En ce début de mois de mai, le débourrement de la vigne est déjà bien avancé et les pulvérisateurs sont déjà entrés en action dans le vignoble. Bon nombre de viticulteurs s’étonnent de ne pouvoir consulter les historiques Avertissements agricoles vignes de la région de Cognac. La raison en est simple, ils ont disparu suite à une réorganisation des services du ministère de l’Agriculture. Par quoi sont-ils remplacés ? Réponse : ils ne seront pas remplacés par un nouvel organe de préconisation de lutte contre le complexe parasitaire. La nouvelle organisation souhaitée par le ministère de l’Agriculture concentre ses activités sur l’information phytosanitaire et non plus sur les aspects de préconisations. Un bulletin de santé végétal donnera de façon régulière et gratuite un état des lieux de l’état sanitaire du vignoble, mais cet outil ne sera pas opérationnel avant 2010 dans notre région.
L’ensemble des services de la Protection des Végétaux en France ont disparu à partir du 1er janvier 2009 et toutes les démarches d’information et de préconisation de protection des cultures qui y étaient liées aussi. Cette évolution s’inscrit dans le vaste programme de réforme de fonctionnement de l’état qui a amené le ministère de l’Agriculture à mettre en place une nouvelle organisation.
Le SRAL remplace le SRPV
Un décret du 19 décembre 2008 a mis en place les DRAAF (les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) et le nouveau service du SRAL (le service régional de l’alimentation et de l’agriculture) qui est une des divisions du pôle chargé de piloter l’agriculture régionale. Pour les agriculteurs de Charente et de Charente-Maritime, le SRAL est intégré à la DRAAF du Poitou-Charentes. Le ministère de l’Agriculture confère aux récentes structures, DRAAF et SRAL, des missions élargies pour piloter la politique alimentaire de l’agriculture. Les équipes du SRPV ont intégré le SRAL dont la mission est de gérer la politique de l’alimentation et de l’agriculture à la fois des productions végétales et animales. Plus simplement, les services DDSV (à l’échelon régional) et du SRPV ont été regroupés en un même et seul service : le SRAL. Cette réorganisation s’est déroulée dans des délais courts qui ont
surpris les équipes en place et beaucoup de professionnels l’ont découverte récemment. L’urgence avec laquelle a été mis en place le SRAL Poitou-Charentes va se concrétiser par un profond bouleversement des structures et des axes de travail. Les Avertissements agricoles dans le vignoble de Cognac disparaissent et, d’ici 2010, de nouvelles actions techniques seront mises en place dans la région délimitée par les équipes du SRAL. Le petit vignoble du Haut-Poitou aura la chance de voir perdurer les Avertissements agricoles jusqu’à la fin de l’année 2009, car aucune solution alternative de préconisations de lutte n’a pu être mise en place.
Un désengagement progressif des actions techniques au profit des contrôles
Depuis cinq-six ans, les responsables du ministère de l’Agriculture avaient déjà considérablement réorienté le fonctionnement du service de la protection des végétaux en privilégiant les volets réglementaires et les contrôles aux démarches d’expérimentations techniques. Progressivement, les équipes d’ingénieurs travaillant sur la protection des cultures s’étaient restreintes et, pour faire carrière, il valait mieux être un ardent défenseur des contrôles. Au fur et à mesure que certains ingénieurs chargés des expérimentations partaient en retraite ou étaient affectés dans d’autres services, ils n’étaient pas remplacés. Les actions dites de contrôles sont montées en puissance et devenues très largement dominantes par rapport à l’appui technique lié aux Avertissements agricoles et à l’expérimentation. Le désengagement des actions techniques n’a-t-il pas été pénalisé par l’absence de quantification des résultats de tout ce travail de préconisation ? On peut malheureusement le penser et ce constat clairement exprimé par certains chefs de service du SRPV dans les régions est venu conforter une volonté en haut lieu d’abandonner progressivement la technique. Par ailleurs, la réalisation de quelques démarches de contrôles zélées chez les agriculteurs ou parfois carrément dans les champs au moment de l’application des traitements attestait aussi du profond changement de comportement de certains agents du SRPV. Les agriculteurs avait le sentiment ces dernières années que des interlocuteurs chargés hier d’assurer un accompagnement raisonné des pratiques de protection des cultures s’étaient mués en agents répressifs, pour certains diplomates et d’autres beaucoup moins.
