L’entretien de l’interceps : Une préoccupation d’actualité

17 mars 2009

Les jeunes agriculteurs du canton de Saint-Ciers-sur-Gironde et la cave des Hauts de Gironde avaient organisé le 9 avril dernier une démonstration d’entretien des sols au niveau de l’interceps des rangs. La manifestation a connu un grand succès puisque plus de 300 personnes sont venues voir marcher le matériel dans les vignes. La présentation des équipements était assurée par M. Claude Martinet, le spécialiste du machinisme viticole du CFPPA de Blanquefort.
public_1_opt.jpegLes nombreux viticulteurs présents à cette démonstration atteste de l’importance du sujet entretien des sols au niveau de l’interceps des rangs. Il n’était pas rare d’entendre dans les rangs de vignes des discussions très sérieuses autour de l’avenir des utilisations des herbicides en viticulture. Beaucoup de viticulteurs imaginent à la fois mal se passer totalement du désherbage chimique et regardent avec intérêt d’autres moyens pour entretenir l’interceps.

Associer désherbage chimique et entretien mécanique au cours du cycle végétatif

En effet, dans les vignobles de la façade atlantique où les pluviométries du mois de mars à la fin mai sont abondantes, l’utilisation d’herbicides au printemps représente un avantage considérable sur le plan de l’organisation du travail et de la compétitivité économique des propriétés. Le retour aux interventions mécaniques d’entretien de l’interceps pendant cette période paraît quasiment impossible sur les exploitations disposant de surfaces conséquentes. Revenir à un entretien mécanique au printemps se traduirait par une augmentation significative des coûts de production du fait de la lenteur de ces interventions. Dans des vignes à fortes densités (4 000 à 5 000 ceps/ha), l’entretien mécanique de l’interceps nécessite deux à trois passages d’outils qui ne peuvent pas être utilisés à des vitesses élevées. L’époque actuelle est à la rationalisation des coûts de production et l’utilisation plus raisonnée d’herbicides au printemps s’inscrit dans cette logique. Néanmoins, beaucoup de viticulteurs pensent qu’il est possible de réduire les utilisations d’herbicides pour seulement couvrir la période de mars à juin. Par la suite, l’utilisation d’outils interceps de type mécanique peut permettre de contrôler le développement des adventices qui en été se développent moins. Les constructeurs proposent aujourd’hui une gamme d’outils interceps performants qui permettent de travailler à des vitesses plus élevées. Le fait d’associer au cours d’un cycle végétatif une intervention de désherbage chimique de printemps raisonnée et en été des interventions de travail mécanique de l’interceps est une stratégie qui est en train de passer du stade de l’idée à la pratique.

Le désherbage chimique au printemps économiquement incontournable

Une préoccupation importante de beaucoup de viticulteurs et d’un certain nombre de techniciens est aussi d‘aborder le désherbage chimique sur des bases différentes. Faire le procès systématique de cette pratique est bien sûr très facile pour des acteurs déconnectés des réalités concrètes de la conduite des vignobles ! Par contre, travailler dans une logique de pérennité du désherbage en tant qu’intervention ponctuelle au cours du cycle végétatif serait sûrement beaucoup plus constructif. On peut d’ailleurs regretter actuellement qu’un certain nombre de techniciens basculent un peu trop rapidement dans « le tout sans pesticides » sans se soucier des réalités économiques des propriétés. Dans le cadre de la démonstration de Marcillac, les organisateurs avaient aussi invité trois constructeurs d’équipements de désherbage chimique, Pulvéjuste-Mantis, Pulvépur et Undavina, dont les matériels permettent de réduire considérablement l’utilisation des doses d’herbicides.

Diviser par deux les doses de glyphosate avec du matériel performant

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Matériel Mantis.

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Matériel Undavina.

 

 

 

 

 

 

 

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Matériel Pulvépur.

Le véritable challenge technique du désherbage chimique est aujourd’hui d’optimiser l’efficacité des programmes en utilisant des doses plus faibles et des produits foliaires. L’une des matières actives foliaires les plus utilisées, le glyphosate, commence à faire l’objet d’une « surveillance accrue » dont la finalité première devrait être d’éviter des sur-utilisations et de pérenniser son emploi. En effet, le véritable enjeu du désherbage chimique au printemps est de positionner les interventions au moment le plus opportun et en utilisant tous les procédés susceptibles de réduire les doses de matière active. C’est à notre sens le seul moyen de pouvoir pérenniser l’utilisation du désherbage chimique au printemps, qui représente un facteur important de réduction des coûts de production. Souhaitons que les techniciens mobilisent toute leur énergie autour de la juste utilisation des applications des glyphosates en viticulture ? L’avantage des trois matériels présents à la démonstration, la rampe Mantis, les têtes Pulvépur et le système Undavina, est d’utiliser un principe de pulvérisation nouveau (des têtes de désherbage centrifuges ayant chacune des spécificités), de supprimer presque totalement les phénomènes de dérives (par les effets du vent) et de réduire considérablement les doses apportées (divisées au moins par deux) sans que l’efficacité soit pénalisée. Le prix d’achat de ces équipements n’a certes rien à voir avec celui d’une rampe de désherbage basique mais les économies de produits réalisées ne peuvent pas laisser insensibles. L’avantage de ces matériels est aussi qu’ils peuvent être montés à l’avant ou entre les roues des tracteurs. Cela permet de réaliser le désherbage en même temps que d’autres travaux, ce qui est un avantage non négligeable.

