Le cycle végétatif 2 016 aura fait beaucoup « souffrir et transpirer » la vigne du premier au dernier jour. C’est un millésime ou tout a été compliqué ! Un hiver trop doux, un débourrement dans une période de fraîcheur, du gel de printemps, une humidité ambiante permanente jusqu’à la fin de la floraison, de la chlorose, de la coulure, du mildiou, des sinistres de grêles puissants et puis une sécheresse estivale sans précédent.
Un millésime 2 016 marqué par l’évolution climatique
Les viticulteurs ont dû déployer beaucoup d’énergie pour faire face à deux séquences climatiques contrastées qui ont véritablement malmené les souches. Le millésime 2 016 a été marqué à la fois par des excès d’humidité et de fraîcheur au printemps et une sécheresse extrême durant tout l’été. Cette climatologie a impacté le développement du potentiel de grappes et ensuite gêné leur évolution durant toute la phase de maturation. Si les printemps pluvieux et frais sont assez coutumiers dans notre région proche de l’océan Atlantique, un été aussi torride et sans pluie pendant plus de 70 jours reste un événement encore inhabituel. La fréquence des étés plus chauds s’accentue depuis 15 ans ; 2 003 avaient littéralement surpris ; 2 005 avaient étonné, et depuis 2009, 2011, 2 012 et 2 016 confirment que les conséquences du changement climatique sont devenues une réalité désormais difficile de nier ».
Des souches malmenées par des excès d’humidité et de chaleur
La conduite du vignoble en 2016 a été particulièrement délicate car les souches ont dû faire preuve d’une grande capacité d’adaptation pour faire face successivement à 70 jours de souffrance humide et 70 jours de transpiration permanente. La première partie du cycle végétatif a fragilisé la tenue du potentiel d’inflorescences et perturbé la floraison. Ensuite, l’arrivée du beau temps attendu a laissé penser que « le plus dur » était passé. Le début d’un bel été chaud et ensoleillé a effectivement redonné « de l’énergie » aux souches mais par la suite, l’alimentation en eau est devenue difficile et même très problématique dans certaines situations. Seuls, les efforts d’une gestion pérenne des itinéraires agronomiques ont permis d’atténuer les conséquences du stress hydrique. Au final, certaines vignes ont à peu près bien supporté ce contexte de production difficile et d’autres ont littéralement décroché.
Un potentiel de grappes moyen à surveiller de près
Le potentiel volumique de la récolte s’annonce donc moyen (90 à 100 hl/ha en moyenne) et surtout très fluctuant d’une parcelle à l’autre. L’impact cumulé des mauvaises conditions de floraison et de la sécheresse explique la grande hétérogénéité de potentiel de grappes et de leur état de maturité à l’approche des vendanges. Les pluies de la mi-septembre et la climatologie de ce fin mois idéale ont permis de bien réhydrater les raisins mais pas de lisser les différences d’état de maturité. Ce sont tout de même de bonnes conditions de fin de maturation. Le souhait de beaucoup de viticulteurs d’attendre le maximum de maturité pour compenser les niveaux de rendements moindres annoncés est pleinement justifié sur le plan économique mais cette logique doit aussi concilier les enjeux qualitatifs de la filière Cognac. Les raisins « stressés » du millésime 2 016 constituent une matière première à la fois intéressante, d’un niveau de maturité hétérogène et forcément vulnérable. Les belles grappes saines en fin de mois de septembre devront faire l’objet d’un suivi attentif car leur contenu est précieux. Il faudra savoir faire preuve à la fois de patience et de réactivité pour en extraire le meilleur au bon moment. La prise en compte de tous ces éléments laisse penser que la période de récolte idéale devrait se situer entre le 01 et15 octobre. Bonne vendanges !