Pour avoir côtoyé de près au cours des dernières années plusieurs chefs de service du SRPV et des ingénieurs soucieux de faire carrière dans l’appareil, nous avons constaté la montée en puissance d’un état d’esprit dominant très critique vis-à-vis des techniques de protection des cultures et un intérêt majeur pour les contrôles. Certains discours « off » étaient même assez surprenants car ils laissaient aussi clairement entendre que continuer à faire de la technique était devenu au sein du SRPV des missions contre-productives visant même à favoriser l’utilisation intensive des pesticides. Les ingénieurs travaillant sur ces dossiers avaient parfois le sentiment d’être mis à l’index, ce qui créait parfois des ambiances de travail tendues entre collègues d’une même équipe. Le fait d’entretenir des relations de travail avec des responsables de la distribution et des firmes phytosanitaires était presque devenu suspect. Or comment peut-on travailler le fondamental de la protection des cultures sans explorer d’une façon objective et indépendante des contingences commerciales, les modes d’actions, les effets secondaires, les risques environnementaux des molécules des produits phytosanitaires. Ce travail cautionne-il les sur-utilisations ou au contraire permet-il d’en évaluer de façon juste les effets néfastes (risques de résistances), positifs et d’en optimiser les conditions pratiques d’utilisation (définir la dose juste efficace, la rémanence…) ? Apparemment, les responsables nationaux du SRPV et du ministère de l’Agriculture ont fait le choix de considérer le travail existant comme étant inadapté au contexte actuel de l’agriculture et de la viticulture.
La rigueur budgétaire est à l’origine du désengagement des actions techniques
Le fond du problème est sûrement aussi lié à des problèmes de réductions budgétaires qui touchaient tous les services du ministère de l’Agriculture depuis 5 à 10 ans. Même si le discours officiel reste très évasif sur le sujet, beaucoup d’observateurs avisés pensent que la réduction des enveloppes budgétaires nécessaires au fonctionnement du SRPV a été déterminante dans la décision de désengagement des actions techniques. Le développement des expérimentations de protection des cultures d’une manière indépendante des contingences commerciales nécessite des moyens financiers (humain, matériel, logistiques et scientifiques), mais permet de construire une démarche d’expertise en phase avec les attentes des professionnels de l’agriculture et de la viticulture. Etre en mesure de mettre en place des essais mildiou, oïdium, botrytis (indépendants des fournisseurs) et avoir la capacité à assurer l’animation de réseau d’informations phénologiques et parasitaires dans des aires de production diversifiées représente des actions essentielles pour proposer des conseils réalistes.
Pour essayer de pallier la diminution des moyens investis dans l’expérimentation, les ingénieurs SRPV des diverses régions ont cherché des solutions en nouant des contacts plus étroits avec les distributeurs et les firmes phytosanitaires depuis le début des années 2000. Ce mode de fonctionnement a été très critiqué au sein du SRPV car il générait des contraintes de confidentialité sur la communication des résultats. Les Avertissements agricoles ont pu perdurer jusqu’en 2008 grâce à ce système. Pour les ingénieurs, c’était le seul moyen pour continuer d’approfondir les connaissances sur la protection des cultures mais le revers de cette situation résidait dans une grande difficulté à publier les résultats auprès des utilisateurs, les agriculteurs et les viticulteurs. Les mauvaises langues à l’intérieur du SRPV ne se privaient pas de déclarer ouvertement depuis plusieurs années que mener des expérimentations sans être en mesure de pouvoir publier les résultats était un non-sens. La « boucle était bouclée » et progressivement les actions techniques du SRPV ont été marginalisées malgré la bonne volonté évidente et le fort investissement personnel de certains agents dans les régions. Leur résistance a permis de sauver « les meubles » pendant plusieurs années sans que les abonnés aux Avertissements agricoles ne s’en rendent compte. L’arrêt progressif depuis plusieurs années des Avertissements agricoles dans de nombreuses régions a surpris dans un premier temps et soulevé un peu d’inquiétude, mais pas assez apparemment pour créer une mobilisation susceptible de pérenniser le travail technique.