Des décavaillonneurs beaucoup plus performants que leurs aînés

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Matériel Egretier.

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Matériel Boisselet.

 

 

 

 

 

 

 

Le retour de l’entretien du sol de l’interceps des rangs est lié au fait qu’une nouvelle génération d’équipements a fait son apparition. La présence sur les tracteurs récents de circuits hydrauliques performants permet le montage d’une diversité d’outils interceps à un moindre coût. Auparavant, l’acquisition de ces mêmes matériels nécessitait aussi l’achat d’une centrale hydraulique indépendante, ce qui rendait cet investissement quasiment inaccessible. Le travail du sol sous le rang peut être abordé avec une diversité d’équipements qui se montent en général sur un bâti polyvalent. C’est le cas notamment des décavaillonneuses

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Matériel Souslikoff.

mécaniques Souslikoff dont l’effacement s’effectue par un mécanisme de tâteurs actionnant des pièces mécaniques. Ces matériels donnent pleine satisfaction dans des sols souples et leur utilisation nécessite de la part du chauffeur un certain sens de l’observation pour bien les régler. Les décavaillonneuses hydrauliques Egretier bénéficient d’innovations au niveau du porte-interceps qui permettent d’optimiser l’utilisation du matériel dans les conditions difficiles. La nouvelle génération de matériel mis au point par ce constructeur depuis deux ans permet de travailler à des vitesses plus élevées sans blesser les ceps. La société Boisselet a développé un bâti de travail interceps hydraulique polyvalent sur lequel peuvent se monter une diversité d’outils : un décavaillonneur, une lame interceps, un module rotatif (le Discomatic) et une tondeuse. Les besoins en puissance hydraulique sont plus importants pour les appareils rotatifs, mais tous les tracteurs récents sont en mesure de faire fonctionner ces outils.

Des Interceps et des outils rotatifs nouvelle génération

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Matériel Braun.

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Matériel Vermande.

 

 

 

 

 

 

 

Les interceps hydrauliques semblent aussi faire un retour en force et de nombreux constructeurs proposent des équipements avec des spécificités particulières. D’une manière générale, ces matériels peuvent être employés à des vitesses élevées (supérieures à 4 km/h) et les nombreuses possibilités de montages rendent possibles leur utilisation en même temps que des matériels d’entretien de l’interligne (broyeurs ou outils à dents). Lors de la démonstration, la société Braun présentait

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Matériel Ferrand.

un équipement 2 côtés sur un châssis arrière extensible. L’une des caractéristiques de cet outil est qu’il peut être équipé de divers accessoires (disques et dents) qui permettent de l’adapter à toutes les configurations de vignobles. Un système hydraulique performant nécessitant des débits d’huile faibles permet d’optimiser l’effacement au niveau des ceps. La société Ferrand commercialise aussi des interceps avec un montage arrière ou entre-roues. La reprise de sols désherbés nécessite depuis longtemps des équipements puissants pour casser les dômes de terres qui se forment parfois au niveau du cavaillon. Des constructeurs comme Pellenc et Boisselet ont mis au point des équipements rotatifs à axe vertical qui s’effacent au niveau des ceps. Il s’agit de systèmes à lames verticales qui sont animés par des moteurs hydrauliques demandant une certaine puissance. L’efficacité de ces matériels est assez spectaculaire dans les sols difficiles mais leur vitesse d’utilisation est bien moins importante que celle des interceps hydrauliques à lames. La société Vermande a mis au point un nouvel équipement, l’Alterna-cep, qui effectue un mouvement alternatif dont le résultat est comparable à celui d’un binage.

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Matériel Tournesol.

Le module de travail du sol est doté de trois dents effectuant un mouvement alternatif correspondant à un 1/3 tour, ce qui permet de remuer la terre sans la déplacer. L’ensemble est monté sur un châssis qui s’escamote au niveau des ceps. Le système demande un débit d’huile de 40 l/mn pour travailler les deux côtés de rang. D’une manière générale, les viticulteurs ont été assez surpris par les évolutions technologiques des matériels qui étaient présentés à la démonstration. Les résultats au niveau de la qualité du travail sont globalement bons mais, malgré ces évolutions, le travail mécanique de l’interceps n’est pas une intervention que l’on peut effectuer dans la précipitation.

 

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