Martell s’implique dans la création de cépages resistants

17 août 2017

La maison Martell a décidé de s’engage dans un nouveau programme de recherche de création de cépages résistants au mildiou et à l’oïdium qui intègre aussi les conséquences de l’évolution climatique. Cet engagement dans la recherche des cépages du futur démontre que l’entreprise est très impliquée dans les enjeux de respect de l’environnement et de maîtrise de la qualité de la filière Cognac. La mise en route d’un tel projet dans l’univers viticole est « un chantier énorme » qui va mobiliser des compétences pendant au moins deux décennies.

Jusqu’à présent aucun acteur privé ne s’était investi en France dans une réflexion de fond concernant la sélection de nouveaux cépages. Ce sont les interprofessions de chaque grandes régions viticoles qui portent en général ces projets. L’initiative de la maison Martell représente donc un investissement culturel et financier très important dans le long terme. Le dossier de recherche a été construit en ayant la volonté de rassembler et mobiliser toutes les compétences de la région de Cognac et aussi les unités de recherches nationales de l’INRA et de l’IFV qui travaillent déjà ces sujets. Le soutien financier pour développer cette démarche de création variétale va-être important et durer au moins une petite décennie. Les responsables de l’entreprise ont le souhait d’être volontairement discret sur le sujet financement qui s’apparente à une forme de mécénat au profit de la filière de production Cognac.

 

Anticiper l’évolution du contexte de production

 

      L’échelle de temps pour créer des cépages résistants adaptés à la filière Cognac est actuellement d’au moins 20 à 30 ans ce qui est à la fois long et court. L’ugni blanc a mis 50 ans à supplanter la Folle Blanche qui était devenue de plus en plus sensibles au botrytis suite à une évolution du climat. Faire évoluer l’encépagement d’un vignoble aussi prestigieux que celui de Cognac, doit être abordé avec beaucoup de professionnalisme. Le cépage fait partie de l’identité culturelle et qualitative d’une filière qui est actuellement prospère. L’ugni blanc a beaucoup de qualités qui sont reconnues par les viticulteurs et les grandes maisons de Cognac. Aujourd’hui, les enjeux de viticulture durable et l’évolution climatique deviennent prioritaires ce qui modifie déjà profondément le contexte de production et cela risque de s’amplifier dans l’avenir. Notre cépage n’est-il pas entrain de commencer ses limites culturales avec des vendanges de plus en plus précoces, une pression de parasitisme forte et la montée en puissance  des enjeux environnementaux ? Les utilisations des intrants phytosanitaires sont devenus un sujet de débats permanents. Il faut peut-être anticiper l’avenir et penser à faire évoluer le capital Ugni blanc avant que celui-ci ne soit trop « Chahuté» ? Ce constat a été l’élément déclencheur de divers programmes de création de variétés de cépages résistants en Charentes et dans toutes les régions viticoles de France et d’Europe.

 

     Une dynamique collective pour construire le projet

 

       Pierre Joncourt, le directeur des opérations de Martell, a clairement expliqué que l’implication de l’entreprise dans ce programme ambitieux est un moyen de promouvoir l’excellence du savoir faire du Cognac : « Notre souhait a été d’investir dans une démarche de recherche permettant de construire dans une deux, trois décennies un vignoble réellement adapté aux problématiques environnementales, à l’évolution climatique et aux attentes de qualité. C’est un challenge ambitieux et essentiel pour promouvoir l’excellence du Cognac dans le long terme. Martell a souhaité construire ce programme de recherche sur les cépages résistants en créant un comité scientifique large impliquant tous les acteurs régionaux, les chambres d’agriculture de Charente et Charente Maritime, la Station Viticole du BNIC, le conservatoire du vignoble Charentais, L’IFV, la fondation Jean Poupelain, l’INRA et aussi des représentants du BNIC et de l’UGVC. Il nous a paru essentiel de créer une dynamique collective sur ce sujet ambitieux que d’autres acteurs ont déjà travaillé avant nous. Les démarches de sélection engagées par la Station Viticole du BNIC, le Conservatoire du vignoble Charentais, l’INRA de Colmars, L’IFV représentent des acquis scientifiques importants. Notre action a pour ambition d’enrichir la ressource de cépages résistants Cognac dans le futur. Nous sommes pleinement conscients que les nouvelles recherches ne déboucheront pas avant deux ou trois décennies. e souhait de Martell est de mettre à disposition des acteurs de la région tous les acquis résultant de ces travaux ».

