Les enjeux de communication et environnementaux

17 août 2017

L’IGP Charentais se porte bien et affirme au fil des années une identité de plus en plus forte. Les 1 200 à 1 300 ha de vignes avec en moyenne, une production de 75 000 à 80 000 hl de vins sont élaborés par des acteurs de plus en plus professionnels et impliqués dans la recherche de vins attractifs sur les plans qualitatifs et commerciaux. Les volumes élaborés et commercialisés restent stables depuis quelques années mais les responsables de la filière semblent s’inquiètent des conséquences du gel du printemps 2017.

L’assemblée générale, qui s’est déroulée le 15 mai dernier à Cognac animée est toujours un moment fort pour par les acteurs de cette filière ou tous les acteurs se connaissent. Thierry Jullion, le président du syndicat a ouvert les débats en rendant un hommage à, Robert Hauselman qui fût l’un des grands artisans de la construction de la filière la filière dans la décennie 80. Le sujet gel de printemps a été l’objet d’échanges divers attestant de la complexité à apprécier les conséquences de ce sinistre. L’équipe du conseil d’administration continue de rajeunir avec l’arrivée de trois nouveaux administrateurs, Marion Babinot, Thierry Archereau et Thomas Quintard. L’élection du conseil d’administration intervenue le 26 juin. .

 

Le gel aura un impact fort sur les volumes produits en 2017

 

      D’une manière générale, les vignobles, des îles d’Oléron et d’Oléron, de la frange côtière (la presqu’île d’Arvert, Sablonceaux, Cozes, Epargnes, Saint-Sorlin-de-Conac) semblent épargnées. Par contre, d’autres zones proches réputées peu sensibles comme Floirac, Grézac, Saint André de Lidon, Virollet, Chadeniers ont beaucoup souffert. À l’intérieur de la région, les dégâts sont globalement plus forts, dans de nombreuses zones, le Pays Bas, les secteurs de Baignes-St Maigrin-St Ciers Champagne, de Segonzac-Châteauneuf-sur-Charentes, de Saint Sornin, du Rouillacais, du Jarnacais, du Blanzacais, ….. . Il y a aussi des secteurs partiellement gelés ou les parcelles portent encore une charge de grappes très acceptables. Divers techniciens et œnologues travaillant quotidiennement auprès des producteurs estiment que le volume de production régional pourrait se situer autour de 40 000 à 50 000 hl. Th Jullion a résumé la situation avec beaucoup de lucidité : « Les dégâts liés au gel auront une incidence forte sur la production de 2017 avec bien sûr de fortes disparités selon les secteurs. Dans les zones épargnées, les perspectives de récolte s’annoncent généreuses suite aux bonnes conditions de floraison et à la précocité de l’année. À l’inverse, la production de beaucoup de propriétés sera très fortement affectée. Notre souhait serait donc de demander aux acteurs pas touchés par le gel de faire preuve de générosité et de solidarité vis-à-vis de leurs malheureux collègues ».


 

Les volumes habilités ont dépassé 80 000 hl en 2015

 

      Les volumes de production du millésime 2 015 révèlent des éléments intéressants sur la nature et la diversité des productions. Ce cycle végétatif a été propice à un développement régulier des différents cépages et la production régionale a été bonifiée par ce contexte généreux. Les volumes habilités en vins IGP Charentais en 2015 ont atteint 80 280 hl, soit une quantité en légère progression par rapport à 2014 (77 536 hl). Le rendement hectare moyen enregistre une nette hausse avec 68,27 hl au lieu de 64,53 hl en 2014. Les surfaces en production ont un peu baissé avec 1 176 ha au lieu de 1 202 ha en 2014. La proportion des vins blancs, rosés et rouge est à peu près équilibrée et les segments des vins rosés et rouges progressent. En blancs, les volumes habilités de Sauvignon et de Chardonnay représentent presque les ¾ de la production alors qu’en rouges, les vins issus d’assemblages pluri-cépages sont dominants.

