Le référentiel sol/cépage est opérationnel

6 mars 2009

trib_reunion.jpgLa filière vins de pays charentais s’est donnée les moyens de ses ambitions en engageant, il y a quelques années, un travail de caractérisation des différents types de sols de la région délimitée. L’étude des secteurs de référence a débouché sur une caractérisation des potentialités viticoles des principaux types de sols de la région – les graves du Val de Charente, les doucins, les terres de champagne de Cognac, les terres de champagne des Coteaux de Gironde, les terres du pays bas et les terres de groies – qui permettent aux techniciens d’apporter des conseils d’encépagement, d’implantation et de conduite du vignoble. Lors de la réunion de synthèse après ces cinq années d’études, les professionnels présents ont pris la juste mesure du fondement technique de cette initiative et du travail considérable qui a été accompli.

Les Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime avaient organisé, au lycée Le Renaudin à Jonzac, une réunion de bilan de l’opération des secteurs de référence. Les divers intervenants qui se sont succédé à la tribune ont tous cautionné la méthodologie innovante mise en œuvre pour « emmagasiner » des connaissances sur les grands types de sols de la région délimitée. Au départ, les attentes étaient à la fois d’établir une typologie des sols, de cerner leur organisation dans le territoire et de constituer une base de données pédologique susceptible de permettre aux techniciens d’établir des préconisations de choix, de cépages, de porte-greffes ou de méthodes culturales. Ce travail a commencé en 1998 par le secteur Val de Charente et s’est poursuivi par les doucins charentais, le pays bas, les champagnes de Cognac, les champagnes des Coteaux de Gironde et les terres de groies. Le projet a été porté par les deux chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime au travers du SUAIA qui a joué le rôle de maître d’œuvre. La chambre régionale d’agriculture et plusieurs coopératives (Syntéane, l’ACV, la Cave du Liboreau et la sica Goulebenèze) ont aussi mobilisé des moyens humains pour conduire cette opération d’envergure dont la démarche méthodologique sert actuellement de référence pour des nouvelles initiatives de caractérisation des terroirs dans d’autres régions viticoles. Le coût global de cette opération, qui s’élève à 170 000 €, a été pris en charge par le FEOGA à hauteur de 47 %, les Chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime pour 23 % et par le Conseil régional Poitou-Charentes pour 30 %.

La méthode des secteurs de référence a montré tout son intérêt

La détermination du potentiel viticole du parcellaire d’une petite région ou d’une grande aire de production ne peut pas être abordée en réalisant une cartographie systématique de chaque îlot terroir car cela représenterait un travail beaucoup trop lourd. D’où l’idée de constituer un référentiel pour travailler sur une aire plus restreinte représentative de la petite région que l’on cherche à étudier. Il s’agit de disposer en quelque sorte d’un secteur de référence où la typologie précise des sols sera établie à partir d’un réseau de parcelles de référence (sur chaque site des analyses de terre et des profils pédologiques sont réalisés). La principale difficulté de cette méthode est de délimiter des secteurs de référence qui soient représentatifs du milieu étudié, et ce travail nécessite une parfaite collaboration entre les techniciens de terrains, les viticulteurs et les agronomes possédant une solide expérience pour interpréter les profils pédologiques. Une cartographie pédologique fine est établie à l’intérieur du secteur de référence avec une définition des principaux types de sols et de leurs potentialités viticoles qui constitueront la base de données technique pour extrapoler les connaissances sur une aire beaucoup plus grande. Cela a débouché sur la mise à disposition pour les techniciens des cahiers techniques de reconnaissance des sols qui leur permettent, à partir de l’observation d’un profil pédologique d’une parcelle, de caractériser le sol en présence et surtout d’apporter aux viticulteurs des informations précises sur le choix du cépage, du porte-greffe, de la densité de plantation et sur l’entretien des sols. Pour chaque secteur de référence, 60 cahiers techniques ont été édités et actuellement l’ensemble des conseillers viticoles de la région délimitée sont en mesure de se rendre sur le terrain pour observer un profil pédologique et interpréter les potentialités d’une parcelle.

Un réseau « cépages » pour quantifier l’effet terroir

L’étude de caractérisation des potentialités des terroirs va être en quelque sorte « validée et confortée » par la mise en place d’un réseau cépages pour apprécier l’effet terroir. Ce travail est conduit par les deux Chambres d’agriculture et la Station ITV de Segonzac qui vont réaliser sur 140 parcelles issues des secteurs de référence des observations phénologiques et des mini-vinifications pour mettre en évidence l’effet terroir sur différents cépages, du Merlot, du Cabernet franc, du Chardonnay et du Sauvignon. Au cours de l’année 2003, une première approche a été réalisée sur le plan viticole avec le réseau de 20 parcelles de Merlot, mais sans aller jusqu’aux mini-vinifications car le chai expérimental de l’ITV à Segonzac n’était pas construit. En 2005, un réseau Sauvignon va être mis en place et les deux cépages pourront être vinifiés aux prochaines vendanges. Le suivi du réseau cépages sera réalisé pendant un certain nombre d’années pour bien apprécier le potentiel terroir de la région. Cette initiative va permettre en quelque sorte de valider le travail viticole réalisé au niveau des secteurs de référence et d’acquérir une banque de données unique qui va du sol au verre. Le financement de cette opération est assuré par le contrat de plan qui court jusqu’en 2006. Au niveau national, la double démarche des secteurs de référence et des réseaux cépages terroirs constitue une initiative originale qui a suscité l’intérêt de plusieurs autres régions viticoles. La réunion s’est terminée par une dégustation de vins, de Merlot, de Cabernet Cauvignon et de Cauvignon produits sur des types de sols aussi différents que des champagnes, des groies, des argiles du pays bas et des doucins.

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