 

Une démarche innovante en phase avec les spécificités du vignoble de Cognac  

  

      Les équipes de Martell sous la tutelle de Christophe Valtaud, le maître de chais se sont fortement mobilisées pour construire un projet scientifique innovant et en phase avec les attentes de la filière Cognac. Leur démarche a été de mettre en place un projet différent et complémentaire de toutes les démarches de créations variétales déjà engagées dans la région. Bernard Pineau, le responsable du projet de création variétale de Martell explique que la volonté d’élargir l’offre de cépages destinée à produire des eaux-de-vie de Cognac a été le fil conducteur de toute la démarche : « Le contexte de production actuel de la région de Cognac avec la présence du cépage unique ugni-blanc présente beaucoup d’avantage sur le plan de la qualité, de la productivité et aussi des fragilités compte tenu de sa sensibilité au mildiou et aux maladies du bois. L’engagement vers une réduction de la protection phytosanitaire s’impose progressivement comme une priorité qui paraît inaccessible avec les cépages actuels. La seule solution réaliste pour satisfaire cette attente serait d’implanter de variétés résistantes peu sensibles aux principales maladies. La Station Viticole du BNIC a initié un programme de création de variétés résistantes à partir de l’ugni blanc depuis plus de 15 ans. Notre n’est pas de lancer un projet comparable mais d’élargir les champs d’investigation en proposant de diversifier l’offre de cépages résistants de la région de Cognac. Les débats au sein du comité scientifique ont cautionné cette stratégie de diversification de l’encépagement dans l’avenir ».

 

Deux volets d’études à la fois différents et complémentaires

 

      Le projet de création variétal de la maison Martell a été construit avec l’ambition de mutualiser toutes les compétences régionales et nationales et en s’entourant de l’expertise des meilleurs spécialistes de la sélection variétale de l’INRA et de l’IF. Les travaux commencés à partir de la fin de l’année 2015 vont se poursuivre pendant une à deux décennies et l’enveloppe budgétaire qui y est consacrée semble conséquente. Le programme de recherche s’articule autour de deux démarches simultanées, l’une concernant la valorisation de variétés locales oubliées (le Rayon d’Or et le Vidal 256) et l’autre proprement dite de création variétale à partir de nouveaux géniteurs, le Monbadon Blanc, le Montils et le Vidal 256.

 

 

 

Un intérêt pour le vivier de création variétal existant

 

      Les investigations sur le vivier de création variétales régional existant ont révélé l’intérêt potentiel de certaines sélections locales historiques avec deux hybrides, le Vidal 256 et le Rayon d’Or. Les deux cépages ont été littéralement « mis en dormance » après la seconde guerre mondiale dans une période, ou l’ugni blanc était devenu le cépage « roi » de la filière Cognac. La société Martell a souhaité relancer une étude complète sur ces cépages pour évaluer leur niveau résistances au mildiou et à l’oïdium et pour le Vidal 256 apprécier son aptitude à pouvoir être cultivé dans la région. Des travaux récents menés par le Conservatoire Régional Vignoble Charentais sur le Vidal 256 (dans le cadre d’une convention de recherche avec le BNIC) ont déjà permis d’acquérir un certain nombre de données ».

 

Le Rayon d’Or, un hybride blanc intéressant de par ses capacités de « résistance »

 

      Le Rayon d’Or Blanc (ou 4986 Seibel) est un hybride interspécifique qui proviendrait d’un croisement entre le entre le 405 Seibel et le 2 007 Seibel. Il est inscrit au catalogue des variétés de vignes de cuves en France mais n’est pratiquement plus cultivé. Ce cépage était implanté dans certains secteurs de Charente Maritime après la crise phylloxérique. Il a disparu au début des années soixante comme la plupart des Hybrides producteurs directs. D’un point de vue agronomique, le Rayon d’Or présente l’avantage d’être productif et de posséder une résistance naturelle au mildiou et à l’oïdium. La vinification des raisins donne des vins lourds, neutres, pouvant avoir des arômes un peu éthérés et des saveurs sauvages. C’est en raison de la qualité médiocre des vins que ce cépage à presque disparu. Le redémarrage des recherches sur le Rayon d’Or est uniquement fondé sur ses potentialités de résistance au mildiou et à l’oïdium qui en font un géniteur potentiel intéressant.

