Le PAPE expliqué aux viticulteurs

23 octobre 2012

Secrétaire général de l’UGVC, Stéphane Roy fait feu de tout bois pour communiquer autour du Pape (Potentiel annuel de production par exploitation). Dernière occasion en date : la réunion des Vendanges organisée par le syndicat.

 

 

p17.jpgLes arguments en faveur du PAPE

Stéphane Roy – « Comment fonctionnerait le PAPE ? A sa mise en place, on photographierait le vignoble du viticulteur. Tous ses ha seraient convertis en droits à produire : 20 ha = 20 droits à produire. Ensuite, l’affectation ne se ferait plus sur des surfaces mais sur des droits à produire. A l’intérieur de son volant de droits à produire, le viticulteur serait libre d’adapter ou non sa structure. Une décision qui lui incomberait individuellement. Pourquoi, le cas échéant, déciderait-il de produire sur moins de surfaces ? Pour gagner en compétitivité, pour renouveler plus vite son vignoble… A noter que, dans ce système, le découplage serait temporaire. En cas de vente des parcelles, il y aurait redécouplage. La vente ne pourrait porter que sur la parcelle de vigne, physiquement identifiée. »

S. Roy insiste sur la complémentarité du Pape avec les autres outils interprofessionnels, réserve climatique, réserve de gestion… « Dans un contexte de bonne santé du Cognac, la diminution des surfaces peut effectivement s’apparenter à une prise de risque. Les outils existants – réserve climatique, réserve de gestion – aideraient à supporter ce risque. »

Une gestion du risque que Stéphane Roy étend à l’accroissement du vignoble charentais. Pour lui, le Pape est, par excellence, un « amortisseur de risque » en cas de plantations. « Pour prendre le risque de planter, il faut de la souplesse » affirme-t-il. Il s’en explique : « Admettons que les ventes de Cognac progressent de 30 % dans 15 ans. Compte tenu du cycle du Cognac, nous devons dès maintenant planter. Mais avec les aléas que cela suppose. Personne ne peut dire ce qui se passera dans 15 ans. En permettant d’ajuster à tout moment les surfaces, le PAPE permet d’assumer le risque de la plantation. »

Ou le PAPE comme « feu vert » à la plantation. Ceci dit, les viticulteurs charentais ont-ils tellement besoin de cette autorisation ? PAPE ou pas PAPE, beaucoup ne seraient-ils pas prêts à planter si Bruxelles – comme cela semble se dessiner – libérait un volant de surfaces aux Etats membres et aux régions ?

Les critiques adressées au Pape

La principale critique adressée au PAPE concerne son danger de « dématérialisation ». Même si le lien au sol est respecté, le découplage installerait, peu ou prou, une distance avec la « matérialité » du sol. Une question se pose d’emblée. Au quotidien, comment gérer cette double mesure : droit à produire d’un côté, vigne attachée au sol de l’autre ? Ne créerait-on pas une « usine à gaz », complètement ingérable ? Plus profondément, la crainte diffuse qui s’exprime, c’est que le marché l’emporte sur la production. Sans lien au sol, qu’est-ce qui empêcherait à terme que le rendement soit totalement déconnecté de la réalité agronomique : et que l’on se dote d’un droit à produire équivalant à 50 hl AP ou, à l’inverse, de 0,2 hl AP ? « Ne resterait plus alors qu’un pas à franchir s’inquiète un viticulteur, pour que cette dématérialisation débouche sur une approche spéculative, où « celui qui vend beaucoup produit beaucoup et celui qui vend peu produit peu”. » Politique fiction sans doute ; diabolisation, à n’en pas douter mais peut-on empêcher les esprits de « gamberger » ?

Un responsable viticole en revient à une notion simple. « Le lien au sol, dit-il, garantit le lien à la qualité et à l’appellation. » Sa conviction : « Si l’on abandonne la régulation par la qualité, on est mort ! »

 

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