Les plantations, sous les feux de l’actualité

25 mars 2015

Avec 650 personnes réunies à Cognac le 10 mars, la dernière « Mise au courant » de l’UGVC a fait « carton plein ». Les raisons d’une telle affluence ? A n’en pas douter, la thématique de l’après-midi, consacrée au nouveau régime des autorisations de plantation 2016. Pour en parler, le syndicat viticole avait fait appel à une excellente spécialiste : Anne Haller, déléguée des filières vins et cidres à FranceAgriMer. La réunion a tenu ses promesses : clarté de la présentation, densité des explications.

Certes, le nouveau dispositif va entraîner une révolution des pratiques (critères attachés aux autorisations, délais de plantation, dématérialisation complète de la procédure…). Mais, en même temps, il est porteur d’opportunités pour se déve-lopper. Et ça, les viticulteurs l’ont bien saisi. D’où un climat apaisé dans la salle, sans pour autant être atone. Si le sujet
demande d’être intégré, assimilé, on sent déjà qu’il est
accepté.

Ainsi, personne n’est monté au créneau pour s’insurger contre la « paperasserie » ou le diktat européen. Peut-être aussi parce que personne n’a oublié « d’où l’on vient ». Souvenirs, souvenirs ! En 2007, la Commission européenne annonce son intention de supprimer les droits de plantation, sans autre forme de procès. Rien n’est prévu pour les remplacer. A force de courage et de ténacité, la viticulture des Etats membres, adossée aux parlementaires européens, parvient à inverser le cours des choses : modification d’un texte déjà voté, réintroduction d’un outil de régulation.

Certes, à l’égard de ce nouveau dispositif, certains parlent d’une « libéralisation déguisée », « d’un glissement vers une viticulture industrielle. » Alexandre Imbert, le jeune directeur de l’UGVC, ne partage pas cet avis, peut-être parce qu’il a vécu de près le combat des plantations. « Il s’agit d’un vrai outil de régulation, dit-il. Certes le système n’est pas parfait. Des problèmes surgiront au fil du temps. Mais les règles ne sont pas figées. Elles évolueront, en concertation avec la Commission européenne. Le régime des autorisations va s’avérer très structurant pour un vignoble comme le nôtre ». Précision du directeur de l’UGVC : « Le syndicat accompa-gnera tous les viticulteurs qui le souhaiteront. »

Une inquiétude récurrente a quand même parcouru l’auditoire, celle relative aux questions patrimoniales. Aujourd’hui, le droit de plantation appartient au propriétaire. En 2016, il n’appartiendra plus à personne ou, plus exactement, il sera attribué à l’exploitant. Quid des relations entre fermier et propriétaire au sein du bail et plus encore du métayage ? Anne Haller avoue que, pour l’instant, « la situation reste un peu fragile ».

Avant-coureur du changement 2016, un régime transitoire des plantations a été mis en place en 2015. Sa principale
vocation est de permettre aux producteurs de vins sans IG (sans indication géographique) de solliciter des droits de plantation pour 2016. A ce titre, le Bassin Charentes-Cognac est pleinement concerné. La filière Vins de base mousseux s’est positionnée sur une demande de 400 ha de droits de plantation, dont 300 ha en cépages double fin. La filière Cognac a décidé de « passer son tour », en cohérence avec les recommandations de son Business Plan, actualisé fin 2014.

Dans la région délimitée Cognac, la principale crainte porte sur le défaut d’étanchéité entre segments. Dit autrement, que des volumes initialement destinés aux vins de base mousseux reviennent un jour sur le Cognac (et inversement). Pour tenter de pallier ce risque éventuel, un contrat type est en cours d’élaboration (la filière Vins de base mousseux et FranceAgriMer Poitiers y travaillent). Il engagera les deux parties, viticulteurs et négociants élaborateurs. Son non-respect devrait s’accompagner de pénalités financières. Plus efficace encore serait sans doute de pouvoir actionner la notion « d’atteinte à la notoriété des indications géographiques », en l’occurrence l’AOP Cognac. Les contre-venants se verraient alors priver d’autorisations supplémentaires, jusqu’en 2030. Mais, en Charentes, cette question se heurte au statut juridique des vignes VSIG (Vins sans indication géographique), pour toutes les catégories de vins. Comment résoudre cette difficulté ? Jean-Bernard de Larquier, le président du BNIC, a indiqué que des réflexions étaient en cours « sur le statut de notre vignoble et/ou le statut de nos vins, pour dégager les pistes les plus adaptées à la protection de l’appellation ». « Un sujet qui engage profondément l’avenir de notre filière » a-t-il précisé.

Un communiqué de presse de l’UGVC, paru le 20 février, dénonçait de manière assez abrupte des modifications de politique d’achat de certaines maisons de Cognac. En cause essentiellement des baisses de prix d’eaux-de-vie rassises compte 3 et compte 4. « Ce n’est pas un très bon message envoyé aux viticulteurs pour le renouvellement du vignoble » commentait le président de l’UGVC, Stéphane Roy. Le 10 mars, il a évoqué des signaux encourageants, comme des augmentations de prix sur les comptes 2. « Les comptes 0, 1 et 2 représentent 90 % des achats à la viticulture. L’UGVC sera très vigilante sur le maintien du niveau de prix. »

Stéphane Roy a livré les premières estimations de la campagne de distillation 2014-2015. La production d’eaux-de-vie atteindrait 760 000 hl AP, dont 30 000 hl AP en réserve climatique, soit une mise en stock de 720 000 hl AP.

 

 

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