« Aujourd’hui, on va à Cognac »

27 décembre 2008

michel_goudard.jpgConformément à la réalité de terrain, la publicité met l’accent sur « la bonne idée du jour » : « Aujourd’hui, on va à Cognac ». Pourtant l’office de tourisme de Cognac aimerait bien transformer les excursionnistes d’un jour en touristes de plusieurs jours. Une tâche à laquelle sont attelés Michel Goudard, directeur de l’O.T., et son équipe.

En 2001, 43 000 visiteurs ont fréquenté l’office de tourisme de Cognac.

« Revue Le Paysan » – Quelle typologie pourriez-vous dresser des visiteurs se déplaçant à Cognac ?

Michel Goudard – La clientèle est essentiellement de type familiale et se classe plutôt dans la catégorie des excursionnistes, c’est-à-dire des personnes qui passent quelques heures dans une ville sans y séjourner. Par différence, on appelle touristes les gens qui résident une à trois nuits dans un lieu et vacanciers ceux qui dépassent les trois nuits en un même endroit.

« R.L.P. » – En ce qui concerne les chiffres de fréquentation ?

M.G. – Il est difficile de répondre à cette question. Même si l’on faisait l’addition arithmétique du nombre de visiteurs dans les maisons de négoce, on arriverait à des chiffres erronés car il n’est pas rare que les mêmes fassent plusieurs visites. En tant qu’office de tourisme, nous savons par contre exactement, année après année, combien de gens viennent nous demander des renseignements. En 2001, ils furent 43 000 et leur nombre augmente tous les ans. Sur ce chiffre, il y a deux tiers de Français et un tiers d’étrangers. Autre donnée intéressante, les Britanniques représentent un quart de ces 43 000 visiteurs, ce qui est considérable. Mieux, leur nombre augmente alors que la clientèle étrangère autre – Belges, Hollandais, Allemands – a tendance à diminuer. On note toutefois une percée des pays scandinaves, notamment de la Norvège, ainsi que de l’Amérique du Nord, Canada et U.S.

« R.L.P. » – Pourquoi ces gens viennent-ils à Cognac ?

M.G. – Au premier chef, pour le Cognac. Très honnêtement, tout le monde connaît le produit, même si un certain nombre ignore l’existence d’une ville du même nom. Leur surprise est grande de le découvrir.

« R.L.P. » – Quelle place occupe la visite des maisons de négoce dans le tourisme cognaçais ?

M.G. – A l’évidence une place déterminante. L’office de tourisme formalise cet impact en réservant une place dans son conseil d’administration à toutes les maisons qui sont ouvertes au public au moins six mois dans l’année. A ce jour elles sont six : Hennessy, Martell, Rémy Martin, Otard, Polignac et Camus. Ainsi, ne rentrent pas dans cette définition une maison comme Larsen, qui organise pourtant des visites mais de manière ponctuelle ou encore Courvoisier à Jarnac mais cette fois parce que l’entreprise se situe hors de notre zone de compétence. Car, statutairement parlant, nous sommes l’office de tourisme de la communauté de communes de Cognac.

« R.L.P. » – Votre mission se borne-t-elle aux contours de la communauté de communes ?

M.G. – Bien sûr que non. Nous nous insérons dans l’offre du pôle touristique Pays de Cognac – ouest-Charente et plus globalement dans la recherche de la meilleure pertinence touristique possible. De plus en plus, les communautés d’intérêts prennent le pas sur les divisions administratives. C’est l’idée des Pays Voynet, comme il y a eu les Pays Chevènement ou les Pays Pasqua. Très concrètement, va être éditée prochainement à 40 000 exemplaires un document d’accueil conséquent dit du « Pays du Cognac », fruit de la collaboration des offices de Rouillac, Châteauneuf, Segonzac, Jarnac et Cognac. Distribuée par ces offices, le comité départemental du Tourisme, le comité régional et la Maison du Poitou-Charentes à Paris, cette brochure fait partie d’une collection régionale initiée par le comité régional du Tourisme. A travers un tel regroupement marketing, nous cherchons à transformer nos excursionnistes en touristes en leur proposant une offre touristique bien plus large. L’hébergement marchand recouvre non seulement les hôtels mais aussi les meublés, les chambres d’hôtes à la campagne. Nous voulons mettre en exergue la notion de filière, démontrer que le Cognac ne se borne pas à la maison de négoce mais embrasse la verrerie, la tonnellerie, le fendeur de merrain et bien sûr les viticulteurs et les terroirs. C’est toute la problématique des Etapes du Cognac.