Les impasses techniques en 2009 ne seront-elles pas préjudiciables pour la vigne et l’arboriculture ?
Cela signifie-t-il que les actions techniques du SRPV étaient-elles véritablement inadaptées au contexte de production agricole et viticole actuel ? Le ministère de l’Agriculture a répondu de façon positive à cette question en s’appuyant à la fois sur la série d’arguments évoqués précédemment et aussi sur le fait que d’autres moyens d’actions techniques existent dans les régions. La décision des responsables du ministère de l’Agriculture s’est appuyée sur une réflexion globalisée sûrement plus réaliste pour les grandes cultures que pour la vigne et l’arboriculture. Il a été considéré que les actions techniques de préconisations de lutte au travers des Avertissements agricoles n’étaient plus essentielles car d’autres sources d’informations existent sur ce sujet. Des organismes techniques comme Arvalis, l’IFV, les structures interprofessionnelles (CIVC, Station Viticole du BNIC…), les Chambres d’agriculture, la FD CETA, les CIVAM, les distributeurs proposent aussi des approches techniques d’expérimentations et de préconisations de lutte proches du terrain. On peut regretter que dans la démarche de réorganisation des services du ministère de l’Agriculture qu’il n’y est pas eu une volonté de concertation avec les professionnels des régions concernées par les cultures spécialisées.
La décision est tombée en fin d’année dernière : « On n’a plus les moyens de faire de la technique en toute indépendance, il y a des doublons d’expérimentations, donc on passe par perte et profit la technique historique made SRPV en privilégiant de nouvelles approches pas encore clairement définies au sein du SRAL. » La mise en place de ce nouveau service depuis le mois de janvier s’effectue dans l’urgence, ce qui fait que le nouvel « outil » ne sera opérationnel que fin 2009 ou peut-être en 2010. L’absence de travaux techniques sur la vigne et l’arboriculture dans toutes les régions viticoles pendant une, deux années, sera-t-elle préjudiciable à la conduite des vignobles et des vergers ? Drôle de question que pose un modeste « gratte-papier perdu » au milieu de la France viticole profonde de la région de Cognac ?
D’autres approches de préconisation de lutte existent mais !
En fait, peu d’observateurs se hasardent à engager le débat sur le sujet. Les plus nombreuses réactions émanent de la base, les viticulteurs, lorsqu’ils apprennent la fin des Avertissements agricoles : « On ne savait pas et cela nous surprend après les deux années de fortes pressions parasitaires 2007 et 2008. » Les 5 000 viticulteurs charentais, leurs 9 000 collègues bordelais… s’interrogent et cherchent des solutions de remplacements. Dans la région de Cognac, les Chambres d’agricultures de Charente et de Charente-Maritime et la Station IFV Charentes travaillent les aspects techniques de la protection du vignoble depuis un certain nombre d’années. L’organisation technique mise en place par ces organismes a débouché sur l’établissement depuis 10 ans d’une démarche de préconisation de lutte, l’Epiflash, dont nous abordons le fonctionnement en pages 19-20. Dans le Bordelais, l’IFV, les Chambres d’agriculture et les ADAR travaillent aussi en commun pour proposer aux producteurs des démarches de préconisation de lutte. L’arrêt des actions techniques du SRPV va-t-il se matérialiser par une décapitalisation scientifique importante dans nos régions ? Les représentants du ministère de l’Agriculture pensent que non puisque, par exemple en Charentes, un autre travail d’expérimentation et de préconisation indépendant des contingences commerciales existe. Ce constat est juste mais peut-être pas suffisant.
En effet, les travaux menés par l’antenne du SRPV de Cognac seront-ils repris par d’autres organismes et le capital de connaissances acquis par les ingénieurs pourra-t-il être valorisé auprès des viticulteurs ? La FREDON et les équipes des Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime vont assurer le fonctionnement des réseaux de piégeurs des vers de la grappe et de suivi de la phénologie, mais quel sera le devenir des études scientifiques plus fondamentales.
