Les belles et dures réalités du millésime

8 novembre 2017

L’année 2017 dans la région de Cognac restera gravée dans les mémoires en raison des conséquences du gel et des niveaux records d’expéditions de Cognac. Le nectar Charentais confirme une dynamique de développement soutenue sur de nombreux marchés. Les stratégies commerciales ambitieuses des grandes maisons ont permis de commercialiser 190,20 millions de bouteilles durant l’année civile. Un certain paradoxe existe entre des débouchés en progression constante et une campagne de distillation à venir annoncée comme plus modeste.

 

      La récolte attendue comme maigre semble être à l’échelle de la région, un peu supérieure aux prévisions mais le volume de production reste très difficile à appréhender. Le bon, le moyen côtoient la rareté dans toute la région délimitée. Dans les zones très gelées, il n’y a pas eu réellement de surprise ! De toutes petites productions de 2 à 4 hl d’AP/ha sont fréquentes et le moral des viticulteurs est forcément au plus bas. À l’inverse, dans les secteurs totalement épargnés, la très belle récolte qui était attendue, a tenu toutes ses promesses. De nombreuses parcelles ont fait preuve d’une grande générosité et dépassent parfois 12 hl d’AP/ha. C’est dans les secteurs moyennement gelés, que les volumes de production ont été les plus surprenants. Il arrive fréquemment que les viticulteurs ayant preuve de patience au moment des vendanges, produisent entre 7 à 9 hl d’apr. alors qu’ils en espéraient 5 à 7. Les pluies de début septembre et le retour du beau temps ont joué un rôle compensateur presque inespéré. Ce bonus de production des 15 000 à 20 000 ha des vignes partiellement gelées va faire beaucoup de bien à la moyenne régionale. Les nombreuses remontées d’informations depuis la mi-octobre laissent penser que le rendement régional pourrait se situer entre 8 et 8,5 hl d’AP/ha. La récolte s’annonce au final nettement moins décevante et proche des niveaux de production de millésimes récents comme 2007, 2 008 et 2 013 impactés par de fortes pressions parasitaires. La production d’eaux-de-vie élaborées en 2017 pourrait se situer entre 550 000 à 600 000 hl d’AP, soit à peu près les volumes actuels des expéditions sur l’année civile. Le déficit de production du millésime correspond donc à «la part des anges» mais cette consume pourra être en partie compensée par les volumes de réserve climatiques qui seront ré-intégrés.

 

      Le millésime 2 017 est aussi l’année de tous les records pour la filière Cognac puisque les expéditions ont progressé de 10,5 % en volume (+ 15,2 % en valeur) pour atteindre 540 625 hl d’AP (3 milliards d’euros en valeurs). La forte expansion concerne tous les marchés majeurs y compris ceux qui avaient été moins porteurs ces dernières années. L’Amérique du Nord, l’Europe, l’Extrême Orient sont toujours « des places fortes » pour le Cognac. Les ventes en Chine qui avaient diminué en 2016, sont reparties dans une phase d’expansion record. La perspective de procédures d’importation plus complexes dans ce pays ( pour la fin l’année 2017) a été anticipée par des expéditions soutenues sur le deuxième et troisième trimestre. L’autre bonne nouvelle est que la dynamique commerciale concerne toutes les qualités de Cognac sur le plan des volumes et encore plus au niveau des valeurs. Indéniablement, de tels chiffres plaident en faveur d’un véritable optimisme pour l’avenir. Divers observateurs tempèrent un peu cette tendance euphorique en mettant en avant l’impact du certificat chine qui a dopé les expéditions totales d’environ 15 000 hl d’AP. Cette situation commence à inquiéter plusieurs grands opérateurs de la région qui craignent de ne pas être en mesure de répondre à la demande de VS faute de disposer de volumes d’eaux-de-vie jeunes suffisants.

 

      Les potentialités de production du vignoble deviennent un sujet de débat majeur entre les représentants de la viticulture et du négoce. La perspective d’un développement des surfaces Cognac est un sujet d’actualité qui soulève toujours beaucoup d’intérêt et de suspicions de la part de tous les acteurs. Les demandes de contingents d’autorisation de plantation nouvelles sont calculées à partir des bases du business plan établi au début des années 2010 et réactualisé au début de chaque nouvelles élections des représentants au BNIC. Pour 2018, le calcul avait débouché sur des besoins initiaux de 1 000 ha qui ont été finalement portés à 1 500 ha. L’enjeu pour l’avenir est de trouver un modèle de croissance qui n’intègre pas d’effets de sur réactions liés par exemple à des événements climatiques exceptionnels ou à une conjoncture de marché ponctuellement très porteuse. L’échéance en fin d’année de la mandature actuelle du BNIC fait donc revenir au premier plan les discussions de fond sur l’adaptation du buisness plan.

     

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