  

 

Des actions de communication concentrées sur le territoire de production

 

      Le conseil d’administration a souhaité depuis trois ans que les vignerons se réapproprient l’image de leur aire de production et soient fiers de la qualité des vins. Une dynamique s’est enclenchée pour enrichir le contenu des bouteilles et soigner leurs présentations commerciales. De nombreux acteurs ont engagé des efforts pour élaborer des gammes de vins ayant une typicité riche et diversifiée et dont le packaging soit attractif. Th Jullion et le conseil d’administration ont souhaité que les vins de l’IGP Charentais deviennent incontournables dans toute la région de La Rochelle à La Rochefoucault. C’est pour cette raison que les actions de communications se sont concentrées sur des événements régionaux majeurs. En 2016, des dégustations en présence des vignerons, des coopératives ont été organisées aux Francofolies, au festival Blues Passions de Cognac, au festival Summers-Sound de Rochefort et lors des Gastronomades. Au cours de cette manifestation, la dégustation à l’aveugle de 15 cuvées de vins IGP Charentais blancs, rosés et rouge a connu un franc succès. Tout récemment, lors du congrès national des œnologues qui s’est tenu du 08 au 10 juin à Cognac, les experts de la vinification ont été séduits par les potentialités des vins « made in Charentes ».

 

Une étude sur l’image des vins de L’IGP Charentais

 

      L’arrivée de la nouvelle chargée de communication, Chloé Imbert au début de l’année 2017 a été l’occasion d’enclencher une étude sur l’image des vins et les moyens de faire disparaître les a priori historiques sur le produit. Le travail a été conduit avec l’agence de communication Sowine au début du printemps en ayant comme priorité de cerner l’identité des vins de l’IGP Charentais. C Imbert a présenté les conclusions de ce travail lors de l’assemblée générale. Cela a permis de caractériser « l’ADN » et les valeurs des vins et des acteurs de l’IGP Charentais. Tout d’abord l’identité des vins repose sur leur qualité en constante progression, leur diversité, leur complexité et leur coût abordable. Ensuite, les hommes et les femmes qui les produisent ont un caractère bien trempé et des personnalités affirmées. L’ensemble des acteurs de la filière sont aussi fiers de leurs origines, de leur patrimoine et très attachés à leur cadre de vie. Ils dégagent aussi une grande convivialité qu’ils apprécient de faire partager. L’aire de production s’avère aussi très diverses et très intéressante à découvrir grâce à la diversité des sites naturels, la proximité de l’océan, la densité viticole, les premiers contreforts du massif central, …. . La production de vins est motivée par une envie véritable des vignerons de s’intéresser et de développer cette catégorie de produits alors que le contexte Cognac est actuellement très porteur. L’engagement dans la production de vins d’IGP Charentais n’est pas, dans la période actuelle une solution de facilitée mais un choix personnel des hommes et des femmes fondé sur des motivations profondes. Enfin, la première génération de vignerons qui a créé la filière est actuellement renouvelée par des nouveaux venus toujours aussi passionnés et qui ont envie de faire progresser la catégorie.

     

Un travail de fond pour aborder la communication avec cohérence

 

      Tout ce travail sur l’image du produit vient renforcer et formaliser ce que beaucoup d’acteurs pensaient. La notion d’IGP représente une plus-value et un espace de création que les vignerons Charentais ne cessent d’explorer. Les gammes de vins s’élargissent, les essais de méthodes de vinifications se développent, on plante du Pinot Noir, du Chauché gris, …. . Le travail de fond qui a été accompli, permet d’aborder la communication avec de la cohérence. Le conseil d’administration et la petite équipe de permanent sont actuellement entrain de réfléchir comment ils vont pouvoir utiliser toutes ces données pour les mettre à disposition de la filière. C’est en quelque sorte un pied de cuve pour construire une nouvelle stratégie de communication dans l’avenir. Une première initiative a débouché sur la définition d’une charte de communication identitaire des vins de l’IGP Charentais qui a été présentée à l’assemblée générale. Cet outil de communication sera diffusé auprès de tous les acteurs de la filière dans les mois à venir sous différentes formes (posters, affiches grand format).