Les spécialistes de la protection du vignoble du SRPV vont-ils revenir vers la technique ?
Le SRAL Poitou-Charentes ne sera pas en mesure de pérenniser les actions de suivi parasitaire sur le vignoble de Cognac en 2009 (on peut penser que dans les autres régions viticoles la situation sera identique). Ce « stand by » de 2009 au niveau du capital de connaissances sur la protection du vignoble issues du SRPV de Cognac (et d’ailleurs) aura-t-il des conséquences ? Encore une drôle de question qui en suscite une autre. Travailler le fondamental de la protection du vignoble et l’efficacité des diverses spécialités de fongicides, d’insecticides en Charentes, à Bordeaux, à Mâcon… sert à quoi ? Réponse : à comprendre le fonctionnement au niveau de la plante et des parasites des nouvelles spécialités phytosanitaires pour en optimiser les conditions d’utilisation au vignoble. L’apport de ces connaissances contribue à gérer de façon plus juste et plus respectueuse de l’environnement l’utilisation des fongicides, des insecticides, en tenant compte des effets de diversité liés aux sols, aux cépages et au climat.
Plus concrètement, les argumentaires techniques SRPV ont permis par exemple de limiter les conséquences de l’apparition des phénomènes de résistance, au mildiou, à l’oïdium. Le caractère indépendant et officiel des études a fortement contribué à l’établissement de pratiques sages préservant la pérennité de la protection et le respect de l’environnement (voir les notes nationales mildiou et oïdium). Les discussions formelles et privées entre les ingénieurs SRPV ayant réalisé des essais avec les responsables des firmes phytosanitaires et des distributeurs ont aussi permis de recentrer et de tempérer les argumentaires marketing d’utilisation des spécialités ? Sans ce travail d’expertise indépendante, la sagesse des acteurs commerciaux (les firmes et les distributeurs) sera-elle suffisante pour obtenir des résultats dans ces domaines ? L’avenir nous dira si le capital de confiance accordé par les instances officielles aux acteurs économiques de l’univers phytosanitaire est réaliste. La culture technique dans l’univers de la protection des cultures ne s’acquiert pas en quelques mois sur un petit réseau d’expérimentations, mais en capitalisant durant des années une masse d’observations émanant d’un travail personnel et d’échanges entre spécialistes.
Les équipes du SRPV en France avaient la chance de posséder dans leurs équipes de véritables spécialistes de la protection du vignoble dont les compétences reconnues risquent de manquer à la filière. Les hommes détenant ce capital de connaissances vont-ils être affectés à de nouvelles missions (probablement de contrôles ou réglementaires) ou pourront-ils poursuivre leurs actions techniques en bénéficant de moyens suffisants ? Souhaitons que les responsables du SRAL aient la capacité de les valoriser, sinon la décapitalisation technique sera importante et irréversible.
La gestion d’actions technique ne peut être confiée qu’à des experts
Un tel discours pou rrait être qualifié de tendancieux s’il ne s’appuyait pas sur des expériences concrètes confirmant que la conduite d’actions techniques nécessite une grande expertise. L’un des derniers dossiers techniques vigne traités en 2008 par les équipes du SRPV a concerné l’utilisation des produits ayant des effets SDN (substances stimulant les défenses naturelles de la plante) pour lutter contre le mildiou. Un programme d’études au champ des différentes substances SDN a été mis en place dans plusieurs régions viticoles françaises sous la tutelle de plusieurs ingénieurs dont un dépendant du SRPV d’Aquitaine. Les contacts que nous avons eus avec cette dernière personne (se présentant comme un acteur majeur de ce projet) au mois de juin dernier ont contribué partiellement à la rédaction d’un article publié dans le numéro 1084 (« Lutte contre le mildiou : faut-il croire en l’avenir des substances SDN »). Bien que n’étant pas des spécialistes de la protection du vignoble, le dossier de l’utilisation des substances SDN dans la lutte contre le mildiou de la vigne nous avait paru être effectivement un sujet sensible sur les plans techniques et réglementaires. Dans cet article, nous avions fait état de ces problèmes et de la difficulté à évaluer l’efficacité de ces produits. Or, lors de l’entretien avec cet ingénieur, notre interlocuteur avait manifesté un enthousiasme fort vis-à-vis de cette