 

Le Vidal 256, une obtention Charentaise ayant une forte hérédité de Rayon d’Or

 

      Le Vidal 256 est un autre hybride blanc issu du croisement du cépage Trebbiano avec l’hybride Rayon d’Or qui a été obtenu par Jean-Louis Vidal, le directeur de la fondation Fougerat (de 1936 à 1966). Ce technicien chercheur Charentais a réalisé un travail de sélection variétal important à partir des années trente qui a débouché sur l’obtention de plusieurs cépages Vitis-Vinifera, d’hybrides et de porte-greffes. Les nombreux croisements effectués s’inscrivaient toujours dans l’optique de créer des variétés adaptées à la production des vins de distillation et des eaux-de-vie. Le Vidal 256 est une de ses obtentions qui présente l’avantage de posséder une résistance au mildiou et produit des vins généralement bien acides et assez alcoolisés. Il est interdit de le cultiver en France mais par contre, le Vidal 256 est le cépage roi des vins de glace au Canada. Une étude a été relancée depuis quelques années dans le cadre d’une expérimentation conjointe entre le BNIC et le Conservatoire du Vignoble Charentais. Un protocole de type VATE a été mis en place avec la plantation de deux grandes parcelles en 2014. Des observations sur les caractéristiques agronomiques et phrénologiques et une analyse de la qualité des productions (raisins, vins, eaux-de-vie) sont en cours. Ce travail devrait déboucher à l’horizon des années 2020 2 025 à une demande inscription au catalogue des variétés des cépages de cuve. Les premiers retours d’expériences révèlent que ce cépage possède une certaine résistance naturelle au mildiou et à l’oïdium. Qualitativement, les vins obtenus possèdent une acidité et des titres alcooliques élevés. L’intérêt d’une éventuelle introduction du Vidal 256 au niveau de la filière Cognac semble abordé comme une solution transitoire en attendant l’arrivée des cépages résistants polygéniques. Il pourrait être implanté dans les zones considérées comme sensibles d’un point de vue environnemental, en limite des lotissements, des écoles et de tous les lieux publics. La nouvelle étude sur le Vidal 256, initiée par Martell vise justement à approfondir les connaissances sur la résistance de ce cépage au mildiou et à l’oïdium

 

 

Explorer le capital génétique pour comprendre et connaître la résistance

 

      Le volet de recherche scientifique Martell conduit sur les cépages Rayon d’Or et Vidal 256 s’attache à aller plus loin dans l’appréciation des niveaux et de la pérennité de la résistance au mildiou et à l’oïdium et aussi l’exploration du capital génétique des deux variétés. Les observations de terrain réalisées par Sébastien Juliard du Conservatoire du Vignoble Charentais confirment que le Rayon d’Or et le Vidal 256 possèdent une moindre sensibilité au mildiou et à l’oïdium (comparé à l’ugni blanc et à beaucoup d’autres cépages) en présence d’une protection phytosanitaire minimum de quelques traitements dans l’année. Aucune étude scientifique n’avait permis jusqu’à présent de relier les éléments observés sur le terrain aux caractéristiques génétiques des deux variétés. Les travaux scientifiques engagés vont permettre de mieux connaître le nombre de facteurs génétiques impliqués dans la résistance, le niveau de résistance conféré par chacun d’eux, l’identification des facteurs déjà connus ou de nouveaux et le potentiel de durabilité de la résistance.

 

Deux facteurs de résistance identifiés et des tests de durabilité en cours

 

      La première année complète d’étude, en 2016 a permis de commencer à explorer la cartographie des gènes impliqués dans la résistance du Rayon d’Or et du Vidal 256. L’équipe de l’INRA de Colmars qui possède une expertise scientifique dans ce domaine, a effectué une première phase de caractérisation génétique. Les résultats ont révélé pour les deux variétés au niveau du mildiou, la présence du facteur Rpv3.4 et pour l’oïdium, du facteur Ren3. Dans l’état actuel des connaissances, les deux cépages posséderaient une résistance de type monogénique mais la poursuite des travaux au cours de l’année 2017 devrait permettre d’aller plus loin dans l’analyse de l’identification des facteurs de résistance connus et inconnus. Néanmoins, les chercheurs considèrent que les premiers acquis de la caractérisation génétique semblent indiquer un niveau de résistance plus faible sur l’oïdium. L’évaluation de l’efficacité des facteurs de résistance représente un axe de recherche majeur vis-à-vis de la durabilité de la protection naturelle de ces variétés aux agressions du mildiou et de l’oïdium. Cette année, des essais sur les deux cépages seront mis en place pour évaluer les aptitudes des champignons à pouvoir contourner la résistance. L’expérimentation sera effectuée dans des conditions très propices au parasitisme en serre et en absence de protection chimique préventive. L’objectif est en quelque sorte de mettre les cépages dans conditions de pression parasitaire maximum pour voir si la résistance tient ou pas.

