les 50 ans de Champaco, une alliance primordiale

29 août 2016

Champaco devenu Alliance Fine Champagne en fusionnant avec Prochacoop a fêté ses 50 ans le 16 juin dernier. Née en 1966, la coopérative associée de Rémy Martin a ouvert la voie d’un « new deal », celui d’un rapprochement organique entre viticulture et négoce de Cognac. Une mini-révolution des esprits qui irrigua bien au-delà du périmètre de la maison de Cognac. Hommage a été rendu aux fondateurs visionnaires. 

Venir après les autres, c’est bien mais c’est aussi risqué. On sait ce qu’il ne faut pas faire mais le but n’est pas non plus de reproduire à l’identique ce que les petits camarades ont déjà réalisé. En matière de célébration d’anniversaires, Hennessy était déjà passé par là (ses 250 ans) , Martell aussi (ses 300 ans). Comment incarner cette nouvelle manifestation ? La question a dû se poser à Rémy Martin et à l’AFC (Alliance Fine Champagne). La réponse a été trouvée : en étant soi-même. Et le « soi-même » du périmètre Rémy Martin est forcément différent du « soi-même » des autres négociants. C’est ce que tous les participants ont noté, ce qui revenait en boucle le soir et le lendemain de la réception : ce ton inimitable qui est celui de la « Rémy touch ». Il tient certes à la famille Héraird-Dubreuil mais aussi et plus largement, à la « famille » des viticulteurs d’Alliance Fine Champagne, ce je-ne-sais-quoi d’appartenance qui fait que les gens se sentent à l’aise ensemble. Peut-être est-ce dû à un certain partage de valeurs, une manière d’être vigneron, bouilleur de cru,  une expérience du métier forgée par des décennies d’accompagnement et de relations croisées. Bref, cette atmosphère exclusive a conféré à la soirée sa couleur, chaleureuse et amicale.

Tous les jours précédents il avait plu. Ce jeudi 16 juin, des cordes s’étaient encore abattues sur la campagne charentaise avant qu’un soleil un peu hésitant mais bien réel vienne, vers 19 h, réenchanter la lumière. Le « dress code » précisait « invitation au jardin et talons plats ». Mais allait-on patauger dans les champs détrempés du Grollet, la propriété de Rémy Martin à Saint Même les Carrières ? Surprise de voir, en gagnant les parkings, des allées de cailloux blancs bien tracées et damées sur l’herbe verte. Grâce à une ingienerie du terrassement sans doute pas banale, déclenchée trois jours plus tôt, c’est donc au sec que les 2 000 invités purent gagner sans encombre le lieu de la fête. Ils y étaient accueillis par plusieurs personnes, Nicolas Hériard Dubreuil, Alain Bodin (président d’Alliance), Dominique Hériard Dubreuil, François Hériard-Dubreuil, Eric Vallat (directeur de Rémy Martin)…En face, la belle façade du Grollet ; a gauche un délicieux petit fruitier piqué d’arbres anciens où un premier cocktail fut servi. Rien de grandiloquent ; plutôt l’idée de profiter de la jolie simplicité d’une réception familiale. Vers 20 h 30, les convives gagnèrent le grand tivoli où se tenait la réception. Après le temps apéritif vint le temps des discours. D’abord celui de François Hériard-Dubreuil, le président de Rémy Cointreau. « Bienvenu dans cette maison du Grollet, contemporaine de la bataille de Jarnac qui, un jour, devait nous inspirer notre carafe Louis XIII (la forme d’une gourde retrouvée sur le champ de bataille). » Le président de Rémy Cointreau a joué de la concordance des dates pour évoquer la naissance du décret d’appellation Cognac (1936), la création du BNIC (1976) et bien sûr la fondation de Champaco (1966). « Cette « folie » conçue par des hommes visionnaires, pétris d’humanité,  a révolutionné les esprits. Imaginez ! La viticulture devenait le service production et le négoce le service commercial d’une même entreprise, l’entreprise Cognac. » Il a rendu hommage à ces hommes clés qui s’appelaient André Hériard Dubreuil, Paul Hosteing, Roger Plassard…Anne-Marie Hosteing était présente au Grollet ce jeudi 16 juin 2016 comme André Mullon et Jean-Claude Roy, dernier représentant du conseil d’administration initial. Un montage video –  « nous sommes au 21 ème siècle » a plaisanté F. Hériard-Dubreuil – a donné la parole à de grands témoins. A travers une archive sonore, André Hériard-Dubreuil a assuré« qu’on ne pouvait pas faire de bons Cognac sans rentrer à l’origine de bonnes qualités ». Eric Vallat, lui, a décrit ce pas de temps original et pour tout dire unique du Cognac. « Dans le domaine d’où je viens – le luxe, la mode – nous travaillons à six mois. Ici, c’est cinquante ans. » »Nous sommes dans le même bateau et le bilan reste très positif » a lancé Dominique Hériard-Dubreuil tandis que Lucette Barbera (Distillerie Piron) se demandait « quoi faire de mieux dans la vie que faire du Cognac ? ». Alain Bodin a ensuite pris la parole. Dans son style sensible et imagé, le président d’Alliance a parlé « de cette émotion simple, naturelle, de faire la fête, de marquer ce jour comme s’il était le dernier ou le premier. » Il est revenu « sur ces deux mots totems que sont partenaires et contrats. » « Ces concepts, a-t-il dit, ont transformé notre façon d’envisager notre métier. » Il a salué la dette que tous ici avaient à l’égard « de ces belles personnalités qui ont construit ce robuste édifice dont nous fêtons les 50 ans. »  Puis il s’est interrogé sur l’AFC 2.0, celle des nouvelles générations. « Une consciente verte apparaît, la révolution numérique est en marche, même dans nos vignes. Alliance Fine Champagne vous accompagne dans cette mutation assez vertigineuse de nos métiers. » Ce nouveau défi, de jeunes adhérents  ne craignent pas de s’y investir – « Vivement les cinquante prochaines années » s’est exclamé Guillaume Duluc.