nouvelle génération de fongicides d’origine naturelle et cela nous avait un peu surpris. Il s’était engagé à nous faire visiter les essais conduits dans la région Aquitaine et à nous communiquer les résultats de ces travaux pour une publication à l’automne dernier. Malgré des prises de contacts régulières depuis le 20 août dernier, les comptes rendus d’essais ne sont pas encore parvenus. Les renseignements que nous avons recueillis par ailleurs attestent de la difficulté à évaluer l’efficacité de cette nouvelle génération de produits sur une seule campagne d’essais, car « leur fonctionnement » au niveau de la plante et des parasites s’avère complexe et radicalement différent des pesticides conventionnels. Le traitement des aspects techniques de ce dossier (comme beaucoup d’autres) nécessite une grande expertise scientifique vigne et de l’antériorité en matière d’expérimentation. Le mutisme de notre interlocuteur traduit sûrement une certaine gêne et notre seul regret est qu’une certaine prudence n’ait pas été observée dès le départ. La complexité du dossier SDN ne permet pas d’aborder la communication des expérimentations et des résultats d’essais d’une façon comparable à celle des dossiers ayant des contenus plus réglementaires. L’engagement d’équipes dans de telles actions confirme l’importance du travail et de la culture technique dans l’univers de protection des cultures.
Des nouvelles missions ambitieuses du SRAL
Le SRAL Poitou-Charentes est en pleine phase de « construction » et l’entretien que nous avons eu avec la chef de service, Mme Martine Fallon, permet de mieux appréhender son futur fonctionnement. La priorité de cette structure sera de pouvoir à l’échelon régional piloter à la fois la politique alimentaire de l’agriculture des secteurs végétal et animal. Ce nouvel objectif rend nécessaire la mise en place d’une organisation totalement différente, d’où l’importance du « chantier » lancé depuis le 1er janvier. Les équipes de la Protection des Végétaux ont été intégrées dans le SRAL depuis plusieurs mois, mais les différents services sont encore en phase de structuration. Les missions du SRAL englobent toutes les activités relatives à la protection des végétaux (d’ordre réglementaire, les missions de contrôle et le suivi des organismes nuisibles), la coordination des actions conduites par les directions départementales des services vétérinaires et le pilotage du plan de qualité de l’offre alimentaire.
Suite au Grenelle de l’environnement, le ministère de l’Agriculture a souhaité un renforcement des réseaux de surveillance biologique qui constituent un axe de réflexion fort pour réduire l’utilisation des pesticides. Cette mission est en quelque sorte le prolongement des réflexions initiées dans le cadre du plan Ecophyto 2018. Les concepts d’une agriculture durable représentent l’un des axes fondateurs du fonctionnent du SRAL. La notion de surveillance biologique du territoire, bien que paraissant à la fois vaste et abstraite, repose sur des actions techniques historiques et novatrices au regard des textes publiés. Elle doit permettre de détecter les organismes nuisibles de quarantaine, de suivre les autres organismes nuisibles susceptibles de menacer la productivité ou d’être réglementés lors des échanges mondiaux, de connaître l’état de pression parasitaire afin d’optimiser et de réduire les utilisations de pesticides, d’assurer une veille vis-à-vis de risques émergents et de mettre en évidence des effets non intentionnels liés aux itinéraires culturaux (phénomène de résistance, évolution de la flore aux herbicides) qui ont un impact sur l’environnement et la sécurité sanitaire. Le fruit de tout ce travail devra en outre déboucher sur l’établissement d’une information phytosanitaire publique et gratuite recueillie auprès de tous les acteurs de terrain dans les régions. Les démarches de préconisation de méthodes de lutte deviennent des activités privées et concurrentielles dont le fonctionnement devra être évalué et régulé par un dispositif de certification obligatoire géré par le SRAL. La mise en place du réseau de surveillance du territoire est donc dans le contenu des textes fondateurs un dossier très ambitieux qu’il va falloir maintenant mettre sur les rails de la pratique en mobilisant toutes les énergies des différentes filières. Bref, le chantier est en cours et sa concrétisation va demander un peu de temps ou probablement un certain temps.
