Jean-Marc Crouzet, directeur de l’UFAB (Union française des alcools et des brandies), se dit ni inquiet ni optimiste mais « attentif ». Il s’interroge sur le niveau d’acceptabilité des différents marchés de brandies aux hausses de prix qui ont déjà dû être répercutées. « L’année 2012 sera une année de transition, de réajustement », pronostique-t-il. Il indique que sa structure a « tamponné quelque peu » – autrement dit lissé – l’effet de la hausse de prix à ses clients. Cela s’avérera-t-il suffisant pour « passer » ?
L’UFAB, filiale commerciale de l’UCVA (qui détient plus de 70 % de son capital), s’approvisionne prioritairement auprès de ses deux partenaires-actionnaires, l’UCVA mais aussi l’UDM (Union des distilleries méditerranéennes) qui draine un arc Méditerranée, Vallée du Rhône, Bourgogne. L’élaborateur de brandies complète ses besoins par des achats en France et à l’étranger. En 2010-2011, l’UFAB s’est portée acquéreur d’environ 100 000 hl AP d’eaux-de-vie de vin.
Marché libre
Depuis l’OCM de 2008, il n’y a plus de système d’aide au prix d’achat des eaux-de-vie de vin. Les alcools de bouche se négocient directement sur le marché libre. C’est totalement vrai en France où, depuis le départ, ne subsistent que des aides amont à la transformation et à la collecte des prestations viniques, moûts et lies. L’Espagne et l’Italie ont choisi un système un peu différent. A titre transitoire, existe en Espagne une aide aux producteurs de vin, conditionnée à la mise en distillation d’une partie de leur production. L’Italie, elle, a opté pour une enveloppe nationale mais régionalisée. De toute façon, ces aides, d’une durée de trois ans, arrivent à leur terme. France, Italie, Espagne ne sont pas des marchés étanches. L’homogénéisation des prix a toujours réussi à s’établir. Le véritable souci, la source principale des hausses de prix, tient à la raréfaction de la marchandise : récoltes déficitaires trois années de suite, distillations plus faibles, marché export soutenu pour les vins en vrac… Des volumes de distillation ont été perdus en France, en Italie. Ce manque de matière première a généré, pour les brandies, un renchérissement du coût d’approvisionnement.
Un marché bien orienté
Malgré tout, le marché des spiritueux, bien orienté pour le Cognac, l’est aussi pour les brandies. L’UFAB a expédié en 2010-2011, plus de 98 000 hl AP, vers ses marchés « institutionnels » – Allemagne, Angleterre, Canada, Etats-Unis, pays de l’Est – mais aussi vers l’Asie.
En tant qu’élaborateur de brandies, l’UFAB ne vend que du vrac. Son métier consiste à acheter, à recevoir des eaux-de-vie et distillats de vin, à les redistiller, les retraiter, les faire vieillir pour les amener à un niveau qualitatif qui conviendra aux clients. Ces clients ne sont pas les consommateurs mais des sociétés de spiritueux.
La récolte 2011 s’est singularisée par des différenciations qualitatives, des typicités sortant de l’ordinaire. Elle a réclamé un surcroît de travail pour arriver aux normes qualitatives demandées par les clients.
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