Mildiou, oidium, pourriture grise : Gestion des resistances en 2016

26 mai 2016

Un groupe de travail réunissant desexperts de la Direction générale de l’alimentation(de la sous-direction de laqualité des végétaux, la DGAL-SDQPV),de l’Agence nationale de la sécurité sanitairede l’unité de résistance aux produitsphytosanitaires (ANSES-RPP), de l’INRA,de l’IFV, du CIVC (le Comité interprofessionneldes vins de Champagne) et deschambres d’agricultures dans les différentesrégions viticoles ont mis en communtoutes leurs compétences et leursretours d’expérience à l’issue du cyclevégétatif 2015 pour rédiger un note nationalefaisant le point sur l’état des lieuxde la résistance aux principales maladiesde la vigne (mildiou, oïdium et pourrituregrise) et sur les moyens préventifs deprévenir leur apparition.

Le travail de synthèse qui a été réalisésur le sujet sensible des phénomènesde résistances repose sur les résultatsd’un plan de surveillance national de larésistance aux produits phytopharmaceutiques.Il est piloté par la DGAL. Cetteaction s’inscrit dans l’axe 1 du plan EcophytoII qui concerne le suivi des effets nonintentionnels des pratiques de protection.Un réseau de surveillance de l’évolutionde la résistance aux principales famillesde substances actives contre le mildiou,l’oïdium et la pourriture grise a été mis enplace au niveau national depuis plusieursannées. Les analyses de résistances ontété réalisées dans toutes les régions viticolesfrançaises par le laboratoire del’unité de suivi des résistances de l’ANSESde Lyon, les différents centres de l’INRA,le CIVC, des techniciens de terrain conduisantdes essais d’efficacité en situation derésistance et différents acteurs impliquésdans des groupes de travail. Durant l’hiver,les experts cités précédemment ont misen commun leurs résultats et leurs vécusdu cycle végétatif 2015 pour rédiger la notede gestion des résistances. Ce documentpermet de présenter, d’une part, un étatdes lieux de l’évolution de la résistancedes principales matières actives autoriséeset, d’autre part, établit des recommandationspour prévenir leur apparitiondans un objectif de réduction des traitements.Cette communication concerneuniquement la gestion des phénomènes derésistances et pas les aspects d’efficacitédes différentes substances actives.La note de gestion des résistances 2016signale les évolutions marquantes par rapportaux années précédentes.

Prophylaxie et qualité de pulvérisation : des mesures préventives indispensables pour améliorer la protection

Les conditions de réussite de la protectiondu vignoble vis-à-vis des maladies sontd’autant plus favorables que sa mise enoeuvre est accompagnée d’une qualité depulvérisation irréprochable, de mesuresprophylactiques (venant limiter le développementdes champignons).Ces mesures participent à la diminutionde la pression de sélection sur les champignonset, de ce fait, contribuent à la limitationdu risque de résistance.Pour l’ensemble des maladies, lesmesures prophylactiques passent par :• La limitation de la vigueur par le raisonnement,dès la mise en place de la vigne,du choix d’un porte-greffe adapté, et éventuellementdu cépage et du clone. Sur unevigne en production, la vigueur peut semaîtriser par la diminution des apports(notamment azotés) et par l’enherbementpermanent (spontané ou maîtrisé) : enfonction des possibilités techniques et dela diminution de vigueur recherchée, lalargeur de la bande enherbée pourra êtremodulée.• Des rognages raisonnés pour éliminer lajeune végétation (très sensible au mildiou)et permettre une meilleure pénétration dela pulvérisation, améliorant l’efficacité dela protection.En ce qui concerne plus spécifiquementle mildiou, il convient en outre d’éviterla formation de mouillères en favorisantl’élimination des excès d’eau et d’éliminertous les rejets (pampres à la base dessouches, plantules issues de la germinationde pépins…). Ces éléments favorisentl’installation des foyers primaires de mildiouet participent au démarrage précocede l’épidémie.En ce qui concerne plus spécifiquementla pourriture grise, la prophylaxie doits’appliquer, quel que soit le risque parcellaire.En cas de risque faible, la prophylaxie rendsouvent inutile l’application de traitements.Il convient de bien aérer les grappes parune taille et un mode de palissage quiassurent une répartition homogène desgrappes. L’ébourgeonnage, le rognage,l’effeuillage et, éventuellement, l’éclaircissagepermettent d’éviter l’entassement dela végétation.Limiter les blessures des baies par unemaîtrise correcte des vers de la grappeet de l’oïdium lors de fortes pressions estaussi un moyen de diminuer les portesd’entrée du champignon dans les baies.

Mildiou : les évolutions marquantes et les recommandations

En 2015, le plan de surveillance national aconcerné uniquement les modes d’actionQiI (inhibiteurs du site Qi du cytochrome b :cyazofamide, amisulbrom) et QoI-D (inhibiteursdu site Qo, en position distale, ducytochrome b ; terme équivalent à QoSI :amétoctradine). Du fait de la faible pressionde mildiou, un nombre limité d’échantillonsa pu être prélevé.La plupart des populations sont sensiblesà ces deux modes d’action. Cependant, despopulations légèrement résistantes simultanémentaux deux modes d’action ontde nouveau été détectées en 2015. Cetterésistance croisée positive est déterminéepar l’activation d’une voie alternative de larespiration, mettant en jeu l’enzyme alternativeoxydase (AOX). Il s’agit donc d’unmécanisme indépendant de la cible de cesdeux modes d’action.Par ailleurs, en 2015, une populationcontenant des individus résistant spécifiquementà l’amétoctradine (forts niveauxde résistance ; absence de résistancecroisée avec les QiI) ont été détectées. Detelles souches sont signalées à faible fréquencedepuis 2013 et ont pu être isoléespour la première fois en 2015, ce qui permetde rechercher le mécanisme de résistancemis en oeuvre. Ces investigationssont en cours. Elles ont, d’ores et déjà, misen évidence une substitution (S34L) portéepar le cytochrome b, ce qui suggère fortementune résistance liée à la cible, maisreste à démontrer formellement.Enfin, il a été signalé pour la première foisen 2015, dans quelques populations, laprésence, à faible fréquence, de souchesrésistantes spécifiquement à la cyazofamide,qui n’ont pu être isolées. La détectionde telles souches, et leur caractérisation,devront être poursuivies en 2016.Pour les autres modes d’action anti-mildiou,en l’absence d’éléments nouveaux,les recommandations antérieures sontmaintenues.A noter la confirmation (à partir dequelques tests réalisés par l’INRA deBordeaux) du maintien d’une résistanceencore bien implantée vis-à-vis des QoI etdes anilides.