Et puisse qu’une fête de famille se termine toujours en chansons, Alain Bodin, François Hériard Dubreuil, Eric Vallat sont montés sur scène pour reprendre le refrain « ça c’est l’AFC » sur l’air de Champs Elysées, le tube de Joe Dassin. « Nous sommes tous là pour te fêter, ici au Grollet, les 50 ans de Champaco, Petite et Grande…ça c’est l’AFC ». A la guitare basse, Michel Renou, vice-président d’Alliance Fine Champagne, à l’autre guitare Pierre Delair, responsable des achats eaux-de-vie, applaudis par tous les partenaires rassemblés. Un moment inattendu, insolite, décalé, festif, sincère, généreux. Pour tout dire de partage.

 

L’histoire de Champaco

 

Champaco, c’est l’histoire d’hommes qui, à un moment, vont penser que le changement est porteur de vertus. Pourquoi ne pas essayer de faire autrement plutôt que mettre ses pas dans les pas existants. Il y faut un certain courage et un esprit visionnaire. Les André Hériard Dubreuil, Paul Hosteing, Roger Plassard et leurs compagnons de l’époque en sont pétris. Les animent une forte conscience que « l’humain est au centre de tout » mais aussi un esprit de conquête. Changer de « logiciel » c’est se singulariser, exister  différemment, choisir son territoire d’expression. Cette stratégie sera celle de Rémy Martin, de tout temps et jusqu’à aujourd’hui. En 1966, la coopérative inaugure un nouveau type de relations. Un contrat – un engagement écrit, portant sur plusieurs années – va lier le négociant et les viticulteurs partenaires. Les conditions d’achat sont fixées, volume, date, mode de calcul du prix. Ensemble, adhérents et négociant vont porter le stock d’eaux-de-vie et il y aura partage de la plus-value de vieillissement au dénouement du contrat. Cette relation, inaugurée en 1966, perdure depuis 50 ans même si elle a évolué. Aujourd’hui les adhérents sont également devenus actionnaires du groupe coté en bourse. La rémunération des parts sociales au titre de l’action Rémy Cointreau a remplacé le partage de la plus-value de vieillissement. Mais le pacte fondateur reste le même : la mutualisation des fruits de la croissance.

 

Repères

 

1966 : création de Champaco

1978 : naissance de Prochacoop

2005 : fondation d’Alliance Fine Champagne, fusion de Champaco et Prochacoop

Les présidents

De Champaco : Paul Hosteing (1966-1989) – Guy Publie (1989-1994) – Bernard Guionnet (1994-2005)

De Prochacoop : Guy Dupuy (1978-1993) – Alain Bodin (1993-2005)

D’Alliance Fine Champagne : Bernard Guionnet (2005-2011) – Alain Bodin (2011 à aujourd’hui). Le 16 juin dernier, Alain Bodin a annoncé que son mandat s’achevait à l’issue de l’anniversaire. Début juillet, un nouveau président de l’AFC va être nommé par le conseil d’administration de la coopérative.

 

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