Les étapes de l’agrément

18 mars 2009

Une demande écrite

1027_30.jpegLa procédure débute par une demande écrite effectuée par le viticulteur sur un imprimé de l’INAO, à retirer auprès du syndicat des producteurs. Cet imprimé de demande d’agrément doit être adressé aux services de l’INAO au moins un mois avant la date de dégustation (dégustation organisée du point de vue matériel par le Syndicat des producteurs en tant qu’organisme agréé). Ce délai d’un mois permet à l’agent préleveur (1) de préparer ses tournées et au syndicat de convoquer les commissions de dégustation. Sur le document, le producteur indique la nature des lots (Pineau blanc, Pineau rosé), le millésime, les stocks de Pineau en chai, agréés et non agréés, et bien sûr le volume. A noter que la demande de dénomination « Pineau vieux », « Pineau très vieux » ne relève pas à proprement parler d’une procédure d’agrément. Pour l’instant, elle s’assimile à une discipline syndicale, entérinée par les dispositions du règlement intérieur. Dégustation et analyses s’effectuent sur une base volontaire. C’est le Syndicat des producteurs qui accepte ou refuse d’accorder les dénominations particulières Vieux ou Très Vieux.

Contrôle des conditions de production

Avec la demande d’agrément, le producteur doit fournir une copie de la déclaration de récolte, pour s’assurer que le rendement a bien été respecté. Le logement sous bois fait aussi partie des conditions de production objet de vérification. Si des contrôles inopinés sont toujours possibles à l’occasion de visites de terrain, dans les faits, c’est souvent lors du prélèvement que le technicien accrédité tire un bilan des conditions dans lesquelles le producteur exerce son activité. Le passage de l’agent est toujours l’occasion d’un échange avec le viticulteur.

L’INAO « anonyme » les échantillons

Que le préleveur appartienne ou non aux services de l’INAO, les échantillons reviennent tous au siège de l’organisme agréé (le Syndicat du Pineau). Les services de l’INO y viennent « anonymer » les bouteilles avant de les dispatcher auprès des laboratoires d’analyse accrédités Cofrac. Le choix du laboratoire appartient au producteur et ce dernier est incité à mentionner le nom d’un prestataire. A défaut, les échantillons sont envoyés au laboratoire de la Station viticole du BNIC. Les laboratoires doivent restituer leurs résultats plusieurs jours avant la dégustation. En effet, si un échantillon ne respecte pas les critères analytiques, il fera directement l’objet d’un refus, sans même passer devant la commission de dégustation. D’où le principe de l’analyse précédant toujours la dégustation. Pour le Pineau, les critères analytiques sont au nombre de trois : le degré, le sucre et l’acidité volatile.

La commission de dégustation

1027_31.jpegMême si, dans le langage parlé, la commission de dégustation vise l’ensemble des dégustateurs participant à une session de dégustation, au sens de l’INAO, la commission de dégustation – également appelée jury de dégustation – se compose d’un « triumvirat » (trois dégustateurs) représentatif des trois « collèges » suivants : le collège de la production (toute personne impliquée dans le processus de production, que ce soit un viticulteur, un maître de chai d’une coopérative…), le collège du négoce (négociant, courtier…) et le collège dit des techniciens, terme assez large pour désigner des œnologues conseils, des œnologues des stations de recherche, des techniciens de la production, compétents et reconnus en matière de dégustation. La filière Pineau compte cinq commissions de ce type, soit quinze dégustateurs, qui se réunissent à chaque session de dégustation (environ une fois par mois). Dans le cas du Pineau, tous les trois ans, l’assemblée générale du Syndicat des producteurs est appelée à voter pour le renouvellement de ces dégustateurs. Lors d’une session, dès qu’il y a doute sur la dégustation d’un échantillon, s’applique la procédure dite de la « repasse ». Le jury est élargi à deux personnes supplémentaires (nombre impair).

Ajournement

C’est au bout du 3e ajournement que le refus devient définitif. Après le premier comme après le deuxième ajournement, l’échantillon repasse devant un jury de dégustation classique. Le troisième ajournement par contre donne lieu à nouvel examen mais devant une commission spéciale dite « commission d’appel ». C’est elle qui se prononce en dernier ressort et a autorité à pour prononcer le déclassement. Statistiquement, le taux d’échec au premier passage devant la commission de dégustation s’avère relativement élevé (environ 20 %). Que le producteur qui n’a pas essuyé un ajournement au moins une fois dans sa carrière lève la main ! Rares, les refus définitifs s’expliquent le plus souvent par des motifs analytiques, un refus définitif pour motif organoleptique constituant l’exception.

Le décret sur l’agrément des vins de liqueur (dont le Pineau fait partie) est en cours de refonte. L’un des aménagements proposés vise à coucher dans le texte la possibilité de « remise en cercle », c’est-à-dire l’opportunité de retravailler le lot quand il a été ajourné. Cette conception se justifie par la notion d’assemblage, caractéristique des vins de liqueur.

Frais d’agrément

Quand les volumes à agréer dépassent 100 hl, le tarif s’élève à 0,38 e/hl vol. Sinon le tarif est forfaitaire : 38,11 e/hl pour un volume compris entre 50 et 100 hl et 22,87 e/hl pour un volume inférieur à 50 hl.

(1) Le Pineau compte aujourd’hui trois agents préleveurs : Claude Soury, agent des services de l’INAO, Sébastien Archambaud, technicien du Syndicat des producteurs de Pineau et Valérie Bauman-Viaud, œnologue à la Chambre d’agriculture 17. Les agents qui n’appartiennent pas aux services de l’INAO reçoivent une accréditation annuelle de prélèvement. En tant qu’organisme de tutelle, l’INAO « contrôle ceux qui contrôlent »

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