Normalisation Et élections

15 mars 2009

La Rédaction

Normalisation… En ce début mars, c’est le terme qui revient le plus souvent à l’évocation du cours des eaux-de-vie de Cognac. Les observateurs constatent une certaine convergence entre prix des grandes maisons et prix du second marché, alors que le second marché « tirait » les prix à la hausse encore il y a peu. Mais une série de mauvaises nouvelles – ralentissement de l’économie américaine, décrochage des ventes de Cognac depuis quelques mois sur certains marchés, russe et américain notamment – ont « calmé le jeu ». Des échantillons, plus nombreux, sont parvenus au négoce, ce qui, du coup, l’a rendu un peu moins « demandeur ». Le résultat ne s’est pas fait attendre. Les prix ont marqué le pas. Alors que le cours des comptes 2 atteignait allégrement 1 500 € sur le second marché, il flirte aujourd’hui avec les 1 200 €, à 50 € près, en plus ou en moins. Même chose pour les vieilles eaux-de-vie. Des comptes 10 à plus de 3 500 € sur le second marché font désormais figurent de rareté. La palette s’avère un peu plus large auprès des grandes maisons – entre 3 500 et 4 000 € – au nom de la capacité de « triage » exercée par ces dernières. Des refus d’échantillons cohabitent avec des prix élevés, voire très élevés. Des qualités exceptionnelles peuvent encore atteindre 6 000 €. Cependant, le gros de la troupe se négocie entre 3 200 et
3 700 € l’hl AP.

La question que tout le monde se pose en cette période de léger flottement : « Se dirige-t-on vers une chute des cours ? » « Je crois que les opérateurs attendent de voir comment va se passer le premier semestre » indique un intermédiaire. Dans leur grande majorité, les négociants n’ont pas tiré de conclusions hâtives des contre-performances – toutes relatives – du Cognac ces derniers mois. Beaucoup, et parmi les plus importants, restent optimistes. Par contre, une tendance semble se confirmer au fil du temps : la recherche de valeur ajoutée à travers les qualités vendues. Une situation qu’un acteur de la filière décrit de la manière suivante : « Les négociants de Cognac deviennent de moins en moins vendeurs de bouteilles – comprendre VS et ✭★✭ – et de plus en plus vendeurs de luxe, ce qui n’est pas forcément bon pour la viticulture. » S’ajoutent à cela des pertes de parts de marché « lorsque le prix ne passe plus » ou quand le « faux Cognac » fait concurrence au vrai, une suspicion que concourent à alimenter des expéditions vrac importantes sur certaines destinations. Les parts de marché perdues se reconquièrent-elles facilement ? Les avis divergent, certains estimant que des comptes 2 entre 1 000 et 1 2 00 € pourraient très rapidement inverser le cours des choses alors que d’autres se montrent plus dubitatifs. Dans ce contexte, la viticulture doit-elle « jeter le bébé avec l’eau du bain », c’est-à-dire se dépêcher de vendre les eaux-de-vie qui lui restent ? En ce qui concerne les jeunes comptes (1 et 2), il est clair que leur prix va être fortement impacté par la prochaine récolte. Mais dans quel sens ? Par ailleurs, un commentateur souligne que « les négociants ne pourront pas indéfiniment acheter, tous comptes confondus, 160 à 180 000 hl AP de plus que le marché ». Sur les vieux comptes, Il est clair que le courant n’est pas à l’affolement. Des maisons importantes se sont couvertes et celles qui accusaient un déficit de stock sont en passe d’avoir refait leur retard. Pour autant, faut-il désespérer des vieux comptes d’âge dans les chais des bouilleurs de cru ? « Franchement, s’il y a un compte où nous ne sommes pas en excédent, c’est bien le compte 10 », au moins dans la configuration actuelle des ventes témoigne un opérateur qui recommande de « raison garder ». « C’est toujours pareil. Restons les pieds sur terre quand ça va bien et ne cédons pas à la panique générale quand ça va un peu moins bien. »

Comment va s’organiser le vote pour désigner les futurs délégués viticoles à l’ADG (Association de défense et de gestion de l’appellation Cognac) ? Cette question divisait les deux syndicats SGV et SVBC. Finalement, après de très longs débats, un compromis a été trouvé. Ce ne sera pas un déclarant = une voix ni un ha = une voix, mais une voix par tranche de 15 ha de vigne et ce à concurrence de 4 voix maximum par déclarant (traduction : de 0 à moins de 15 ha de vigne : une voix ; de 15 ha à moins de 30 ha : 2 voix ; de 30 à moins de 45 ha : 3 voix ; au-dessus de 45 ha : 4 voix). A côté des déclarants de récolte, les détenteurs de stocks allaient-ils avoir le droit de voter ? Interrogé sur le sujet, l’INAO a répondu par la négative, dans la mesure où les détenteurs de stocks ne sont pas directement concernés par le cahier des charges (ex décret d’appellation). A contrario, tous les déclarants qui, dans le futur, revendiqueront l’AOC Cognac auront l’obligation d’adhérer à l’ADG Cognac. Pourquoi ? Tout simplement pour que cette même ADG soit en mesure d’exercer ses missions de contrôle (suivi interne, contrôle externe). Il a été décidé que le collège des 68 délégués viticoles de l’ADG se répartirait de la manière suivante : 13 délégués de Grande Champagne, 13 de Petite Champagne, 5 de Borderies, 29 de Fins Bois et 8 de Bons Bois – en fonction de la surface respective de chaque cru. Sauf exception, on votera dans le cru de son siège d’exploitation. Sachant que l’ADG Cognac, comme tous les autres ODG, devra être en place le 30 juin 2008, c’est donc avant cette date que se tiendront les élections. Un scrutin chargé d’enjeux. « Tout le monde va aller chercher ses électeurs et sa légitimité » note-t-on de part et d’autre. Car non seulement l’ADG va défendre les intérêts du produit – « ne laissez pas les autres voter à votre place ! » – mais les résultats des élections serviront peu ou prou de test de représentativité au renouvellement du BNIC, prévu le 23 juillet prochain. « Les élections à l’ADG sont à prendre très au sérieux. » Et de s’exclamer d’un même cœur : « Votez du bon côté ! »

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