Lors de sa croissance, la vigne émet des parties végétatives à partir des bourgeons laissés sur la souche intentionnellement lors de la taille, ou le long du tronc, ce sont les pampres. L’épamprage consiste à éliminer ces rameaux non fructifères qui vont entraver le passage des engins lors de la saison viticole et par lesquels des contaminations primaires de mildiou sont possibles. De plus, en cas d’utilisation de désherbants systémiques sous le rang, la suppression des pampres limite le risque de phytotoxicité.
La mécanisation de l’épamprage est possible soit par l’application de produits défanants sur les pampres soit par une action d’abrasion réalisée avec des lanières, des boucles ou des brosses. Dans les deux cas, on utilise souvent un portique permettant d’enjamber le rang pour traiter les deux faces du tronc simultanément. Certains outils peuvent être utilisés sans portique en configuration déportée avec un ou deux côtés travaillés.
L’essai mené par ITV France Midi-Pyrénées sur le DEVT (Domaine Expérimental du Vignoble Tarnais) avait pour but de mesurer les performances de machines fonctionnant différemment, et n’utilisant pas ou peu de produits défanants. Les machines employées lors de l’essai étaient les suivantes.
Egretier, le choix de la simplicité
L’épampreuse Egretier est équipée de boucles montées sur un axe vertical qui se place sur le porte-outil intercep Egretier. De conception simple, elle travaille sur deux demi-rangs à l’arrière du tracteur. L’hydraulique du tracteur suffit à faire fonctionner les deux têtes d’épamprage. A la différence d’autres épampreuses mécaniques, elle fonctionne par arrachement des pampres et non par frottement. Selon la hauteur à épamprer, on ajuste le nombre de modules portant les boucles. La vitesse de rotation des éléments est importante à régler pour éviter l’enroulement.
Avidor : la détection des pampres déclenche la pulvérisation
L’épampreuse Avidor est équipée d’un système de détection permettant de n’appliquer du produit qu’en cas de besoin. Le produit utilisé était du Diquat. Il nous a servi de marqueur pour compter les pampres touchés par le jet. Le système repose sur la détection du vert des pampres pour déclencher la pulvérisation. L’appareil n’utilise pas de puissance hydraulique, une petite pompe électrique suffit. Il est possible d’utiliser le système de détection et de déclenchement à différentes vitesses grâce à une synchronisation pré-réglée.
Grégoire : un portique pendulaire
Grégoire présente une épampreuse mécanique à lanières horizontales
et axe vertical montée sur portique pendulaire avec rail de guidage et disques écarteurs pour éviter l’enroulement des pieds de vigne. La machine était équipée d’un système releveur de porte-fil et de jupes de protection pour limiter les projections. Il est possible d’ajuster la hauteur épamprée par empilement de modules de 50 mm.
Tordable : des doigts souples innovants
La machine Tordable Ecolo était équipée de 6 cocons d’épamprage, d’un guide fil releveur et d’un système de suivi de
sol automatisé. Elle était montée sur un mât à parallélogramme. La rotation en sens inversé de chaque cocon par rapport à son opposé permet d’éviter la vibration des souches. Les doigts souples des cocons se déforment pour former une corolle et couvrir toute la hauteur d’épamprage. Toutes les parties en rotation sont entièrement recouvertes pour limiter les projections.
Binger : des têtes d’épamprage verticales
Les têtes d’épamprage Binger France étaient montées sur un portique avant. C’est une épampreuse à lanières
horizontales sur axe vertical, dont la vitesse de rotation est réglable hydrauliquement. Elle était équipée d’un guide fil releveur. La hauteur totale d’épamprage est réglable par empilement d’éléments.
Ferrand : une adaptation permanente de la hauteur de travail
La particularité de l’épampreuse Ferrand à lanières horizontales est la disposition en hélice de celles-ci autour de l’axe
de rotation vertical. De cette manière, les lanières sont en appui constant et régulier contre les ceps. L’appareil est équipé d’une roue de suivi de terrain pour adapter en permanence la hauteur de travail aux irrégularités du sol. La machine est équipée d’un rail d’appui escamotable pour maintenir les souches pendant l’épamprage et s’écarter au passage des piquets.
La parcelle d’essai était jeune, bien fournie en pampres, et le diamètre peu important des souches a montré l’aptitude des systèmes mécaniques à éliminer les pampres sans causer de dommages.
l’efficacité des matériels
L’efficacité du travail est évaluée par comptages avant le passage des machines et à deux reprises par la suite pour connaître le taux de pampres restant. Les comptages sont effectués par classes de taille : petits pampres (moins de 5 centimètres), moyens (entre 5 et 15), et grands (plus de 15 centimètres).
