Les exploitations viticoles produisent des quantités importantes de sous-produits (2-3 t de sarments par hectare, 12 à 18 kg de marcs par hl de vin) et d’effluents vinicoles (de 50 à 500 l par hl de vin produit). Le respect des normes environnementales conduit les exploitations à rechercher des filières de traitement ou de valorisation de ces « déchets ».
Depuis trois ans, la Chambre d’agriculture de la Gironde cherche des solutions envisageables au sein même de la propriété. Une des voies proposées réside dans le compostage. Le compost sera ainsi élaboré à base de sarments auxquels pourront être associées d’autres matières organiques disponibles sur l’exploitation (fumier, rafles, déchets verts…). Les effluents vinicoles pourront également être utilisés pour arroser le tas.
Les principales mesures effectuées dans le cadre de cet essai sont les suivantes :
– analyses des matières organiques entrant dans la composition du compost ;
– analyses des effluents vinicoles ;
– suivi des températures, des teneurs en CO2 et dans une moindre mesure du pH et de l’humidité ;
– analyse physico-chimique du compost fini ;
– recherche des brettanomyces ;
– étude de la survie des champignons responsables des maladies du bois.
La faisabilité du compostage
Six composts ont été réalisés entre 2001 et 2003. Dans tous les cas étudiés, le compostage a démarré dès la constitution des tas. La figure suivante présente un exemple obtenu en 2001 sur un compost d’une vingtaine de tonnes de matières organiques (50 % sarments, 50 % marcs).
La température des tas se maintient généralement autour de 55 °C pendant plus d’un an. Après 5 à 6 mois de compostage, les composts obtenus peuvent être cependant considérés matures. Ils sont basiques (pH 7,3 à 8,5), présentent un C/N de 10 à 15 et un taux de matières sèches d’environ 55 %.
Les teneurs en métaux lourds
Comme nous pouvons le constater sur le tableau ci-dessous, les composts obtenus ne présentent pas de contraintes liées à leurs teneurs en métaux lourds.
Pas de risque maladies du bois
Nous avons pu montrer en 2003, en collaboration avec l’INRA de Bordeaux, qu’il n’y avait plus de présence avérée de champignons responsables des maladies du bois après 4 à 5 mois de compostage. Cette constatation a été renforcée par l’étude en 2003 d’inoculums (vieux bois avec nécroses…) introduits dans des filets et enfouis au sein du tas. Après compostage, la disparition dans les filets de Phaemoniella chlamydospora et d’Eutypa lata a été vérifiée, ainsi qu’une très forte réduction de la présence de Botryosphaeria obtusa.
Discussion et conclusion
Malgré quelques contraintes, le compostage semble pouvoir être considéré comme un procédé d’avenir dans le traitement et la valorisation des déchets viti-vinicoles.
Intérêts :
– amendement organique d’origine connue, homogène, désodorisé et sain ;
– matière organique adaptée à la filière viticole (faible valeur fertilisante azotée, fort potentiel en précurseurs d’humus) ;
– destruction des germes de maladies du bois ;
– traitement et valorisation autonomes des effluents, sans génération de boues en fin de chaîne comme dans les filières classiques ;
– possibilité de composter par la même occasion d’autres déchets organiques produits sur l’exploitation (tontes, marcs, rafles…) ;
– valorisation possible des effluents phytosanitaires (testée à partir de 2004).
Contraintes : ramassage et centralisation des bois de taille ; nécessité d’une plate-forme de compostage ; requiert du matériel adapté (retournement, arrosage et épandage).
Responsable technique : Pascal Guibault
Thème : Réduction et valorisation des déchets viti-vinicoles
Financeurs : Chambre d’agriculture de la Gironde/Région/Onivins
Rapports antérieurs : Rapports de stage 2001 et 2002
Compte rendu d’expérimentation 2001, 2002 et 2003
Le Compostage
Une pratique ancienne à redécouvrir pour le traitement des déchets en viticulture
Entre 2001 et 2003, la Chambre d’agriculture de la Gironde a montré la faisabilité du compostage à base de sarments additionnés ou non de marcs, de fumier ou de déchets verts. Outre l’intérêt du compostage pour l’élaboration d’une matière organique d’origine connue, de grande qualité en viticulture, ce dernier peut être considéré comme une mesure prophylactique pour lutter contre les maladies du bois. Il peut également se révéler être une alternative aux stations de traitement des effluents, sans générer de boues.
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