Un bulletin de santé végétal qui verra le jour en 2010
Le SRAL supervisera l’ensemble du pilotage du nouveau réseau de surveillance biologique du territoire au travers d’un comité de pilotage régional présidé par la Chambre régionale d’agriculture et à l’intérieur duquel tous les acteurs des filières seront associés. Les équipes du SRAL joueront en quelque sorte un rôle d’animateur avec les différents acteurs techniques comme les Chambres d’agriculture, les structures de conseils du type FD CETA, les consultants privés et les distributeurs de produits phytosanitaires. L’objectif sera de recueillir par ce réseau des données phytosanitaires qui donneront lieu à la publication d’un Bulletin de santé du végétal régional et spécifique à chaque filière qui sera diffusé gratuitement auprès des acteurs techniques de la filière et des agriculteurs. Le contenu de ce bulletin présentera un état des lieux de la situation phytosanitaire mais ne diffusera pas de préconisations de luttes et de conseils de traitements. Ce nouveau vecteur d’informations permettra la diffusion de données plus générales à caractères réglementaires.
Dans la région Poitou-Charentes, la DRAAF et le SRAL ont décidé de maintenir pour les grandes cultures et la zone viticole du Haut-Poitou les actions techniques en cours du SRPV et la publication des Avertissements agricoles sera maintenue jusqu’à la fin de la campagne en cours. La filière viticulture charentaise a vu les Avertissements agricoles s’arrêter en début d’année et 2009 va être une campagne de transition durant laquelle le nouveau dispositif de surveillance va être mis en place. L’antenne du SRPV de Cognac est devenue une antenne décentralisée du SRAL Poitou-Charentes et l’équipe continuera d’assurer un certain nombre de missions d’observations et de surveillance du vignoble. Par contre, le Bulletin de santé végétal vigne ne verra le jour qu’en 2010.
Des moyens financiers supplémentaires pour pérenniser l’expertise technique
Le vignoble de Cognac va vivre une campagne de transition consacrée à la mise en place des structures opérationnelles du SRAL. Mme M. Fallon, qui était précédemment directrice des services vétérinaires dans le département du Jura, semble tout à fait convaincu que l’expertise technique est un aspect incontournable du fonctionnement du SRAL : « Le fait de vouloir assurer une offre alimentaire de qualité ne signifie pas qu’il faut renoncer au principe d’une agriculture productive. Pour l’avenir, les enjeux du développement des productions agricoles reposent sur des réalités économiques, un environnement social et une volonté de développer une agriculture durable. Si le 0 pesticide paraît irréaliste, une réduction judicieuse de l’utilisation des intrants phytosanitaires tout en conservant les niveaux de productivité est une voie d’avenir. Les moyens qui subsistaient pour assurer le fonctionnement des Avertissements agricoles au cours des dernières années étaient insuffisants et à terme ils n’auraient pas été pérennisés. Dans l’organisation des services du SRAL de la région Poitou-Charentes consacrée à la viticulture charentaise, nous souhaitons conserver une expertise technique suffisante pour être en mesure de maîtriser le suivi du contexte phytosanitaire du vignoble. Les missions des équipes en place vont être redéployées sur des sujets majeurs, le suivi des résistances aux fongicides, l’encadrement des actions flavescence dorée, le suivi de l’évolution des flores d’adventices, la conduite de travaux sur la modélisation, l’étude des nouveaux fongicides SDN… mais, par contre, les aspects de préconisations de lutte ne feront plus partie de nos attributions. Des moyens financiers supplémentaires liés à la perception de la TGAP seront dégagés pour construire ces actions techniques dans le moyen terme. »
L’organisation des services du SRAL est donc entrée dans une phase concrète et un dialogue constructif s’est instauré avec la petite équipe de l’antenne de Cognac dont on peut penser qu’elle jouera un rôle dynamique dans l’animation du comité de pilotage de bio-vigilance consacrée à la viticulture charentaise.
0 commentaires