Du Vin Et Des Jeux

24 février 2009

segonzac.jpgUn pôle vin et spiritueux à Segonzac, un autre centré sur la culture en milieu rural à Rouillac, Jarnac et Châteauneuf… En 2006, le pays ouest-Charente a décroché deux pôles d’excellence rurale, dispositif créé par le gouvernement en 2005 pour aider les territoires ruraux à mettre leurs moyens en synergie. A la clé des subventions d’Etat qui peuvent atteindre 30 voire 50 %. Les conventions cadre de la première vague de dossiers ont été signées en octobre dernier. Les porteurs de projets ont trois ans pour transformer l’essai.

 

C’est parce qu’il lui sera sans doute difficile de trouver mieux ailleurs en terme de subventions que la Chambre d’agriculture de Charente pourrait finalement accepter de poser ses valises à Segonzac et faire de la capitale de la Grande Champagne le siège de son antenne viticole, en lieu et place de Cognac. La synergie de moyens chère à l’Etat, il faut la chercher du côté de l’ITV (Institut technique de la vigne et du vin), qui dispose déjà de sa propre antenne à Segonzac. Outre qu’ils travaillent pour le même public ou à peu près, les deux organismes pourraient partager des laboratoires d’analyses, plus modernes et plus spacieux. L’eau-de-vie étant l’avenir du vin, au moins dans cette région, la partie spiritueux est tout naturellement incarnée par le binôme Université des eaux-de-vie/CIEDV (Centre international des eaux-de-vie et boissons spiritueuses). En marge de la formation initiale, délivrée par le Centre universitaire de la Charente, le CIEDV apporte son lot « d’intelligence économique et juridique ». L’outil de veille technologique dédié aux spiritueux existe déjà et n’a donc pas besoin du PER pour trouver sa propre cohérence. Par contre, le pôle d’excellence rurale « va jouer comme un formidable accélérateur et nous faire gagner 5 ou 10 ans » note Patrick Brisset, président du Centre des eaux-de-vie. Au programme une réhabilitation des locaux, nécessaire pour la mise aux normes mais surtout davantage de moyens accordés à la mission première du centre, l’information aux professionnels. Une aromathèque va être créée et la spirithèque, en place depuis quatre ans, va se développer. La collection d’alcools brun, blanc et du monde, assez unique en son genre, permet aux professionnels de dégager d’un seul coup d’œil positionnement, tendances, évolutions du secteur. Dans le monde anglo-saxon, on appelle cela du « bench-marketing », un marketing de comparaison. Economie de moyens et gain de temps assuré pour tirer les leçons d’une réussite ou d’un échec. En effet, inutile d’essuyer les plâtres à chaque lancement de produits. En ce qui concerne l’emploi, au centre du dispositif PER, le Centre des eaux-de-vie emploie déjà cinq salariés à temps plein et trois salariés à temps partiel. « Nous sommes synchros avec notre feuille de route, note P. Brisset. Cependant, les deux derniers recrutements relèvent sans doute d’une certaine anticipation. Le pôle d’excellence rurale nous conforte dans notre projet. »

un pont entre public et privé

Tout pôle d’excellence rurale se devant d’établir un pont entre public et privé, ce rôle est dévolu à la Maison des Maines, la coopérative axée sur la diversification vin. En projet, la création d’un magasin de vente, qui profitera des aides de l’Etat. Pour la coopérative, ce seront sans doute les seules subventions possibles. En ce qui concerne les autres chantiers, la communauté de communes, porteur de projet officiel, espère pouvoir obtenir des soutiens financiers de la Région et/ou du Conseil général. Des dossiers ont été montés dans ce sens. Evalué à 2,3 millions d’euros, le coût total des opérations de Segonzac devrait profiter d’un abondement de l’Etat de 630 000 € au titre du Pôle d’excellence rurale (PER), soit 26,4 % de la dépense globale. Le reste de la somme – diminuée des éventuelles contributions supplémentaires – fera l’objet d’une avance de la commune de Segonzac (voire de la communauté de communes de Grande Champagne), remboursée par le versement de loyers. Gérard Raby, maire de Segonzac et véritable chef d’orchestre du Pôle d’excellence Vins & Spiritueux, parle d’un montage classique, qui se solde par une opération blanche pour la collectivité locale au bout de 15 ou 20 ans. Entre-temps, l’emploi y aura gagné. Pour l’élu, l’important est d’avoir « un projet d’avance ».

« odeur de crédit »

Il paraît que Claude Ménard, président de la communauté de communes du Rouillacais, possède un flair particulier pour détecter les « odeurs de crédits ». Pourtant le Pôle d’excellence rurale « culture et ruralité » ne se résume pas à une seule affaire de gros sous. Il y a de l’âme et de la chair autour de ce projet, et depuis longtemps. L’idée du développement culturel en milieu rural remonte à 1995, quand la communauté de communes du Rouillacais lance l’audacieux pari du Vingt-sept, lieu de spectacles vivants en milieu rural. Dix ans plus tard, le succès ne se dément pas. L’association gestionnaire La Palène a réussi à devenir une structure référante pour la population qui lui accorde sa confiance et la suit dans ses créations. Le dossier labellisé « Pôle d’excellence rurale » constitue une extension de cette chimère devenue réalité, extension des projets tout autant que du territoire couvert. La création d’une résidence d’artistes à Rouillac, l’agrandissement du Vingt-sept, l’aménagement d’un lieu de vie pour la troupe de cirque « Les Arrosés » s’inscrivent dans la droite ligne de l’idée initiale. Viennent s’y greffer la création de deux médiathèques, l’une à Jarnac, l’autre à Châteauneuf, un réseau des bibliothèques de la CdC de Jarnac, la création d’un centre d’interprétation du gallo-romain à Saint-Cybardeaux, commune qui accueillera également l’association Les maisons paysannes de Charente. Le député Jacques Bobe a souligné l’originalité de cette mise en commun de moyens entre plusieurs communautés de communes. « C’est la voie ouverte à des alliances plus larges, à l’échelon d’un pays. » En terme de budget, le PER « culture et ruralité » se partagera entre deux fois 30 % pour Jarnac et Châteauneuf et 40 % pour Rouillac, pilote de l’opération. Le soutien financier de l’Etat pourrait atteindre jusqu’à 830 000 €.

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