« Une Ampélopole » pour Vinifier 80 à 100 cépages

18 mars 2009

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L’Ampélopole, un chai expérimental moderne.

La meilleure connaissance et la préservation du patrimoine viticole d’une grande région viticole comme celle de Cognac est sans aucun doute une initiative importante. Cette idée émise par un petit groupe de personnes en 1998 s’est concrétisée par la mise en place d’un très bel outil 10 ans plus tard : le Conservatoire du Vignoble Charentais et son Ampélopole. La récente inauguration de l’Ampélopole, le nouveau chai expérimental permettant les micro-vinifcations de la centaine de cépages cultivés en petites parcelles à Cherves-Richemont, a été l’occasion pour beaucoup de viticulteurs de redécouvrir la richesse du patrimoine viticole régional.

Le Conservatoire du Vignoble Charentais créé en 1998 grâce à la volonté de quelques personnes, M. Maurice Cartraud, le précédent président de l’IREO, M. Jean-Louis Rouquayrol, l’ancien directeur de l’IREO, M. Lavigne, le maire de Cherves-Richemont, M. Lilian Jousson et M. Bertrand Sourisseau, deux élus du Cognaçais, est devenu une plate-forme technique incontournable du patrimoine viticole régional en moins d’une décennie. L’idée d’origine de vouloir créer un site rassemblant le potentiel génétique des cépages du vignoble de Cognac et d’adosser cette structure à l’IREO de Richemont (pour être utilisée comme outil pédagogique de formation) a progressivement reçu de nombreux soutiens des organismes techniques et des structures professionnelles de la région délimitée.

Le conservatoire a su tisser des liens forts avec les acteurs de la filière viticole

Le démarrage de ce projet n’a été possible que grâce à l’engagement des diverses instances locales au sein desquelles une poignée d’élus ont défendu le dossier. Le conservatoire a pu acquérir un terrain de 0,70 ha juste à côté du moulin de Prézier à Cherves-Richemont et un poste de technicien a été créé pour assurer la constitution de la collection de cépages et son entretien. Le recrutement de M. Sébastien Juliard, jeune enseignant à l’IREO passionné par la vigne et le vin, a permis de faire fonctionner la structure avec professionnalisme. Les premières plantations ont eu lieu au

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Un viticulteur en discussion avec M. Sébastien Juliard (à droite).

printemps 1999 et depuis les champs d’action du Conservatoire du Vignoble Charentais se sont considérablement élargis. L’intérêt suscité par ce projet lui a permis de trouver presque naturellement sa place dans l’environnement des productions viticoles régionales. Assez rapidement, le conservatoire a commencé à prendre « racine ». Au bout de quelques années, la Station Viticole du BNIC, le Syndicat des pépiniéristes charentais et les Chambres d’agriculture de Charente et Charente-Maritime sont entrés dans le conseil d’administration et une nouvelle dynamique de travail s’est instaurée. L’investissement de certains techniciens comme Yvan Courlit, de la Station Viticole, Lionel Dumas-Lattaque, de la Chambre d’agriculture 17 au côté de S. Juliard a contribué à pouvoir lancer le programme de prospection des cépages anciens (connus et inconnus) dans la région délimitée. Dans le même temps, des contacts avec l’INRA de Montpellier (les équipes de MM. Jean-Michel Boursiquot et Thierry Lacombe) et l’INRA de Bordeaux (M. Bordenave) ont débouché sur le développement de nouvelles méthodologies de travail concernant des axes de recherches spécifiques à la région et aussi nationaux. La démarche de prospection des cépages anciens a mobilisé beaucoup d’énergie entre 2000 et 2005. Il fallait quelquefois s’intéresser à des parcelles de vignes abandonnées, à des treilles ou à de petits parcellaires cultivés plus par souci de conserver une tradition que de réellement produire du vin. La reconnaissance de tous ces vieux cépages a nécessité une collaboration étroite avec les ingénieurs de l’INRA du domaine de Vassal dans l’Hérault (entre Sète et Agde), qui possède une collection ampélographique unique de tous les cépages connus en France et dans les principaux pays viticoles.

