité, la commande passée à l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) concerne plus spécifiquement les silos de céréales et les problèmes posés par les poussières. Néanmoins, nous attendons les conclusions de cette étude, livrées en principe début d’année 2010, pour nous prononcer et voir si des prescriptions particulières s’appliquent. En résumé, aujourd’hui, pour les chais d’eaux-de-vie et les distilleries, la réponse est plutôt négative. Par contre, aucune incompatibilité ne se pose pour les bâtiments de vinification, absolument aptes à recevoir des panneaux photovoltaïques, y compris lorsqu’ils abritent des cuves de vinification en inox. Pour revenir aux chais de stockage et aux distilleries, le handicap majeur tient peut-être plus au Torula Compniacencis, cet envahissant champignon qui aurait tôt fait de ternir les panneaux, sauf à pratiquer un nettoyage très régulier. »

 

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