On Va Déguster !

27 juin 2009

« Annus horribilis », l’année 2008 l’avait déjà été pour la viticulture française avec le vote, en novembre dernier, du principe d’indexation de la fiscalité des alcools sur l’inflation. En ce début d’année 2009, le projet de loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) « remet le couvert ». Cette fois, c’est la consommation d’alcool chez les jeunes qui est visée, à travers les articles 23 et 24 du texte. Dans son exposé, le projet de loi piloté par le ministère de la Santé affiche un objectif louable : limiter les ravages de l’alcool chez les jeunes, à travers notamment les « open bar » et le « binge drinking » (l’enivrement minute). Sauf que le texte, tel qu’il est rédigé, confine à interdire tout type d’offre, « vente à titre gratuit » ou « vente au forfait ». Et qu’est-ce qu’une vente « à titre gratuit » sinon une dégustation sur une foire ou un salon ; une vente « au forfait » sinon un menu « vin compris » ou un stage œnologique. Dire que sur cette affaire le lobby viticole fut « mené en bateau » par le ministère de la Santé serait sans doute exagéré. Mais pendant longtemps, la profession a cru le ministère quand il lui disait que son texte ne visait pas les dégustations gratuites ni les ventes au forfait. Et puis il a bien fallu se rendre à l’évidence. D’un côté le ministère tenait un discours rassurant, de l’autre il ne mettait aucun garde-fou en place. Les fonctionnaires de la santé ont même fini par en convenir. Si un amendement ne venait pas modifier le texte, « la profession viticole allait droit dans le mur ». La filière s’est donc mobilisée derrière la bannière de Vin & Société, l’association qui fédère tous les acteurs autour d’une consommation modérée du vin et de l’alcool. A la commission de la santé, elle a notamment « vendu l’idée » de cibler la restriction sur les moins de 25 ans, en introduisant un distinguo entre les événements qui proposent des boissons alcoolisées et les dégustations gratuites proprement dites. A la mi-février, les discussions se poursuivaient avec le ministère de la Santé pour trouver l’amendement le plus judicieux. Mais faudra-t-il encore qu’il soit adopté par les députés et sénateurs. A l’Assemblée nationale, les travaux parlementaires autour du projet de loi HPST ont démarré depuis plus de trois semaines. Les votes avancent lentement, compte tenu du nombre d’amendements déposés. Normalement, c’est entre le 3 et le 5 mars que devrait arriver l’examen des articles 23 et 24 sur la consommation d’alcool. Via ses relais en régions, Vin & Société a saisi les députés implantés en zones viticoles, pour qu’ils se mobilisent le jour du vote. Au plan numérique, feront-ils le poids face aux députés issus des professions de la santé, médecins, pharmaciens ? Il faut l’espérer car il n’y aura pas de session de rattrapage. Objet d’une procédure d’urgence, le texte ne sera examiné qu’une fois à l’Assemblée nationale et qu’une fois au Sénat. Il ne fera pas l’objet d’une deuxième lecture. Jusqu’au dernier moment la filière sensibilise tous azimuts, Gouvernement comme grand public. La veille du vote est prévue une action de communication de grande envergure dans la presse nationale comme dans la presse quotidienne régionale. Car tout le monde en est persuadé. Si la profession viticole perdait la possibilité de faire déguster gratuitement ses produits, c’est le cœur de métier qui serait atteint. « On signerait l’arrêt de mort non seulement de l’économie viticole mais aussi de sa culture. »

Un fléchissement

Le temps passe et les ventes de Cognac ne se rétablissent pas. L’année mobile à fin janvier se termine à – 8 % avec un mois de janvier qui n’a pas été bon (- 29 % par rapport à l’an passé). Certes, il a été toujours été dit qu’il fallait attendre fin mars pour se faire une opinion mais, cette fois, l’infléchissement semble sérieux. Par rapport à son niveau le plus haut – 506 270 hl AP sur l’année mobile à fin octobre 2007 – les expéditions de Cognac ont perdu près de 60 000 hl AP. Certes, tout n’est pas à mettre sur le compte de la crise. Les baisses avaient commencé bien avant. Mais tout de même. Le Cognac a beau être un produit de luxe, il n’échappera pas au marasme économique mondial. C’est un fait certain. Dans ces conditions, les représentants viticoles commencent à préparer les esprits à la baisse du rendement Cognac. « Prétendre le contraire serait une erreur professionnelle. » Ainsi ce qu’il était convenu d’appeler la QNV va baisser sur la prochaine campagne. De combien ? Les langues ne se délient pas sur le sujet. Il faudra attendre entre le 15 mai et le 15 juin pour en savoir plus, une fois l’ensemble des chiffres rentrés dans la « bécane », pour que cette dernière fasse son office.

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