L’utilisation des poches de protection des plants dans le cadre des entre-plantations ou des plantations de parcelles entières a tendance à se développer depuis quelques années, car elle permet de supprimer l’opération d’attachage des plants la première année et de simplifier les travaux d’entretien du sol en rendant possible la pratique du désherbage chimique. Cette évolution correspond à une volonté des viticulteurs d’optimiser les temps de travaux dans les jeunes plantations et de limiter les risques de phytotoxicité dans les vignes en place. A l’origine, les poches de protection ont été conçues pour faciliter le remplacement des pieds morts dans les vignes en place. Leur utilisation pour les entre-plantations présentait de nombreux avantages : le maintien des pratiques de désherbage chimique habituelles de la parcelle, l’absence de passage supplémentaire pour attacher les jeunes plants et, selon l’avis des fournisseurs, une accélération de la croissance végétative.
Les produits commercialisés sont aujourd’hui nombreux et variés, des caches pleins souples ou rigides, de couleur variable et laissant ou pas passer la lumière. Il existe aussi des caches dont la partie supérieure est ajourée afin de permettre une meilleure ventilation de la végétation à l’intérieur des poches. Si, d’un point de vue pratique, la fonctionnalité des poches de protection est une réalité indiscutable, les effets sur la croissance des jeunes plants semblent beaucoup plus aléatoires. Certains viticulteurs semblent les mettre en avant alors que d’autres constatent leur incidence négative. Par ailleurs, les pépiniéristes observent les effets négatifs des poches depuis que les étés sont un peu plus secs et surtout lorsque les plantations interviennent tard en saison. Les protections ont été souvent incriminées dans la mortalité de jeunes plants de l’année. Les avis très partagés sur l’intérêt d’utiliser des poches de protection (de types souvent différents) et l’absence de référence technique sur ce sujet contribuaient à entretenir une certaine méfiance autour de ces produits.
16 poches de protection au banc d’essai
Aucune expérimentation comparant l’impact sur la croissance végétative des différentes poches de protection par rapport à un témoin n’avait été mise en place au plan national jusqu’à présent.
Les plants témoins sans protection ont eu le meilleur développement
Les notations réalisées dans le courant du mois d’octobre ont permis d’apprécier le taux de mortalité, le nombre de rameaux poussés sur chaque cep et la longueur cumulée de rameaux de chaque plant. Au printemps prochain, le poids des bois de taille de chaque modalité sera pesé au moment de la taille.
Les deux graphiques ci-après mettent en évidence des différences assez nettes entre le témoin et certains caches de protection au niveau du nombre et de la longueur cumulée des rameaux. Par contre aucune différence de mortalité n’est apparue entre les différents produits testés et le témoin.
L’autre enseignement important concerne la pousse des plants témoin sans protection qui ont eu le développement le plus important en longueur comme en nombre de rameaux. Par contre pour toutes les protections hormis celle pour laquelle la fraction ajourée a été mise au niveau du sol, le débourrement a été plus précoce et le développement végétatif s’est avéré plus rapide au départ. A partir de la mi-juillet, les différences se sont estompées et les témoins ont poursuivi leur croissance. Les plants protégés par les poches opaques vertes, bleues et marrons ont eu un début de croissance rapide mais ils se sont arrêtés de pousser dès le début du mois de juillet. Toutes les feuilles présentent à l’intérieur de ces poches sont alors tombées et les plants étaient uniquement alimentés par les quelques feuilles positionnées au-dessus des caches. Ils ont ensuite végété tout au long de l’été et de l’automne. Quelques plants protégés dans des poches transparentes ont grillé mais ce phénomène était lié à un aplatissement du plastique qui s’est plaqué sur la végétation. Pour pallier ce problème, il faut retourner la base de la poche comme « une chaussette » afin qu’elle conserve une rigidité suffisante pour prendre la forme d’un tube régulier. Pour des produits utilisant des qualités de plastique identique, aucune différence de développement n’a été observée entre les protections possédant ou pas des microperforations. Le même constat est observé sur les protections ayant ou pas des fractions ajourées en sommet de poche. Le positionnement volontaire de la partie ajourée au niveau du sol ne s’est pas révélé concluant.
Les poches les plus faciles à poser seront aussi faciles à enlever
Lors de la mise en place des poches de protection, M. J.-F. Allard et son équipe ont fait un certain nombre d’observations pratiques concernant leur facilité d’installation au niveau des marquants. Les produits qui ont été les plus faciles à poser seront aussi les plus simples à enlever au moment de la taille au printemps. Les caches bénéficiant de fractions supérieures ajourées avec de grosses mailles (le Planète bleu ou le Norten Starter) seront également plus difficiles à enlever au moment de la taille car les vrilles s’accrochent assez facilement.
Les protections laissant passer la lumière favorisent le développement végétatif
Les conditions climatiques de 2006 ont été assez propices pour réaliser cette expérimentation puisque l’année a été marquée par de fortes chaleurs en juin et en juillet. L’entretien parfait de la parcelle tout au long de la saison par le viticulteur et le protocole mis en place confèrent à cet essai une grande validité. Le taux de réussite de cette plantation a été très bon et aucune protection n’a engendré une augmentation de la mortalité. Le principal enseignement concerne le degré d’opacité des protections et plus les poches laissent passer la lumière, plus le développement végétatif est important. Les autres éléments de fabrication des protections, la matière, la forme, la présence de microperforations, la présence d’une fraction supérieure ajourée, semblent cette année avoir joué un rôle marginal. J.-F. Allard estime que les résultats de 2006 auront tout de même besoin d’être confirmés par une seconde année d’expérimentation avec des conditions climatologiques différentes.
La pose des protections doit être effectuée en respectant certaines règles pour ne pas pénaliser le développement végétatif ultérieur du jeune plant. Les poches doivent être installées aussitôt la plantation et surtout bien avant le débourrement. Des problèmes de mortalité sont survenus suite à des poses de protections après le débourrement et en périodes de fortes chaleurs. La présence de poches semble aggraver la mortalité des jeunes plants lorsque que les plantations interviennent tardivement ou sont insuffisamment entretenues (envahies par des herbes, pas assez arrosées). L’utilisation des poches de protection facilite considérablement l’entretien des jeunes plantations dans la mesure où elles sont mises en œuvre dans de bonnes conditions.