   

 

Une cellule de réflexion sur les problématiques environnementales a été mise en place

 

      L’autre sujet qui mobilise actuellement, la filière vins de pays concerne les préoccupations environnementales. Th Jullion s’est félicité de voir que la région de Cognac s’était engagée avec beaucoup de cohérence dans une stratégie de développement durable : « La plupart des producteurs de vins de pays élaborent aussi des eaux-de-vie de Cognac et de fait, beaucoup d’entre eux ont été déjà sensibilisés au référentiel viticulture durable présenté par la BNIC. C’est une très bonne chose de s’appuyer sur cet outil pour construire une stratégie cohérente dans nos propriétés. Je pense tout de même que les spécificités de notre filière nécessitent que l’on conduise une réflexion complémentaire pour anticiper ces problématiques. Les enjeux environnementaux vont devenir à court terme une préoccupation de premier plan que les acteurs de production des vins de l’IGP Charentais ne doivent pas sous-estimer. Nous devons travailler pour être en mesure de réfléchir ensemble et de proposer des réponses adaptées à la fois aux attentes de la filière commerciale et aux réalités de fonctionnement de nos propriétés ». Une petite cellule de réflexion sur l’environnement a été mise en place depuis un an au sein du syndicat des vins de pays. Pour l’instant, le groupe a cherché à s’informer sur toutes les pistes de réflexion développées par d’autres filières de vins de niches. Diverses visites ont été effectuées auprès des réseaux de fermes Dephy, des vignerons de Buzet (pionniers du développement durable), des équipes de l’INAO, …… . Le fil conducteur de cette initiative est de travailler sur diverses problématiques majeures influençant l’empreinte environnementale, le respect de la biodiversité, la fertilisation, la maîtrise des intrants phytosanitaires la gestion de l’eau et l’adaptation des potentialités du matériel végétal. C’est un challenge qui va mobiliser beaucoup d’énergie dans la décennie à venir.

 

    

 

     

   Les points clés de la filière vin d’IGP Charentais :

 

– Un volume de production de vins habilités de 80 280 hl en 2015

– Un rendement moyen de 68,26 hl/ha en hausse en 2015 correspondant une surface en production de 1 176 ha

– Un équilibre de production entre les vins blancs, rosés et rouges

      – Une prédominance des vins de cépages en blanc et production d’assemblage en   rouge

– Un fort impact du gel dans certaines zones qui pourrait faire chuter la production régionale à 40 000 à 50 000 hl.

– Une volonté de rendre incontournable les vins de l’IGP Charentais dans leur territoire de production

– Des moyens de promotion concentrés sur de grands événements régionaux

– Une étude sur l’image des vins réalisée au printemps 2017

– La création d’un groupe de travail dédié aux problématiques environnementales

 

 

Le conseil d’administration du Syndicat


des Vins IGP charentais :

 

 

– Le Président : Thierry JULLION

– le Vice-Président : Fabrice THIBAUDEAU

– le Vice-Présidente : Lucile POGLIANI

– le Trésorier : Damien FRADON

– le Trésorier Adjoint : Jean-Jacques ENET

– le Secrétaire : Pierre MERLET

– le Secrétaire Adjoint : Pascal GONTHIER

 

– Les Membres du bureau :

 

                    Thierry ARCHEREAU

                    Jean-Jacques BITEAU

                    Emmanuel BOUYER

                    Vincent LIBNER     

                    Caroline QUERE-JELINEAU

 

– Les Membres du Conseil d’administration :

 

          Bruno ARRIVE       

          Marion BABINOT

          Jean-Louis BARRAUD

          Hugues CHAPON

           Didier COULON

          Thomas QUINTARD

          Roland VILNEAU

 

 

 

Robert Hauselmann, un des pères fondateurs des Vins de Pays Charentais

  •      

          Robert Hauselmann a été durant les décennies 70, 80 et 90 une personnalité connue et respectée dans tout le vignoble de Cognac. Le Charentais d’adoption qu’il était, s’était impliqué fortement dans la vie professionnelle de la région délimitée. Étant un des membres de la famille de la viticulture qui a siégé au sein de la commission des débouchés nouveaux du BNIC dans les années soixante-dix, il a été l’un des artisans du développement de la filière vin et de la création des vins de Pays Charentais. Sa personnalité attachante, son implication dans la gestion des dossiers, ses convictions, son sens du respect et sa droiture n’ont pas laissé indifférent tous ceux qui l’ont côtoyé.