Les meilleurs résultats sont obtenus pour les pampres de taille moyenne ou grande (95 à 100 % d’efficacité). Les petits présentent des taux d’élimination un peu plus faibles, autour de 90 % (petites pousses ou bourgeons latents non touchés). En ce qui concerne les pampres les plus développés, l’efficacité des machines est variable. Le système Egretier à boucles semble moins performant pour l’élimination des pampres les plus solides. Les machines à lanières n’ont pas cette difficulté. La machine Avidor, avec son détecteur, ne fait pas cette distinction et quelle que soit la catégorie, environ 90 % des pampres présents sont touchés par la pulvérisation. Il est inutile de commencer l’épamprage très tôt, cela conduirait à effectuer un deuxième passage. D’un autre côté, même si les machines sont efficaces sur les pampres bien développés, il ne faut pas attendre que les pousses soient lignifiées.
La vitesse de passage des machines a une influence sur la qualité de travail. Nous avons observé une baisse de l’efficacité à vitesse plus importante pour tous les systèmes mécaniques, et la pulvérisation sur détection touche un peu moins souvent sa cible. Il faut tout de même préciser que c’est avec cet outil que l’on peut réaliser l’épamprage le plus rapidement (4 à 8 km / h selon les conditions).
l’intérêt économique de l’épamprage mécanique
L’épamprage mécanique est plus long que l’épamprage chimique mais aussi plus économique.
Le coût de l’opération s’établit en fonction du type de matériel utilisé, de sa performance, du nombre de passages nécessaires. Nous retiendrons trois hypothèses de calcul : 1) épamprage mécanique : un seul passage, 3 km/h ; 2) épamprage chimique, tunnel d’épamprage classique : un seul passage, 4 km/h ; 3) épamprage chimique, machine Avidor à détection : un seul passage, 4 km/h.
Ces calculs sont effectués pour une exploitation sur laquelle il y a 20 hectares à épamprer, avec une densité de plantation de 4 500 pieds par hectare. Le matériel est amorti sur 7 ans.
En dépit d’un coût d’achat plus faible, un tunnel d’épamprage chimique classique revient à l’usage plus cher qu’une épampreuse mécanique. Cela est dû au prix du produit utilisé (65 euros par hectare en pulvérisation continue). Le système Avidor permet de faire des économies de ce côté même si à l’achat il est beaucoup plus onéreux. Dans l’hypothèse où la dose utilisée est divisée par trois grâce à une pulvérisation discontinue, le coût par ha de l’opération est très proche de l’épamprage mécanique.
Résumé : L’épamprage de la vigne est mécanisable avec un coût acceptable par rapport à l’épamprage chimique et très compétitif par rapport à l’épamprage manuel. Les machines sont performantes, même si il s’avère pour certaines que la vitesse d’avancement peut être un facteur limitant. La machine chimique Avidor fonctionnant sur détection a montré son aptitude à toucher la cible même à haute vitesse.
De l’avoine, des orchidées et des coccinelles au milieu des vignes
La semaine du développement durable révèle de nombreuses initiatives. Et l’agriculture n’est pas en reste en Gironde, avec ce rendez-vous donné le vendredi 6 avril à Sainte-Colombe.
De nombreux viticulteurs ont fait le choix d’une production alliant à la fois rentabilité économique, progrès social et respect de l’environnement. C’est notamment le cas de Philippe Bardet, 48 ans, viticulteur en appellations Saint-Emilion et Côtes de Castillon.
« Je fais mon métier tout en respectant le milieu » se plaît-il à répéter. Le milieu justement, il en a fait son affaire en semant par exemple du seigle et de l’avoine entre ses rangs de vigne. Un moyen quasi infaillible pour attirer des insectes, qui vont se charger de manger les ravageurs de la vigne… et donc d’éviter un traitement chimique ! Autre intérêt, cette technique permet de ne pas labourer et ainsi de ne pas perturber la petite faune qui trouve là tout loisir à se reproduire et à couver tranquillement…
Autre astuce, Philippe Bardet a planté des haies autour de ses parcelles, où il a installé des nichoirs et des dortoirs pour attirer oiseaux et chauve-souris. Leur nombre varie en fonction de la nourriture qu’ils vont trouver à proximité. Bref, en fonction de leur nombre, le viticulteur a une idée de la quantité de petites bêtes présentes dans ses vignes, qui vont le débarrasser des nuisibles, naturellement, sans traitement !
Amoureux de son métier autant que de la nature, Philippe Bardet donne rendez-vous sur son exploitation de Sainte-Colombe, le vendredi 6 avril à partir de 10 h 30. Pour faire découvrir, en grandeur nature, ses réalisations ! La matinée sera réservée aux professionnels agricoles, l’après-midi au grand public avec l’organisation de parcours découverte (possibilité de déjeuner sur place).
Cette opération est organisée grâce au soutien de la Chambre d’Agriculture de la Gironde, de l’association Arbres et Paysages, du Conservatoire Régional des Espaces Naturelles (CREN), de l’association FARRE (Forum de l’agriculture raisonnée respectueuse de l’environnement) et de l’ENITA (Ecole Nationale d’Ingénieurs des Travaux Agricoles de Bordeaux).
Pour obtenir de plus amples renseignements et ou vous inscrire au casse-croûte, merci de contacter :
Philippe Bardet (Vignobles Bardet) au 06 82 65 61 13 ou Philippe Bourdens (Chambre d’Agriculture de la Gironde) au 06 85 03 92 79.
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