Une collection de 38 cépages tous issus de notre région

La recherche de cépages anciens dans la région de Cognac a débouché sur la découverte de choses très intéressantes et assez inattendues comme la présence de cépages cultivés en Provence (comme le Mourvèdre, le Calitor noir, le Grec rouge), dans le Sud-Ouest (Jurançon N & B, Abouriou, Gros Manseng, la Grosse Mérille…), d’autochtones oubliés (le Pineau d’Aunis, le Chauché gris, le Colombaud) et de cépages inconnus (la Magdelaine noire des Charentes, le Plants des Brosses…). Tout ce patrimoine viticole a été réimplanté sur la parcelle de Cherves-

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La parcelle du Conservatoire.

Richemont dans des micro-parcelles de 5 souches et aussi au domaine de Vassal (pour les variétés rares et inconnues). Une collection de 38 cépages anciens issus de la région délimitée existe donc et cela a permis de lancer de nouveaux programmes de recherches en grandes parcelles chez des viticulteurs sur quelques variétés destinées à la production de vins de pays et de Pineau des Charentes. Pour les vins de pays, quatre sites ont été implantés en 2005 pour tester au champ en blanc du Chauché gris, du Merlot blanc et en rouge du Valdiguié, du Corbeau N, du Pineau d’Aunis, du Petit Verdot et du Mourvèdre. Une autre expérimentation de plein champ a été engagée sur trois sites en 2005 au niveau du Pineau des Charentes, pour tester l’intérêt du Chauché gris comparé à du Colombard et à de l’Ugni blanc. Le Conservatoire du Vignoble Charentais dispose aussi d’une collection des 32 porte-greffes utilisés dans la région de Cognac depuis la crise phylloxérique et d’un îlot rassemblant les 64 cépages cultivés le plus fréquemment dans les principales régions viticoles françaises. Un travail de recherche fondamental a été aussi entrepris en partenariat avec l’INRA de Montpellier pour effectuer des prospections de Lambrusques encore présentes à l’état sauvage dans la région. L’intérêt des chercheurs pour les Lambrusques (des vignes sauvages se développant dans les bois et les haies) réside dans la connaissance de leur capital génétique qui semble être parfois assez proche de celui de nombreux cépages cultivés. Huit Lambrusques inconnues ont été identifiées dans le vignoble de Cognac.

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Le président, M. Lilian Jousson, entouré des élus.

 

 

 

 

 

 

Un chai de micro-vinifications ultramoderne

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La cuverie de vinification.

Le Conservatoire du Vignoble Charentais a donc permis de rassembler en quelques années une collection unique de cépages et de porte-greffes directement issus de la région. L’engagement de cette structure dans des démarches de recherche et d’expérimentation rendait nécessaire la mise en place d’un chai de vinification performant. Le projet de centre de vinification expérimental à l’étude depuis quelques années vient se concrétiser par la construction du site de l’Ampélopole à Cherves-Richemont. Le tout nouveau bâtiment abrite un chai de mini-vinification climatisé et un laboratoire d’analyse qui sont équipés de matériel performant. Dès les vendanges 2008, S. Juliard va pouvoir réaliser des mini-vinifications en petits volumes. Le fait de disposer d’un outil technique performant va faciliter les études détaillées des potentialités qualitatives de nombreux cépages. Le conservatoire dispose désormais des moyens de s’engager dans des démarches d’études et d’expérimentations beaucoup plus approfondies et déjà de nouveaux projets de collaborations sont envisagés. L’inauguration de l’Ampélopole avait rassemblé un public large de viticulteurs, de techniciens et de professionnels de l’ensemble de la région délimitée, qui a été surpris par l’importance des actions techniques menées depuis quelques années.

 

 

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