Arrivée en Charentes en novembre 2006, la directrice du syndicat UGVC s’apprête à rejoindre Limoux, comme responsable du Syndicat de cru. A travers ses nouvelles missions au sein du syndicat reconnu ODG, elle va se retrouver « au cœur de l’appellation ». Une fonction qui comble ses attentes. De son expérience cognaçaise, Marlène Tisseire retient une région « qui fourmille d’idées ». « A entrées multiples » dit-elle. « Une vie entière ne suffirait pas à en faire le tour. »
Quand partez-vous ?
Je quitte mes fonctions à l’UGVC le 25 juillet pour rejoindre mon nouveau poste le 4 août.
Si la promotion est davantage du ressort du CIVL (section Limoux au sein du Comité interprofessionnel des vins du Languedoc), le syndicat reconnu ODG a vocation à gérer tout ce qui relève de la production : déclarations de récolte, affectations, droits de plantation, cahier des charges, plan de contrôle… Des missions qu’il exerce en partie sur délégation des Douanes. Je vais vraiment me retrouver au cœur de l’appellation, avec une approche très terrain, très terroir. Pour l’évolution de ma carrière, c’est tout ce que j’espérai.
Quel bilan tirez-vous de ces sept années (et sept mois) passées en Charentes, à l’intérieur du syndicat viticole ? Est-ce que ce fut compliqué ?
Difficile, pas vraiment. Passionnant, à coup sûr. Il y a tellement de choses à découvrir ici. Je crois qu’une vie entière ne suffirait pas à en faire le tour. Les gens se livrent très peu mais la magie du produit parle pour eux. La distillation va me manquer, la révélation des senteurs mais aussi cette période « fébrile » où tout le monde se concentre sur son activité. Cognac, c’est un « arbre à choix multiples », entre le grand export, le lien fort à l’économie, la dimension technique et cette transformation du produit si spécifique… C’est un monde en lui-même.
Avez-vous appris à distiller ?
Sur le papier oui (rire). Registre de chai, registre de distillation, cahier jaune… je connais. Après, j’ai essayé de passer du temps dans les distilleries mais jamais autant que j’aurai voulu.
Que retenez-vous des personnes
que vous avez côtoyées ?
Je viens d’une région, le midi de la France, où une grande tradition syndicale existe. En Charentes, j’ai retrouvé des caractères forts, des personnalités possédant une vision d’ensemble, capable de prendre de la hauteur et d’avoir cette anticipation qui permet de bâtir des projets. A ce titre, je suis fière d’avoir vécu la construction de l’UGVC.
Seraient-ce des propos convenus ?
Pas du tout. La région fourmille d’idées. Je citerai la réserve de gestion, le Business Plan.. Ici, les responsables sont toujours très proactifs, très en recherche. Ce qui entraîne parfois des visions discordantes, car tout le monde veut aller vite, très vite, un peu à l’image du Cognac. Certains en oublient les étapes. Ils sont déjà loin quand d’autres entament le chemin. Il faut savoir bien poser les bases.
Avez-vous eu le sentiment d’avoir été écoutée ?
J’ai pu apporter mes idées et elles furent toujours prises en compte. Après, qu’elles aient toutes été menées à terme… Un directeur de syndicat n’agit pas seul. Il est là pour bien préparer le terrain, faire en sorte que les professionnels puissent prendre leurs décisions de manière éclairée.
Quels furent vos présidents successifs ?
J’ai commencé sous l’ère de Jean-Bernard (de Larquier). J’ai eu un très bon professeur pour m’accompagner. C’est peut-être pour cela que la découverte de la région ne m’a pas paru trop difficile. Il m’a initié à la distillation, au produit. J’ai toujours travaillé en confiance avec lui. Ensuite Christophe (Forget) a pris le relais. Homme de consensus, la création de l’UGVC lui doit beaucoup. Que ce soit avec les membres du bureau ou du conseil d’administration, le climat a toujours été bon.
La marche interne de l’UGVC repose sur une petite équipe.
Je suis très contente d’avoir travaillé avec Emilie (Chapalain). Depuis mon arrivée, nous avons toujours exercé notre activité côte à côte. C’est quelqu’un de passionné dans son travail, autant que je peux l’être. Ce fut vraiment agréable de se retrouver ensemble. Elle apporte beaucoup au syndicat. Non seulement elle a des idées mais ses idées créent de l’émulsion. Je parlerai moins de mes autres collègues avec qui j’ai fonctionné sur des durées plus courtes. Quoi qu’il en soit, une petite équipe est à la fois compliquée à faire fonctionner car nécessite de la polyvalence et à la fois permet l’adaptation rapide aux attentes des viticulteurs.
Difficile d’être directeur d’un syndicat ?
Je le répète, il faut être passionné et ne pas compter ses heures. On y est, tout le temps. J’ai particulièrement apprécié le contact avec les viticulteurs. Je suis heureuse de conserver cette dimension-là dans mes nouvelles fonctions. Les producteurs font l’appellation. Ils sont la base de tout. Il est essentiel d’être à l’écoute des idées du terrain, pour les faire remonter. L’UGVC a travaillé en synergie avec les autres structures. J’espère que cela va continuer. Un épisode comme la grêle le prouve une nouvelle fois. Nous travaillons d’autant mieux que nous travaillons ensemble, avec le BNIC, les Chambres d’agriculture…
Vous avez marqué vote passage en creusant le sillon des services apportés par le syndicat (distillation, plantations…). Pourquoi une telle inflexion ?
Je sentais qu’il y avait un besoin et, spontanément, quand je perçois une attente, j’essaie d’y répondre.
Bio express
Après des études de droit à Toulouse et une spécialisation « droit de la vigne et du vin » à Suze-la-Rousse, Marlène Tisseire a d’abord travaillé six mois auprès du Syndicat des vignerons audois. Puis elle a remplacé pendant un an la directrice de la Fédération des caves coopératives du Var. Arrivée à Cognac, en novembre 2006, elle succède à Benoît Stenne au SGV Cognac, avant que le syndicat ne fusionne avec le SVBC en 2011 pour donner naissance à l’UGVC. A Limoux, elle va rejoindre la petite équipe du Syndicat de cru qui compte, outre son responsable, deux secrétaires. Pour la partie technique, la structure travaille avec la Chambre d’agriculture. Jean Fau, viticulteur, préside le syndicat de cru.
Bassin viticole de Limoux Un ensemble cohérent
Dans l’Aude, au sud de Carcassonne, le bassin viticole de Limoux compte 600 viticulteurs, exploitant 7 000 ha de vignes. Une longue tradition viticole – comme vin « à bulles » on dit que la Blanquette de Limoux a précédé le Champagne – va de pair avec une approche marketing assez affûtée. De bonne heure, les « Limouxins » ont su segmenter leurs vins. Aux deux AOP « effervescentes » – Blanquette de Limoux et Crémant de Limoux – s’ajoutent les vins tranquilles AOP Limoux blanc, Limoux rouge, l’IGP Haute vallée de l’Aude et un ensemble d’autres vins (Vins de Pays d’Oc…). Une offre large dans une région dont la beauté des paysages, un peu à l’écart des grands axes, la qualité des terroirs et les réminiscences de l’histoire cathare font tout le prix.