 

Une sélection variétale à partir de trois cépages régionaux peu ou pas connus

 

      Le deuxième volet du programme de recherche Martell concerne la création de nouveaux cépages résistants à partir de géniteurs innovants de cépages Vitis-Viniféra et des obtentions porteuses des gènes de résistance (espèces américaines, asiatiques, vitis rotondifolia, …..). Le comité scientifique a décidé d’engager la démarche de sélection variétale à partir de trois cépages régionaux, le Monbadon, le Montils et le Vidal 36 qui ont été croisés avec des géniteurs différents, des variétés polygéniques provenant de l’INRA de Colmars et de L’ UMT Génovigne de Montpellier et le Rayon d’or. Les premiers travaux d’hybridation se sont déroulés au cours de l’année 2016.

 

 

     

Le Monbadon intéressant de par son cycle tardif et ses capacités de production

 

      Le Monbadon est un cépage issu du croisement de l’ugni blanc avec la Folle Blanche qui était encore cultivé sur des surfaces significatives en Charentes jusqu’au début des années soixante-dix. Au niveau cultural, c’est un cépage productif, assez tardif, moyennement vigoureux et qui possède un port érigé. Les grappes grosses et assez compactes ont un niveau de sensibilité au botrytis intermédiaire, moindre que la folle blanche et supérieure à l’ugni blanc. Dans les années soixante et 70, le retard de maturité s’avérait souvent pénalisant (TAV bas) alors qu’actuellement, cela pourrait être un atout vis-à-vis de l’évolution climatique. Les vins sont généralement acides, moyennement alcoolisé et adaptés à la production d’eaux-de-vie. L’ensemble de ces caractéristiques ont incité le BNIC à s’intéresser de nouveau à ce cépage oublié. Une démarche d’étude a été relancée depuis 2010 sur le cépage Monbadon.

 

Les potentialités qualitatives du Montils

 

       Le Montils est autre cépage historique de la région de Cognac qui aujourd’hui est encore utilisé sur des surfaces significatives pour produire du Pineau des Charentes. Les analyses génétiques ont révélé que c’était probablement un descendant du Gouais Blanc, un cépage originaire du centre de la France. D’un point de vue cultural, il a un débourrement assez précoce, une vigueur faible à moyenne (peu adapté aux vignes larges) et une sensibilité au botrytis comparable à celle du colombard. La maturation des grappes (grosses et compactes) est en général intéressante et baies présentent une richesse aromatique appréciée pour élaborer des pineaux. La vinification permet d’élaborer des vins aromatiques et gustativement bons. Quelques viticulteurs distillent de petits lots de vins de Montils et élaborent des eaux-de-vie intéressantes, riches et fines. 

 

L’inconnu Vidal 36 possède d’une ascendance et de caractéristiques intéressantes

 

      Le Vidal 36 est une autre obtention de Jean-Louis Vidal issue d’un croisement de la Folle Blanche avec l’Ugni blanc. Ce cépage vitis-vinifera a été conservé avec toutes les autres obtentions pendant longtemps sur quelques souches à la fondation Fougerat (à Graves Saint Amant). La collection d’obtentions de JL Vidal été reconstituée à partir du milieu des années 2000 au Conservatoire du Vignoble Charentais à Cherves Richemont en réalisant des prospections dans la région et auprès de divers organismes nationaux (principalement l’ENTAV). S Julliard, réalise depuis 10 ans des observations sur le comportement en micro-parcelles de ces cépages inexploités qui font partie du patrimoine régional. La prise en compte de toutes les données phrénologiques, des tests qualitatifs et de l’ascendance folle blanche ugni blanc ont retenu l’attention du comité scientifique qui a décidé de sélectionner le Vidal 36. Le cépage au débourrement assez tardif, extériorise une bonne vigueur et semble fructifère. Les grappes de grosse taille, assez compacte ont un cycle végétatif long qui permet de produire des raisins ayant une maturité nettement inférieure à celle de l’ugni blanc. Les mini-vinification réalisées ont révélé que le profil de qualité des vins très acides correspondait aux attentes de la filière Cognac.

 

L’obtention de plus de 8000 croisements qu’il va falloir exploiter

 

      Au cours de l’année 2016, les croisements entre les quatre cépages vitis vinifera avec les géniteurs de porteurs de la résistance ont débouché sur la production de plus de 8 000 pépins au sein desquels se trouvent peut-être le ou les cépages du futur pour la région de Cognac. Cette année, les travaux se poursuivent pour en quelque sorte commencer l’énorme travail de tri des individus présentant ou pas de l’intérêt. Les moyens scientifiques nouveaux (cartographie des génomes des cépages, test d’empreinte génétique,….) dont disposent les chercheurs, permettent d’accélérer les procédures de sélection.

