PAC 2023 : la France veut-elle un « Frexit » agricole ?

18 mai 2022

Selon Eric Andrieu, député européen, la Commission européenne est largement insatisfaite du Plan Stratégique National de la France (PSN) proposée par la France pour la mise en oeuvre de la nouvelle PAC à partir de 2023, et l’invite à revoir sa copie. L’actuel Ministre de l’Agriculture Julien Denormandie ne se montre pas particulièrement enclin à la négociation allant même jusqu’à s’interroger sur la légitimité de la Commission à s’exprimer sur les choix français.

À lire le courrier du Ministre qui va même jusqu’à contester le rôle de la Commission, pour prôner une subsidiarité totale, et qui cite le Green Deal européen uniquement pour mettre en avant les initiatives franco-françaises, Eric Andrieu aurait même l’impression que le gouvernement français prône la renationalisation de la PAC pour s’extraire de la stratégie de durabilité promue par la Commission européenne.

« Deux objectifs clairs ont été mis en avant pour accompagner la transition de notre agriculture à horizon 2030 : la réduction de 50% de l’utilisation des pesticides d’une part, et l’augmentation de la part de l’agriculture biologique à hauteur de 25% des surfaces agricoles.

Pour atteindre ces objectifs, la proposition française n’est absolument pas à la hauteur. » rajoute l’Eurodéputé PS.

Selon lui, la promesse de la France de réduire de moitié l’utilisation de pesticides non pas en 2030 comme demandé mais dès 2025 semble fantaisiste « au vu des tendances actuelles ». De plus, la stratégie pour mobiliser la prochaine PAC pour y parvenir est juste illisible comme le relève la Commission dans la lettre d’observation.

Idem pour l’augmentation des surfaces en agriculture biologique : la Commission pointe même un risque de déconversion, c’est à dire un risque de recul des surfaces en bio, ayant pour cause l’abandon de l’aide au maintien de l’agriculture biologique.

Une PAC qui doit être plus équitable dans la distribution des aides

En outre, la France va devoir également revoir sa copie pour suivre le mouvement qui se dessine dans de nombreux autres Etats membres d’une PAC plus équitable dans la distribution des aides. « À ce stade il y a le strict minimum sur le paiement redistributif et rien du tout en matière de plafonnement, alors que la France était jusqu’alors aux avant-postes pour donner une dimension plus sociale à la PAC, cela ne peut rester ainsi car durabilité environnementale et durabilité sociale vont de pair » rappelle Eric Andrieu.

Renforcer le pouvoir de négociation des éleveurs

Enfin, comme le relève la Commission, le gouvernement français doit apporter des précisions sur la manière dont il compte renforcer les pouvoirs des négociations des éleveurs en finançant les Organisations de Producteurs.

« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! Il est temps que Paris éclaircisse sa stratégie afin d’améliorer l’organisation des producteurs, en particulier dans l’élevage. Cela fait déjà deux lois (EGA1 et EGA2) qu’on tourne autour du pot en France, alors que les leviers sont dans la boite à outils de la PAC » affirme Eric Andrieu.

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