     

           La famille Hausemann d’origine Suisse avait acheté le Domaine de la Chauvillière à Sablonceaux en 1953 car cette région proche de l’Océan présentait un beau potentiel agricole. Robert Hauselmann après avoir suivi un cursus d’étude d’ingénieur agronome à Zürich est venu s’occuper de la propriété. À l’époque, l’exploitation de polyculture élevage avec une peu de vigne fonctionnait avec des méthodes très artisanales et traversait la période d’après guerre avec beaucoup de difficultés.

     

    Un homme visionnaire et fin gestionnaire


  • Le jeune agronome et son épouse ont rapidement remis en cause toute l’organisation de cette propriété vieillotte en développant dans un premier temps une activité d’élevage laitier très performante. Il s’est impliqué dans la vie locale et dans diverses organisations professionnelles, la fédération des CETA, le Syndicat viticole de Charente Maritime, la FVC avec l’envie de « s’enraciner » dans cette région qu’il appréciait beaucoup. L’homme était un visionnaire et avait un sens avisé de la gestion qui lui a permis de redresser le domaine de la Chauvillière en deux décennies. C’était un entrepreneur réfléchi qui avait la capacité de s’entourer de conseils avant de prendre des décisions importantes. Dès le début des années soixante, R Hauselmann a perçu que la filière Cognac allait être une filière prospère et l’octroi de droits de plantation nouveaux lui a permis de constituer un beau vignoble d’ugni blanc.  

     

    Un pionnier de la diversification dans la production de vin


  •       Quand le contexte du marché du Cognac a commencé à se dégrader en 1973, 1974, il a vite compris que le cru des Bons Bois risquait de beaucoup pâtir du marasme de la filière Cognac. Le risque que les secteurs les plus éloignés du cœur de la région allait être très affecté par l’état de surproduction, l’a convaincu de la nécessité de s’intéresser à d’autres débouchés. À partir de cette époque, R Hauselmann est devenu un promoteur convaincu de la diversification de la production dans le vin. La création des vins de pays a mobilisé beaucoup de son énergie. Il a été un pionnier de l’implantation de nouveaux cépages pour tirer vers le haut la qualité des vins de base. Le domaine de la Chauvillière a testé dès 1 981 divers cépages, le Chasan et surtout le Chardonnay qui représente toujours actuellement des surfaces importantes.

     

    Une capacité à préparer et à se projeter dans l’avenir


  •       À partir du milieu des années quatre-vingt, R Hauselmann a laissé ses deux fils, Éric et Max prendre progressivement les commandes de la propriété. Les deux hommes avouent humblement que les relations avec leur père étaient faciles grâce à sa vision réaliste des choses et à sa capacité de préparer et de se projeter dans l’avenir.. Au début des années quatre-vingt-dix, l’homme a volontairement décidé de prendre une retraite qu’il avait bien sûr parfaitement organisée pour ne pas gêner la gestion de la propriété par la nouvelle génération. Il a suivi avec intérêt le nouveau projet de diversification développé par ses fils ; la production de Kiwis. R Hauselmann et son épouse après une vie riche au domaine de la Chauvillière, ont souhaité au début des années 2010 se rapprocher de deux de leurs enfants en Suisse. Le décès de son épouse l’avait beaucoup affecté mais, il revenait encore fréquemment à « La Chauvillière » et aimait débattre avec ses fils et ses amis de son centre d’intérêt favori, le vin. Cet homme élégant et discret est décédé à l’âge de 92 ans, le 26 mai dernier en Suisse. L’équipe de la Revue Le Paysan garde un bon souvenir de Robert Hauselaman.

                                                     

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