Le projet vin de qualité de Syntéane se formalise

27 décembre 2008

La coopérative Syntéane avait organisé le 15 février dernier un après-midi d’information sur la production de vins de qualité en Charentes. Un auditoire de plus de 300 personnes a suivi des interventions ayant à la fois un caractère économique, technique et réglementaire. L’objectif de cette manifestation était d’apporter un certain nombre d’éléments de réflexions sur le niveau de professionnalisme que nécessite aujourd’hui le développement d’une filière vins de qualité.

La coopérative possède déjà une démarche de production de vins de pays charentais au travers de la coopérative VCS et la Sica Thalassa, mais récemment le conseil d’administration a décidé de développer un pôle d’activité vins de qualité. L’entreprise souhaite construire un projet en ayant une réflexion globale à la fois en phase avec les attentes du marché et susceptible d’apporter aux viticulteurs des niveaux de valorisation intéressants. L’élaboration de vins de qualité sur des volumes plus importants est une démarche de pérennité dont l’avenir repose sur une parfaite adéquation entre la qualité des raisins et des vins et les gammes commerciales. Les professionnels du vin semblent tous assez unanimes pour dire que l’on n’est plus à l’époque où l’on commercialise une production, mais que l’on doit produire des vins qui « se vendent ».

Des interventions concentrées sur les enjeux qualitatifs

Le président M. Michel Grenot, M. Jean Pierre Mariau, un des vice-présidents et l’équipe de direction avaient réuni un plateau d’intervenants de qualité qui ont littéralement captivé le public pendant tout l’après-midi. M. Georges Dutruc-Rosset a présenté les évolutions récentes du marché mondial des vins en terme de production et de consommation. Ses réflexions autour de la notion de qualité des vins ont mis en évidence les évolutions des attentes d’un public de nouveaux consommateurs qui ne sont pas des initiés. Ce sont des consommateurs occasionnels qui culturellement possèdent d’autres références gustatives et olfactives qu’il faut essayer de capter au travers de vins ayant une typicité différente. Par la suite, M. Jean Gramont, qui préside le conseil général de l’agronomie au ministère de l’Agriculture (et ancien commissaire du Gouvernement auprès du BNIC de 1980 à 1989), a consacré son exposé à l’ancrage historique de production en Charentes. Il est ressorti de cette intervention que le vin fait partie de la culture d’origine du vignoble et son développement dans l’avenir repose sur la mise en œuvre d’une démarche de production spécifique et bien différenciée de celle du Cognac. M. René Morlat, de l’INRA d’Angers, a présenté les conclusions des différentes études de terroir réalisées en Charentes et tout particulièrement sur la zone d’activité de la coopérative. En effet, à la demande de Syntéane, deux démarches d’étude ont été réalisées sur les doucins et les terres de champagne de bord de Gironde. La caractérisation des potentialités des terroirs constitue un travail de fond incontournable pour aider les producteurs à parfaitement apprécier les potentialités qualitatives de leurs sols. Très concrètement, l’observation d’une fosse pédologique dans une parcelle dans un secteur de référence permet d’optimiser le choix du cépage, du porte-greffe, des densités de plantation, du mode d’entretien des sols… La dernière intervention a été consacrée aux aspects réglementaires de la production de vins de pays charentais et tout particulièrement aux aides à la reconversion qui sont proposées. M. Bertran de Balanda, le directeur de la délégation ONIVINS Aquitaine Charentes, a présenté avec beaucoup de clarté l’ensemble des aides auxquelles peuvent postuler les viticulteurs. D’ailleurs, le public a posé de nombreuses questions sur ce volet technique qui est globalement complexe à gérer.

Un accompagnement technique pour implanter des vignes qualitatives

La fin de la réunion a été consacrée à la présentation du projet vins de qualité de Syntéane à la fois sur les aspects de production et commerciaux. La création au sein de la coopérative d’un groupement de producteurs spécifique à la filière vins constitue en quelque sorte les fondations en terme de vignoble pour faire monter en puissance les vins de pays charentais. En interne, le dossier est actuellement complètement « ficelé » et le projet sera déposé au ministère de l’Agriculture dans le courant du mois d’avril. Les études de terroir vont permettre de faire un état des lieux chez les producteurs qui souhaitent s’engager dans la production de vins. La coopérative met à la disposition de ses sociétaires un accompagnement technique pour les aider à choisir le cépage susceptible de donner les meilleurs résultats sur le plan qualitatif et économique. M. Joël Murât, le directeur, a tenu à préciser que le projet vin concernait aussi bien la production de vins rouges que de vins blancs, car les études de terroir ont mis en évidence d’excellents îlots pour ces deux types de vins. Le mode de paiement des récoltes se fera en fonction de la qualité des raisins collectés. Des systèmes de paiement à la qualité sont déjà en place au sein de la qualité de VCS et la Sica Thalassa, et pour la récolte 2000, les niveaux de valorisation en vins de pays ont varié entre 25 000 et 30 000 F/ha.

Un projet qui s’inscrit dans la recherche de segment de marché de vins « Premium »

Les aspects concernant la commercialisation font l’objet actuellement au sein de la filiale Unicognac d’une réflexion importante puisque cette entreprise commerciale déjà 1 250 000 bouteilles de vins de pays sous différentes marques. D’ailleurs, une étude est en cours pour recentrer les marques commerciales et avoir une offre commerciale plus cohérente. M. Alain Cardinaud, le directeur, considère que le vin de pays charentais se positionne en tant que vin plaisir dont le prix de vente en grande distribution se situe entre 2 et 2,50 E (13 et 16 F) la bouteille. Actuellement, l’entreprise est très implantée sur un grand marché régional qui va de Nantes à Bordeaux et environ 10 à 15 % des volumes sont exportés en Belgique. Pour l’instant, l’image du vin de pays issu d’une aire géographique limitée ne permet pas encore de sortir de ce créneau de vin plaisir pour aborder le segment des vins « Premium » vendus entre 3,05 et 4,57 E (20 et 30 F) la bouteille. M. A. Cardinaud estime que le développement du projet vins de qualité s’inscrit parfaitement dans cette démarche de recherche de segment de marché plus qualitatif et plus valorisant. D’ailleurs, des cuvées spéciales plus riches et plus fruitées sont actuellement en cours de préparation pour justement attaquer des niches commerciales des produits entre 3,05 et 3,80 E (20 et 25 F) la bouteille. Le développement des ventes en France ou du grand Ouest constitue une priorité à court terme mais, pour l’instant, la coopérative est un peu limitée par les volumes de vins qu’elle a à mettre en marché. Des démarches de prospection sont aussi menées au niveau des marchés d’exportation en Asie et Europe de l’Est.

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