« R.L.P. » – Les Etapes du Cognac ne représentent-elles pas une concurrence potentielle pour vous ?

M.G. – Pas le moins du monde. Au contraire, quand les Etapes du Cognac furent lancées en 1995-1996, l’office de tourisme de Cognac fit partie de ses premiers supporters. Nous sommes très contents de voir que les viticulteurs s’approprient les Etapes et en font leur affaire.

« R.L.P. » – En tant qu’office de tourisme de Cognac, essayez-vous de recruter des visiteurs ?

M.G. – Oui, tous les ans, nous affectons 600 à 700 000 F à des actions promotionnelles en France et à l’étranger. Les campagnes publicitaires les plus importantes revêtent la forme d’un affichage sur le réseau ferré Montparnasse/Bordeaux, sous le modèle : « Aujourd’hui, on va à Cognac ». Le même message s’affiche durant les trois mois d’été sur la côte royannaise, de Meschers à La Rochelle.

« R.L.P. » – Quelle action conduisez-vous à l’égard des groupes ?

M.G. – L’office de tourisme bénéficie de l’autorisation administrative de commercialiser des produits « clés en main ». Nous pouvons le faire en pleine légalité car nous répondons aux exigences de la loi en terme de capacité professionnelle, de garanties financières, d’assurances… Le service commercial participe à des foires et salons spécialisés et une personne et demie s’emploie à satisfaire la demande des groupes. Aucun groupe qui manifeste l’envie de faire un voyage sur Cognac ou sa région ne reste sur la touche. On s’occupe de lui. Ceci étant, nous ne nous situons pas en tant qu’agence de voyage. Ce rôle reste forcément secondaire chez nous. La délégation de service public confiée aux offices de tourisme par la loi du 23 décembre 1992 leur assigne trois missions prioritaires : l’accueil, l’information, la promotion. D’ailleurs, d’un point de vue réglementaire, notre autorisation de commercialiser vaut tant qu’une agence de voyage ne se manifeste pas pour faire ce que nous faisons. Nous n’intervenons sur ce créneau que pour pallier une carence de l’initiative privée.
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« R.L.P. » – Que proposez-vous au tourisme de groupe ?

M.G. – A son égard, nous disposons de quelques produits pivots comme la visite de la tonnellerie Vicard et de la verrerie Saint-Gobain, le tour de la vieille ville, le circuit de l’art roman ou le circuit « à la découverte des viticulteurs ». En ce qui concerne les maisons de négoce, notre déontologie nous interdit de choisir à la place des groupes qui doivent se déterminer eux-mêmes. Selon la demande, notre prestation peut s’étendre à l’organisation de la restauration, de l’hébergement, voire aux transferts par autobus d’un endroit à un autre.

« R.L.P. » – Peut-on dire que le tourisme industriel fonctionne bien à Cognac ?

M.G. – Oui, sans doute et les maisons de négoce consacrent des sommes considérables à la promotion et à l’aménagement de leurs sites d’accueil. Pourtant, malgré tout, Cognac ne connaît pas le flot de visiteurs rencontré par certains lieux de dimension plus modeste comme la distillerie Bénédictine à Fécamp et ses 140-150 000 visiteurs ou Noilly-Prat à Marseillan, petit village de l’Hérault. C’est un hiatus qui interpelle et qui nous pose questions.

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