L’espoir et les déceptions de ce début de millésime

23 juillet 2014

Le début du cycle végétatif 2014 aura suscité pour certains viticulteurs de l’espoir et pour d’autres de la deception. Le vignoble de la région délimitée et le potentiel de production 2014 sont déjà marqués à la fois par la générosité et les caprices du climat.

L’incidence du climat durant les mois d’avril, mai et juin conditionne fortement la tenue du potentiel de grappes et la précocité du cycle végétatif. Plusieurs mois de chaleur et de sécheresse avaient conféré une précocité exceptionnelle à la récolte 2011 ; la persistance de semaines humides avait été propice au mildiou en 2012, et la fraîcheur et l’humidité prolongées avaient fait fondre le potentiel de production de la récolte 2013. La première partie du cycle végétatif 2014 s’est déroulée dans un contexte serein tout à fait charentais, sans aucun excès de chaleur, de fraîcheur et d’humidité. Cette année, les bourgeons ont éclos vers les
15-20 avril, à une époque ni tardive ni précoce. Le développement de la végétation s’est effectué de manière régulière tout au long du mois de mai. L’apparence de la sortie d’inflorescences, satisfaisante dans beaucoup de propriétés, semblait plus régulière que celle de l’année passée. La structure des inflorescences avec des ailes puissantes faisait plaisir à voir. La croissance végétative durant la deuxième quinzaine de mai a été assez mesurée en raison des niveaux de températures un peu bas à cette époque de l’année. D’ailleurs, la fréquence des pluies pendant cette période a laissé craindre un développement du mildiou. Début juin, les vignes étaient un peu en manque de soleil, mais il fallait juste faire preuve d’un peu de patience. L’installation du beau temps à partir des 6-7 juin a stimulé la croissance végétative et tout s’est accéléré. Les premières fleurs dans les ugni blancs sont apparues vers le 10 juin. Le beau temps de la deuxième décade de juin a facilité le processus de floraison qui s’est déroulé dans des conditions idéales. Toutes les inflorescences présentes sur les souches ont tenu, ce qui donne du baume au cœur à beaucoup de viticulteurs. Le potentiel de récolte semble plus prometteur que celui de 2013 et en cette fin juin la croissance des jeunes baies est rapide. Le millésime ne s’annonce pas très précoce et pas tardif non plus, ce qui laisse présager de voir les premières machines à vendanger passer à l’action dès la fin du mois de septembre.

Le contexte de production serein de cette première partie de cycle végétatif n’a pourtant pas fait que des heureux, suite aux trois orages de grêles des dernières semaines. Le potentiel de production de plusieurs milliers d’hectares a été anéanti par un véritable « front » de grêle qui a traversé tout le vignoble de l’estuaire de la Gironde jusqu’à Ruffec. Les sinistres, d’une intensité rare, ont brisé la végétation à quelques jours de la floraison. Les dégâts considérables ont sapé le moral de nombreux viticulteurs qui vivent la situation avec un sentiment d’impuissance et d’injustice. Les conséquences financières d’une absence de production sur 3 000 à 4 000 ha seront importantes pour de nombreuses propriétés pour la récolte 2014 et celle de 2015. Les ceps de vignes sont véritablement traumatisés et de véritables inquiétudes existent pour le déroulement du cycle végétatif en cours. Les parcelles très touchées auront-elles le temps de refaire de beaux bois de taille avant la chute des feuilles ? L’importance de ces sinistres suscite beaucoup d’interrogations sur l’efficacité du système de lutte contre la grêle. Or, le réseau de lutte dans les deux départements a bien fonctionné mais il n’a pas été suffisant pour éviter la catastrophe. Face à cette réalité et à la fréquence des sinistres de grêle depuis quelques années, le renforcement du dispositif de lutte est plus que jamais d’actualité. Diverses actions de soutien sont en cours de mise en place à l’échelle régionale pour aider les propriétés à passer ce cap difficile. Néanmoins, l’épreuve est moralement difficile à surmonter.

Dernière minute : le 24 juin dernier, les 54 administrateurs du syndicat UGVC ont procédé à l’élection des 13 membres du bureau. Stéphane Roy devient le président de l’UGVC et Nicolas Baudry le secrétaire général du syndicat. A 37 ans, Stéphane Roy gère l’exploitation familiale en Grande et Petite Champagne (Juillac-le-Coq, Birac, Lonzac). Nicolas Baudry est exploitant à Clion-sur-Seugne et Saint- Hilaire-de-Villefranche. Il est âgé de 45 ans. Ils sont tous les deux mariés et pères, respectivement, de deux enfants et trois enfants.

 

 

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