Il n’est pas utopique d’imaginer que d’ici une grosse décennie, les premières souches de cette nouvelle génération de cépages résistants seront mis en essais en grandes parcelles dans les terres « Charentaises ».

     

 Parallèlement à tout ce travail de recherche fondamentale, la maison Martell a souhaité associer les viticulteurs à ce projet en les sollicitant pour définir les caractéristiques idéales  du ou des cépages Cognac pour les décennies à venir. Un travail d’enquête a été réalisé auprès d’un large panel de livreurs (1 200 viticulteurs) de la maison Martell. L’initiative a été lancée à la fin du premier trimestre 2017. Les conclusions de cette consultation révéleront sans doute des attentes concrètes et importantes concernant la productivité des travaux, la conduite des vinifications et la qualité des vins.

 

 

 

                 Jean-Louis Vidal, un obtenteur prolixe et oublié

              de cépages et de porte-greffes «Cognac»

 

     

 

     Jean-Louis Vidal est une personnalité de la région de Cognac qui a beaucoup travaillé sur les aspects de création variétale durant presque un demi-siècle entre 1920 et 1970. Originaire de Haute-Garonne, le jeune diplômé de l’école d’agronomie de Montpellier a commencé sa carrière professionnelle entre 1903 et 1914 en tant que chef de travaux à la Station Viticole du BNIC. Après la fin de la première guerre mondiale, J-L Vidal est devenu viticulteur et pépiniériste à Montignac sur la commune de Merpins. C’est d’ailleurs dans sa propriété qu’il a réalisé ses premiers croisements. À l’époque, les compétences de ce technicien ont été appréciées par la plupart des grands acteurs de la région de Cognac.

 

     

 

      La création, au début des années trente, d’un centre de recherche dédié à l’amélioration des conditions de culture de la vigne lui a été confié. Un pharmacien originaire d’Angoulême, M. Fougerat, qui avait fait fortune en inventant le sirop « Rami » (un remède contre les maux de gorge et les bronchites) a légué une grande partie de sa fortune à une fondation dont la mission était de promouvoir l’amélioration des pratiques viticoles dans la région de Cognac.    

 

 

Un chercheur qui a «porté» la fondation Fougerat pendant plus de 40 ans

 

 

      Jean-Louis Vidal est devenu le directeur de la Fondation Fougerat à Graves-St-Amant, une fonction qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1966.Les moyens importants dont disposait la structure avant la seconde guerre mondiale ont permis de créer une unité de recherche moderne ou a travaillé Jean Lafon jusqu’au début des années quarante. Les profonds bouleversements économiques d’après guerre ont réduit le train de vie de la Fondation Fougerat mais J-L Vidal a continué ses travaux. La recherche de cépages et de porte-greffes adaptés aux spécificités de la région de Cognac, l’amélioration des techniques de multiplication et de pépinières ( stratification à chaud, bouturage d’apex en vert, …), la mise au point de procédé de lutte contre la chlorose ont été un axe majeur de ses travaux.

 

 

10 à 15 000 variétés créés en privilégiant  les spécificités du vignoble de Cognac  

 

 

      J-L Vidal a été réalisé plusieurs dizaines de milliers de croisements et créer 10 à 15 000 variétés de cépages vitis-vinifera, d’hybrides et de porte-greffe. Son objectif permanent était de chercher à améliorer l’encépagement de l’époque constitué principalement de folle blanche très sensible au botrytis et de l’ugni blanc qui mûrissait très mal. Certaines de ses obtentions de cépages et de porte-greffes ont connu un  développement, le Select (jurançon B X uni blanc), le Vidal 256 (rayon d’or X ugni blanc), le Vidal 9 (ugni blanc X ondenc), le Vidal 319 (ugni blanc X colombard), le Vidal 3 G (folle blanche X ugni blanc), et les porte-greffes Cent 7, BC 1, BC 2et BC 3 ( trois obtentions réalisées avec M Blanchard). L’ensemble de ces obtentions ont été conservées pendant longtemps dans le vignoble de la fondation Fougerat et réintroduite depuis dix ans au Conservatoire du Vignoble Charentais.Le travail de ce « sélectionneur » d’avant garde est aujourd’hui valorisé avec l’utilisation des cépages Vidal 256 et Vidal 36 dans de nouveaux programmes de recherche.
                      

 

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