Oïdium : les évolutions marquantes et les recommandations

En 2015, le plan de surveillance nationalportait essentiellement sur les IDM (triazoles),azanaphtalènes (quinoxyfène etproquinazid), SDHI (boscalid et fluopyram)et aryl-phényl-kétones (métrafénoneet pyriofénone). Des tests complémentairesont été réalisés sur le moded’action QoI (groupe chimique des strobilurines)à partir des échantillons reçus.• IDM (tests biomoléculaires) : la situationreste globalement stable par rapportà 2014, avec 26 % de fréquence moyennede l’allèle Y136F (gène cyp51) sur tous lesvignobles échantillonnés.• QoI(tests biomoléculaires) : la fréquenceglobale de l’allèle G143A (gène cytb), principalmarqueur de la résistance, se maintientà une fréquence élevée et progresseentre 2014 (55 %) et 2015 (63 %). La situationreste assez contrastée entre et au seindes régions. Des populations sensiblessubsistent néanmoins dans quelques parcelles.• Azanaphtalènes(tests biologiques utilisantdeux doses discriminantes de qui-noxyfène) : une part significative des20 populations étudiées en provenance dedifférents vignobles se développe au-delàdes doses discriminantes. Les souchesrésistantes possèdent des facteurs derésistance moyen à fort. La situationne semble pas avoir évolué par rapportà 2014. Il existe une grande variabilitéentre parcelles. Cette résistance sembleassociée à une perte de fitness des isolatsconcernés, puisqu’il a été démontréexpérimentalement que leur fréquencediminue lorsqu’on arrête l’utilisation de cemode d’action.• SDHI (tests biologiques – molécule testée:boscalid) : en 2015, sur 31 parcellestestées, aucun cas de résistance n’estdécelé. Pour rappel, en 2014, deux populationsavaient pu se développer au-delàdes doses discriminantes employées. Desinformations communiquées aux rédacteursde cette note confirment, en 2015, laprésence de populations résistantes à defortes doses de boscalid mais pas de fluopyram.Cependant, ces deux moléculessont à gérer globalement pour la préventionde la résistance, car chez d’autresespèces, des mutants très résistants à lafois au boscalid et au fluopyram ont pu êtresélectionnés dans un second temps.• Aryl-phényl-kétones(tests biologiques- molécule testée : métrafénone) : il s’agitdes premiers tests de résistance pour cegroupe chimique. Sur 31 parcelles testées,60 % contiennent des souches qui présententun certain niveau de résistance,voire même un niveau assez élévé, pourune de ces populations. La résistance à lamétrafénone a été par ailleurs décrite enItalie, sur une parcelle à pression de sélection.Cette première observation de résistancedans les vignobles français devraêtre confirmée.NB : la pyriofénone fait partie de la familledes benzoylpyridines, mais partage lemême mode d’action que la métrafénone.Elles sont regroupées dans le groupedes aryl-phényl-kétoneset doivent êtregérées ensemble.En l’état actuel des connaissances, 3 modes d’action ou groupes chimiques sont particulièrement concernés par la résistance : lesIDM, les QoI et les Azanaphtalènes. Leur utilisation (plus particulièrement celle des QoI) est susceptible de fragiliser les programmesde protection et de reporter la pression de sélection sur les autres modes d’action. Il est nécessaire d’alterner les traitements contenantces modes d’action avec des préparations à modes d’action non concernés par la résistance et suffisamment efficaces, et de nepas les utiliser en succession (ex : IDM suivi de QoI ou Azanaphtalènes). Des recommandations particulières, prenant en compte ceséléments, ou le contrôle d’autres cibles, comme le black rot, pourront être proposées pour s’adapter aux spécificités régionales.Les mesures de prophylaxie et la qualité de la pulvérisation contribuent à la limitation du risque de résistance (voir p. 34).

Pourriture grise : les évolutions marquantes et les recommandations

Le monitoring 2015 a été partiel, limitéaux régions PACA et Midi-Pyrénées, enplus du monitoring du comité Champagne.Par ailleurs, la campagne 2015 a été peufavorable à Botrytis cinerea. Peu de prélèvementsont été effectués. Les résultatsobtenus ne montrent pas d’évolutionnotable. A noter que, concernant les SDHI,une partie des souches résistantes détectéesau vignoble présente une résistancecroisée positive au boscalid et au fluopyram.Les recommandations des annéesprécédentes sont maintenues.Jusqu’à présent, les recommandations d’emploi des fongicides anti-botrytis (baséessur la limitation d’utilisation de chaque famille chimique) et de respect des mesuresde prophylaxie (p. 34) ont fait leurs preuves. Quelle que soit la stratégie, l’emploi d’unseul produit par famille chimique et par an est impératif. L’alternance pluriannuellepour toute famille chimique concernée par la résistance spécifique est fortementrecommandée.

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