« Une Image Du Marché La Plus Fidèle Possible » !

17 mars 2009

pineau_opt.jpeg

Jean-Marie Baillif, président du Syndicat des producteurs de Pineau.

Envoyer une information brute aux opérateurs, pour qu’ils cernent mieux le marché. C’est dans cet état d’esprit que le Syndicat des producteurs de Pineau a lancé en mars dernier un observatoire mensuel des cours du Pineau vrac.

 

 

 

Jusqu’ici n’existait, en guise de relevé des cours de Pineau, que la mercuriale des courtiers. Mais elle était marquée par un assez fort décalage dans le temps (rythme trimestriel) et des fourchettes de prix assez lâches, rendant difficile la lisibilité du marché. D’où, selon le Syndicat des producteurs de Pineau, une filière assez sujette à « l’intox ». L’idée consiste donc à proposer une « vraie information », sur des bases plus rationnelles. Aux 800 déclarants de récolte et détenteurs de stocks Pineau, le syndicat a adressé une lettre explicitant son projet, courrier assorti d’un formulaire d’enregistrement des cours. Pour ce faire, le syndicat s’est inspiré de ce qui se pratique dans d’autres appellations viticoles. Chaque mois, plus précisément le 10 du mois, en même temps qu’il dépose sa déclaration récapitulative mensuelle aux Douanes, le producteur de Pineau est invité à adresser au syndicat sa feuille d’observation des cours, qu’il ait ou non vendu d’ailleurs. Mais le principe est d’encourager la remontée systématique des cours, pour élargir au maximum la base de données et fiabiliser d’autant l’information. A l’évidence, plus l’outil sera alimenté, plus il sera efficace. Selon le principe du « donnant-donnant », l’opérateur qui envoie sa feuille au syndicat (la copie et non l’original) reçoit en retour le compte rendu de l’observatoire des cours. Pour le mois donné, il saura par exemple combien d’hl de Pineau ont été vendus dans la tranche des 200-210 €, combien de volumes se sont négociés dans celle des 210-220 ou des 230-240 €. « C’est un outil indispensable pour que chacun sache où se situe le marché » note Jean-Marie Baillif, président du syndicat. Volontairement, le syndicat n’a pas voulu descendre trop loin dans le descriptif des lots, sous peine de glisser sur une pente par trop subjective (qualité gustative des Pineaux, couleur…). La fiche mensuelle se borne à différencier les lots bruts des lots préparés, les Pineaux blancs des Pineaux rosés, les Pineaux jeunes des Pineaux vieux… « Notre ambition se limite à donner aux opérateurs une information brute. A eux de l’interpréter. » Dans ce genre d’entreprise, la question de l’anonymat est bien sûr centrale. Le syndicat garantit un maximum d’anonymat avec juste, comme fil d’Ariane, l’indication du code BNIC de l’opérateur, au cas où une information aberrante justifierait d’être vérifiée. Pour son baptême du feu, en mars 2008, l’observatoire a reçu plus de 100 réponses, recouvrant un volume de 3 500 hl. Les cours consignés, avec les volumes correspondants, se situaient dans une fourchette de 210 et 250 € l’hl vol. Le cours de 250 € l’hl vol. a provoqué un début de polémique. Le syndicat le confirme. « Le recoupement d’informations nous permet de dire que cette indication de prix n’est pas usurpée. Les deux tiers des opérations enregistrées sur le mois de mars par l’observatoire se sont bien traités à 250 € l’hl. » Et puis les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Sur le mois d’avril, une transaction figure bien au-dessous du prix de marché. Pour le syndicat, pas question de l’ignorer. « Bien évidemment, nous jouons le jeu et nous l’injectons dans le circuit. Elle rendra service au négoce. » Et de souligner d’ailleurs que si l’observatoire renseigne les producteurs, il représente aussi « un sacré outil pour le négoce ».

Sans ignorer les dérives toujours possible d’un système déclaratif, le syndicat des producteurs ne les redoute pas outre mesure. Last but not least, il estime encore être le mieux placé pour observer le marché. Le véritable danger lui semble être d’une autre nature, plus subtile et insidieuse : que l’observatoire crée à terme la tendance du marché. « Il ne faudrait pas que le marché soit biaisé par l’outil. Nous serons très vigilants à cet écueil. Si nous constations un emballement de ce type, à la hausse comme à la baisse, il serait sage de mettre en suspend l’outil, au moins pour un moment. » Les représentants des producteurs indiquent aussi qu’une logique de marché contractuel leur semblera toujours préférable à celle du marché spot. « Entre les 235-240 € du marché contractuel et les 250 € du marché spot, nous choisirons toujours les 235-240 €. » Aujourd’hui, le marché spot (ou libre) du Pineau vrac, hors coopérative, porte sur environ 30 000 hl vol. Très peu de quantités sont contractualisées. Qu’en sera-t-il demain ? Par ailleurs, les coopératives ne communiquent pas encore à l’observatoire le prix de revente du Pineau vrac à leurs sociétés de négoce mais elles sont encouragées à le faire. Peut-être franchiront-elles le pas. Tout cela pour dire que le syndicat se défend d’avoir voulu monter, avec l’observatoire des cours du Pineau vrac, un instrument de surenchère des prix.

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé