Marcel Ménier, l’homme de Revico

13 juin 2012

p48.jpgIl faisait corps avec son usine. Le corps a flanché, l’enveloppe charnelle a trahi cet homme au caractère si trempé. Marcel Ménier, directeur de l’usine de dépollution Revico de 1981 à 2006, est décédé le 18 mars 2012 des suites, comme il convient de dire, d’une longue maladie. Mais survivra le souvenir de Marcel Ménier. Ne craignons pas les mots : son « œuvre » est exemplaire. Partant d’un problème – la dépollution des vinasses de distillation – il a exploré la solution – la méthanisation – en poussant le modèle à son extrémité. Il a résolu la délicate question de l’échelle (considérable, à l’image du Cognac) et celle, encore plus complexe, du pilotage de l’usine. Tous les jours, une vingtaine d’hommes et de femmes travaillent au bon état sanitaire d’une armée silencieuse, celles des bactéries, responsables du petit miracle quotidien de la méthanisation. Car non seulement les bactéries digèrent la pollution mais encore elles restituent de l’énergie, le bio-gaz. Nicolas Pouillaude, à qui Marcel Ménier a transmis les rênes de l’usine, poursuit la voie de la dépollution et de l’indépendance énergétique.

Né à Cherves-Richemont en 1945, parmi une fratrie de quatre frères et sœurs, Marcel Ménier n’était pas « programmé » pour de longues études. C’est à force de volonté – et sans doute grâce à ses dispositions naturelles – qu’il y parviendra. Il sera ingénieur, spécialisé dans le traitement des eaux. Sa femme Nicole lui communiquera aide et soutien. Elle-même enseignera les mathématiques. L’esprit scientifique irrigue la famille. Leurs fils Stéphane et Clément le recevront en partage.

Le GIE Revico est fondé en 1970 et, un an plus tard, Marcel Ménier intègre la structure, comme directeur technique du site. Dix ans plus tard, il en sera le directeur tout court. Un dialogue fructueux s’instaure entre René Firino-Martell et le jeune ingénieur. Les questions de dépollution passionnent René Firino-Martell. Il faut dire que les vinasses de distillation, avant d’être traitées, ne passaient pas inaperçues. Quand les grands bacs de décantation – arrivés dans le sillage des grosses unités de distillation – ne débordent pas dans les rivières, tuant tous les poissons, au grand dam des sociétés de pêche, des odeurs d’excréments flottent dans l’air. Revico – version sans méthanisation – apporte déjà un confort. Mais le 1er choc pétrolier menace l’édifice. Le fioul, utilisé pour faire évaporer les vinasses, devient, d’un coup, une denrée rare et chère. C’est là qu’intervient « le voyage à Bologne ». Marcel Ménier, avec l’encouragement de René Firino-Martell, y découvre la méthanisation. Il en saisit immédiatement l’impeccable adaptation au contexte cognaçais. La méthanisation comme méthode de traitement des effluents de distilleries s’impose sur le site de Jarnouzeau en 1984. Suivront vingt ans de « bonheur technique et scientifique » pour un Marcel Ménier qui règne en maître sur son usine. Tour à tour souriant, caustique, attentionné, « dur avec lui-même et avec les autres », il a l’autorité naturelle du grand serviteur, non pas de l’Etat mais de l’entreprise. Il nourrit un respect indéfectible à ses actionnaires. Pendant plus de 20 ans, il sera administrateur de l’Agence de bassin Adour-Garonne et exercera, durant dix ans et jusqu’à son décès, le mandat de président de l’Association des entreprises du bassin Adour-Garonne. Une importante délégation de l’agence a assisté aux obsèques de Marcel Ménier à Cherves-Richemont le 21 mars 2012.

La vie de Marcel Ménier et de son épouse Nicole ne se résumait pas à Revico. Elle était riche de bien d’autres choses, dont l’amour des vieilles pierres. Depuis 1977, le couple restaurait une « maison forte » dans un village du Marmandais, Gontraud-de-Nogaret. Ils y avaient adjoint un jardin médiéval, un plaisir partagé avec l’ensemble du village. Scientifique, Marcel Ménier était aussi un homme touché par la poésie des lieux.

 

 

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